Des ministres qui mentent ou dissimulent la vérité, un Premier Ministre qui couvre tout, même quand les ministres en question le font passer pour un con en déclarant publiquement qu’ils trouvent ses propos absurdes… Tout cela dans un dossier dans lequel notre pays se singularise pour sa complicité avec un président accusé de génocide, de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre… Et le gouvernement qui continue à minimiser la gravité de l’affaire…

Théo, Charlot, Jan, Omar…

Durant deux jours, Francken a affirmé qu’il n’y avait aucun rapatriement de Soudanais prévu. Allant même jusqu’à contredire jeudi le Premier Ministre en affirmant, face aux caméras de VTM, qu’il était absurde « d’insinuer qu’il n’y aurait plus de rapatriements de ressortissants soudanais jusqu’à la fin janvier – comme l’avait pourtant annoncé Charles Michel mercredi soir – car aucun n’était prévu ».

Théo dissimule la vérité. Le Soir :

« Ce n’est qu’en cours de journée, mercredi (20/12), qu’il apprend que des vols sont bien prévus. Au moins un migrant aurait encore dû, en théorie, être renvoyé vers le Soudan le mois prochain. Plus précisément le 13 janvier. Et le secrétaire d’État le savait depuis mercredi après-midi par son cabinet. »

Des vols sont aussi prévus vers d’autres pays Européens desquels provenaient certains migrants soudanais. « À ce moment-là, j’ai décidé d’annuler les vols en attendant une enquête plus approfondie. » Malgré tout, Theo Francken a décidé de « maintenir la ligne de communication » du gouvernement dans le but de ne pas « donner le mauvais signal que des Soudanais ne seraient pas renvoyés ».  « Un petit mensonge pour la bonne cause » concède-t-il. De sorte que lorsqu’il a commenté les propos de Charles Michel au micro de la VTM, ce jeudi, il savait pertinemment que « des vols étaient prévus en premier lieu ». Des rafles au Parc Maximilien ont continué (notamment mercredi 20/12) et la pression au rapatriement demeure forte sur les Soudanais.

Jan ment devant le parlement. La Ligue des Droits de l’Homme et la presse publie des PV qui attestent de la véracité des rafles planifiées au Parc Maximilien avec des objectifs de nombres d’arrestations à opérer. Il avait nié, dès la révélation de ces informations par une source policière anonyme. Et son compère Francken avait exigé des excuses quand, à la mi-septembre, les Jeunes Ecolos avaient publié (censuré par Facebook) un montage photo lui taillant un costard de soldat allemand de 40-45. L’image parlait de « rafles planifiées, collectives, avec quotas, d’hommes, de femmes et d’enfants ». À la suite des opérations de police menées dans le quartier de la gare du Nord dans ce cadre, une centaine de ressortissants soudanais ont été envoyés dans des centres fermés. Des expulsions ont été décidées par l’Etat belge. Certains Soudanais concernés avaient, parait-il, « accepté » un rapatriement sur base volontaire mais, depuis leur retour au pays, ils déclarent avoir subi des tortures.

« Ils m’ont embarqué dans un bureau des services de renseignement et ils m’ont interrogé pendant des heures : pourquoi j’étais allé en Europe, ce que j’avais fait là-bas, qui j’avais rencontré […] Ils m’ont battu constamment. »
publié (le mercredi 20/12) par Het Lat Laatste Nieuws

Charlot accepte les (fausses) excuses de Francken

Theo Francken a fait ses excuses dans un tweet. Comprenons-nous bien : il a demandé « pardon » une nouvelle fois à son domestique qu’il avait un peu « engueulé » quelques heures plus tôt. Car dans cette affaire, quoique seulement Secrétaire d’Etat, c’est bien lui le patron, fixant la ligne du gouvernement, qui s’y tient. Des excuses toutes relatives d’ailleurs : quand il arrive à la réunion du Conseil des Ministres ce vendredi, une journaliste lui demande « Pourquoi vous vous êtes excusé ? ». Sa réponse est pleine d’un humour significatif « C’est Noël ». La réponse du Premier Larbin « Het is Kerstmis, c’est Noël. We werken verder ». L’affaire est close ?

Bien que Francken n’aie que le soutien de la NVA et du MR au sein du gouvernement, les autres partis de la majorité ne se risquent pas à réclamer sa démission. Il faut encore gagner un peu de temps, le Père Noël se chargera de la fin du scénario.

Omar el-Béchir

Ce scénario qui met l’accent sur le fait de savoir si Francken a menti et l’attente de ses « excuses » cache le véritable problème : pourquoi un gouvernement au complet a-t-il choisi d’expulser des réfugiés vers un pays dont les dirigeants sont poursuivis pour leurs atteintes aux droits humains ?

Notre camarade Daniel Tanuro écrit sur sa page FB :

« On apprend que l’union européenne a passé avec le Soudan un accord analogue à celui passé avec la Turquie, 40 millions d’euros ont été donnés à la dictature pour organiser des Rapid Support Forces chargées de verrouiller les frontières. Selon une ONG étasunienne, les RSF sont formées essentiellement sur base… des Janjawids(1)Le régime de Khartoum a utilisé des Janjawids (milices arabes) dans la guerre et les massacres contre les populations du Darfour., qui sont ainsi incorporés à l’appareil de répression officiel de Khartoum. On peut en déduire plusieurs choses. D’abord que Charlot disait peut-être la vérité (pour une fois) quand il affirmait que les expulsions de Soudanais et la collaboration avec le régime étaient conformes à ce que font les autres gouvernements en UE. Ensuite que l’UE ne montrera pas un excès de zèle à dénoncer la dictature, en particulier pour que son chef comparaisse devant la CPI. Enfin, que les crimes contre l’humanité commis au Darfour depuis quinze ans ne sont pas près d’être condamnés pour ce qu’ils sont, puisque l’UE finance désormais les criminels, devenus sous-traitants de ses propres gardes-frontières. »

C’est donc toute la politique migratoire et tout le gouvernement -ainsi que l’UE- qui sont en cause. Une politique criminelle vis-à-vis des migrants soudanais en transit qui s’ajoute au traitement inhumain de tous ceux qu’on vole, rafle, enferme depuis des mois au Parc Maximilien. Sans parler de la longue liste des méfaits de ce gouvernement qui construit des centres fermés et y enferme des innocents et des enfants ; qui ne respecte pas la Convention de Genève de 1951 en matière d’Asile ; qui condamne des dizaines de milliers de travailleurs sans-papiers à la précarité et à la clandestinité permanentes ; qui privatise la gestion des centres d’accueil, permettant à des firmes privées de faire du bénéfice sur la gestion de la misère ; qui ne respecte pas ses engagements de relocalisation des Syriens massacrés par Assad et Daech ; qui collabore et paie cher pour FRONTEX, véritable armée anti-migrants qui les pousse à emprunter des routes de moins en moins sûres pour échapper à leurs bourreaux… Plus de 33.000 d’entre eux sont morts en méditerranée depuis 2000 et combien d’autres dans les camps des marchands d’esclaves et des dictateurs ?

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