En 2010, Eléonore Pourriat tournait son génial court-métrage « Majorité opprimée ». Une fois postée sur Youtube, il fit le buzz ! Et pour cause :

Dans un monde parallèle, Pierre, son héros dépose son bébé chez un assistant paternel, regarde passer des joggeuses seins nus, se fait siffler dans la rue, est critiqué pour sa tenue trop dénudée par son épouse,…

À ce jour, le court-métrage totalise… 15 millions de vues !

 « Je crois que s’il a eu autant de succès, c’est parce que toutes les femmes y reconnaissent des situations familières, et que beaucoup d’hommes ont découvert une autre perspective que la leur. »

En 2014, Netflix la contacte et lui propose de transformer Majorité opprimée en un long métrage

Si le scénario semble caricatural à première vue, il n’en est rien, car on s’aperçoit rapidement qu’il s’agit du reflet assez précis de ce que vivent au quotidien toutes les femmes. Le film ne peut que faire se rendre compte à ses téléspectateurs que toutes les situations vécues par les personnages du film sont absurdes et infernales…pourquoi donc accepter de les vivre ? Pourquoi donc les faire subir ?

Dans son long-métrage, Eléonore Pourriat met en scène Damien, quadra dragueur et misogyne qui se retrouve propulsé dans une société matriarcale à la suite d’un bête accident. Damien, stupéfait, mais rapidement résigné, n’a d’autre choix dans un premier temps que de s’adapter à cet univers étrange où les hommes portent des mini shorts pour aller travailler, sont contraints de s’épiler torses façon « ticket de métro » et jambes entières, sous peine de dégoûter la plupart des femmes ; un univers où les hommes voilés sont stigmatisés.

Rapidement, le héros prend conscience de ces injonctions contraignantes et injustes, rejoint un collectif militant et devient « masculiste ». Ridiculisé et peu crédible aux yeux de cet univers matriacal, il passe pour un gentil extrémiste, jamais pris au sérieux. Les scènes cocasses de harcèlement de rue laissent place peu à peu à une situation plus sombre, plus dramatique.

Sans vous dévoiler l’intrigue, le film ne tombe pas dans le piège de la comédie romantique, ni du happy end, il offre au contraire une note de fin intelligente et subtile qui laissera une sensation douce-amère à ses spectateurs.

Dans cet univers tout aussi déséquilibré entre les genres, qui n’a finalement rien à envier à l’autre, la réalisatrice pose une question : ne pourrait-il pas y avoir une troisième voie ?

Je ne suis pas un homme facile / Eleonore Pourriat, 2018. Disponible sur Netflix.

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