Nous publions ci-dessous le texte du tract distribué lors de la manifestation « Stop à la guerre menée par la Russie ! Paix pour l’Ukraine ! » ce samedi 25 février à Bruxelles.

Il y a un an, le gouvernement russe de Vladimir Poutine a lancé l’invasion à grande échelle de l’Ukraine, entraînant des massacres et des souffrances indescriptibles pour le peuple ukrainien. Des dizaines de milliers d’Ukrainien·ne·s ont été tué·e·s et des millions de civils ont dû se réfugier à l’étranger ou ont été déplacés à l’intérieur du pays. Les forces russes sont coupables de crimes de guerre, contraignant les Ukrainien·ne·s à vivre dans des conditions déplorables et dans l’angoisse permanente : destruction d’infrastructures énergétiques, d’hôpitaux, de bâtiments résidentiels… Des crimes contre l’humanité ont été documentés dans les zones occupées par l’armée russe : viols, torture, exécutions arbitraires, déportations…

Une guerre coloniale

L’invasion russe a pour but de transformer l’Ukraine en un satellite de Moscou et de s’emparer de ses ressources économiques : une aventure impérialiste qui n’est pas sans rappeler celles de l’impérialisme occidental. Poutine veut que l’Ukraine redevienne une colonie russe. Dans sa vision du monde, les grandes puissances sont les seules à disposer d’un droit à la souveraineté et peuvent exercer une domination coloniale sur les autres nations. Il nie l’existence des Ukrainien·ne·s en tant que peuple distinct doté d’une langue, d’une histoire et d’une culture propres. Le gouvernement de Vladimir Poutine a dans le même temps approfondi sa mutation en un régime d’extrême droite ultra-autoritaire, assumant l’absence de démocratie en son sein et reposant sur une idéologie patriarcale très forte.

Défaire l’agression pour garantir la paix

Heureusement, la population ukrainienne s’est massivement mobilisée pour rejeter ces plans d’annexion et défendre son indépendance. Nous soutenons cette résistance légitime. Nous sommes critiques de l’orientation néolibérale du gouvernement ukrainien et de sa volonté d’intégrer l’Union européenne et l’OTAN (un processus qui n’a été que renforcé par l’agression russe !) ; justement, l’indépendance nationale est une condition nécessaire pour que les Ukrainien·ne·s puissent lutter contre le néolibéralisme (et contre l’extrême droite, laquelle, contrairement aux affirmations orwelliennes de Poutine, n’est pas au pouvoir en Ukraine).

Nous soutenons donc en particulier la gauche, les mouvements féministes et syndicaux ukrainiens qui luttent à la fois contre l’invasion et contre les réformes néolibérales du gouvernement ukrainien, telles que les attaques contre le droit du travail. Ces mouvements, comme Sotsialnyi Rukh, sont le meilleur espoir pour que la reconstruction d’après-guerre soit basée sur la démocratie, la justice sociale et climatique. Nous sommes aussi solidaires de celles et ceux qui, en Russie et en Biélorussie, refusent la guerre et se battent contre les dictatures de Poutine et de Loukachenko malgré la répression féroce.

C’est du rapport de forces établi sur le terrain que dépendront de futures négociations pour une paix juste. Il serait illusoire de penser qu’un cessez-le-feu autour des lignes de front actuelles garantirait la paix : au contraire, il entérinerait l’annexion par la force d’une grande partie du territoire ukrainien. De plus, le gouvernement russe veut aller plus loin encore : ses objectifs affichés (volontairement flous) restent la « démilitarisation », la « dénazification » et la « décommunisation » de l’Ukraine dans son entièreté. Le retrait immédiat des forces d’occupation russes du territoire ukrainien est le préalable indispensable à l’autodétermination démocratique de toutes les populations d’Ukraine. Ce retrait dépend principalement de la capacité de l’Ukraine à résister avec succès à l’invasion.

Contre l’escalade inter-impérialiste

L’impérialisme occidental poursuit ses intérêts propres dans le conflit et ce n’est pas par altruisme ou pour préserver la démocratie qu’il soutient la résistance ukrainienne. Les États occidentaux mènent d’ailleurs leurs propres guerres impérialistes dans d’autres régions du monde et soutiennent, par exemple, le colonialisme de l’État d’Israël ou le régime réactionnaire d’Arabie saoudite, qui mène la guerre au Yémen. Si l’urgence est de défaire l’agression de la Russie, nous devons déjà penser aux luttes futures : l’UE et les États-Unis chercheront à exploiter l’Ukraine en tant qu’État périphérique européen. Là encore, la solidarité avec les organisations de gauche, féministes et syndicales en Ukraine permet de préparer ces combats. De plus, nous exigeons de nos propres gouvernements qu’ils annulent la dette de l’Ukraine afin de l’aider réellement dans sa résistance et sa reconstruction, sans quoi son remboursement pèsera sur ses ressources disponibles au seul bénéfice de l’enrichissement de ses créanciers occidentaux.

La situation comporte évidemment des risques pour la paix mondiale. Il y a un risque que l’opposition entre l’impérialisme occidental et l’impérialisme russe dégénère en un affrontement direct entre puissances nucléaires. L’OTAN profite de l’invasion russe pour se renforcer et se réarmer, après plusieurs décennies d’échecs militaires dans la prétendue « guerre contre le terrorisme ». L’OTAN s’élargit (avec l’intégration prochaine de la Finlande et de la Suède) et ses États membres ont drastiquement augmenté leurs budgets militaires. L’OTAN n’est pas une force d’appui pour la démocratie, mais le bras armé de la domination impérialiste occidentale qui s’exerce notamment par les investissements de capitaux et le commerce mondial.

Si l’Ukraine a tout droit aux armes pour se défendre face à l’invasion, cela ne saurait en aucun cas être un prétexte à une participation directe de l’OTAN au conflit, ni à un réarmement de ses États membres pour préparer de futures guerres. Au contraire, nous demandons un désarmement mondial, à commencer par l’abolition des armes nucléaires, et la dissolution des alliances militaires que sont l’OTAN en Occident et l’Organisation du Traité de Sécurité collective (OTSC) autour de la Russie et de ses alliés.

Cependant, les intérêts de l’OTAN ne doivent en aucun cas empêcher les internationalistes de soutenir la population ukrainienne et sa résistance contre l’invasion de son pays. Les Ukrainien·ne·s n’ont pas commencé cette guerre et n’ont pas d’autre choix que de résister militairement contre l’armée russe. Dans ce contexte, un simple appel à la paix sans demander le retrait immédiat des troupes russes d’Ukraine reviendrait à demander aux Ukrainien·ne·s d’être des victimes passives des violences et de la colonisation par la Russie. À l’inverse, nous soutenons le droit des populations d’Ukraine à l’autodétermination, laquelle passe par la libération du joug colonial russe.

Solidarité avec la résistance du peuple ukrainien contre l’invasion russe !

Retrait immédiat des troupes russes d’Ukraine et arrêt immédiat des bombardements russes !


Photo : Gauche anticapitaliste / CC BY-NC-SA 4.0

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