Le terme « LGBT » (Lesbiennes, Gays, Bisexuel.le.s et Trans) est globalement connu de tou.te.s. Néanmoins, l’acronyme souffre de deux défauts majeurs :

1. Il n’est pas complet : en effet, les lettres de l’acronyme ne mentionnent que trois orientations sexuelles bien précises (en plus du terme Trans, lui-même relativement inclusif). Ainsi, les pansexuel.le.s, les asexuel.le.s, les personnes polyamoureuses ou intersexuées n’apparaissent pas dans ce sigle alors que tou.te.s ces oublié.e.s font communément partie des mêmes cercles militants et sont tout aussi opprimées par la même idéologie.

2. La solution au problème posé par le premier pourrait sembler facile à résoudre : il suffit pour cela de rajouter des lettres à LGBT pour inclure tout le monde. C’est ce qui nous amène au deuxième problème : pour garder la nomenclature LGBT, il est donc nécessaire d’ajouter des « wagons » au sigle : avec des variantes comme LGTBQI, LGBTQIPA, LGBTQIPA ou encore LGBTQQIAAP. Pas besoin d’être poète pour trouver ça vite moche et lourdingue, d’autant que le nombre de lettres risque de renforcer l’ambiguïté de chaque lettre : le « A » signifie-t-il agenre ? Asexuel.le ? Allié.e ?

Pour régler ces deux problèmes, les Jeunes Anticapitalistes (JAC) vont s’employer à utiliser un autre terme qui soit justement plus exhaustif, plus prononçable et plus joli.

Ce terme que nous vous proposons, c’est MOGAI.
MOGAI signifiant Marginalized Orientations, Gender identities, Asexuals and Intersex, ou, en français Orientations et identités de Genres Marginalisé.e.s, Asexuel.le.s et personnes Intersexes.

Il est néanmoins nécessaire de préciser un peu la teneur de chaque terme histoire de ne perdre personne.

M

Tout d’abord, penchons-nous sur la notion de « marginalisé.e.s. »
Aujourd’hui, dans la société, on s’attend à ce que tout le monde soit hétéro, naisse avec des organes génitaux non-ambigus, se mette en couple et se conforme au genre qui lui a été assigné.e à la naissance. Quiconque sort de cette attente est marginalisé.e : ielle n’est pas « normal.e » (dans le sens où elle ne suit pas la norme) et subit des discriminations à de nombreux niveaux et à de nombreuses intensités. Les agressions, les insultes et le traitement inégal face à la loi sont la face visible de l’iceberg mais d’autres problèmes, plus discrets et plus fréquents, peuvent arriver.

Néanmoins, il est hors de question de mettre sur le même pied la marginalisation que subit une lesbienne et celle que subit un violeur/pédophile : dans le premier cas, le consentement éclairé est respecté et pas dans le second. Si le violeur/pédophile est marginalisé, c’est d’abord par la souffrance qu’il cause et pas parce qu’il sort de la norme. Cette étiquette ne couvre en aucun cas des pratiques qui iraient à l’encontre de la liberté et du bien-être de chacun.e des participant.e.s à une relation romantique et/ou sexuelle.

O

Ensuite, le terme « orientations » désigne l’attirance sexuelle et/ou romantique envers une certaine catégorie de personnes. Ainsi, un homme homosexuel a une attirance (plus ou moins exclusive) pour les autres hommes. Une personne bisexuelle peut être attirée par des hommes comme des femmes. La pansexualité consiste à ne pas prendre la question du genre en compte pour ce qui est de l’attirance. Le polyamour (à ne pas confondre avec l’adultère) consiste à considérer qu’une relation amoureuse peut dépasser la limite de deux personnes pour aller au-delà.

G

Ensuite viennent les termes « d’identité de genre. » Il faut partir de l’idée que la société nous impose un rôle social à travers le prisme du genre, généralement en se basant grossièrement sur la forme que prennent les organes génitaux visibles à la naissance. Toute personne dont l’identité de genre ne correspond pas au genre assigné à la naissance rentre dans la case des « identités de genre marginalisées » et est, par extension, transgenre.
Par exemple, une personne mise dans la case « garçon » à la naissance pourra très bien s’identifier « fille ». De même, une personne assignée « fille » pourra très bien ne pas se reconnaître dans cette étiquette et refuser de s’en apposer une.
De la même manière, une personne dont l’identité de genre correspond au sexe assigné à sa naissance sera cisgenre.

A

“L’asexualité”, et par extension l’aromantisme désignent respectivement le fait de ne pas ressentir d’attirance sexuelle ou romantique. En effet, la société considère que les relations sexuelles et/ou romantiques sont indispensables au bonheur de quelqu’un.e et que le sexe plaît à tout le monde : les “A” veulent faire reconnaître qu’il est possible de ne pas être attiré par ces pratiques, comme il n’est pas du goût de tout le monde de jouer au football ou d’aller à la pêche.

I

Enfin, le terme « personne intersexuée » désigne les personnes dont le sexe (qu’il soit génital, chromosomique ou hormonal) est tel « qu’il est difficile voire impossible de lui attribuer un sexe binaire (mâle/femelle) de façon catégorique, ses organes génitaux étant atypiques », ce qui représente environ 4% de la population et près de 50 variations répertoriées.1,2,3 Il est donc important de comprendre que le “sexe”, loin d’être un concept finement coupé en deux, correspond davantage à un continuum où de nombreuses incohérences avec le système binaire “mâle/femelle” arrivent régulièrement.
Ainsi, il y a des personnes dotées d’un pénis qui portent pourtant une paire de chromosomes XX, des personnes dotées d’un vagin avec des testicules internes, des personnes XX qui produisent beaucoup de testostérone, …
Contrairement à certaines personnes qui pensent qu’il n’y a que deux sexes, XX et XY correspondant à mâle et femelle, la nature nous rappelle que les exceptions existent tout autour de nous et que nos classements biologiques, construits socialement, ont des limites.

Ainsi, l’acronyme MOGAI recoupe toutes ces réalités en ayant une définition large qui permette d’embrasser la diversité des situations humaines et a l’avantage d’être plus court, plus prononçable et plus inclusif que “LGBT” et ses corollaires.

https://www.genrespluriels.be/Definition-des-Intersexes
2 Preves, Sharon E. Intersex and Identity: The Contested Self. New Brunswick, NJ: Rutgers UP, 2003. Print. page 2.
http://sexes.blogs.liberation.fr/2013/06/19/il-nexiste-pas-2-sexes-male-et-femelle-mais-48/

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