Nous publions ci-dessous la version longue du tract que nous distribuerons lors de la Pride bruxelloise et européenne, qui aura lieu le samedi 17 mai, au départ du Mont des Arts. Le tract est également téléchargeable en version courte au format PDF en cliquant ici.

Bain de sang social contre les LGBTI+

Le gouvernement Arizona et ses homologues régionaux organisent une véritable boucherie sociale et les personnes LGBTI+ seront parmi les premières impactées par les mesures austéritaires ! Au niveau fédéral, c’est presque 22 milliards d’euros qui vont nous être arrachés.

Après un bilan de la Vivaldi essentiellement symbolique et non accompagné de budgets suffisants malgré quelques mesures concrètes (la fin des thérapies de conversion, la fin des mutilations des enfants intersexes), la précarité reste forte et aucune des racines matérielles des difficultés rencontrées par les personnes LGBTI+ n’a été éliminée.

Les attaques contre le droit au chômage et les CPAS n’ont rien d’anodin pour notre communauté quand nous savons à quel point les personnes transgenres sont surreprésentées dans les statistiques du chômage. De la même manière, s’attaquer aux CPAS, c’est mettre en danger les jeunes LGBTI+ ne pouvant pas compter sur leur famille pour avoir la moindre aide matérielle, précarité accentuée par la limitation des allocations d’insertion à un an ! L’offensive contre le monde médical (avec le flicage des médecins qui mettraient “trop” de certificats) met aussi en danger les personnes LGBTI+ qui sont en moins bonne santé, notamment avec plus de problèmes d’addiction et de santé mentale.

L’associatif n’est pas épargné non plus dans ce dépeçage en règle : suppression de subventions, gel voire suppression pure et simple de l’indexation des subventions de plusieurs dispositifs réglementaires, baisses de financement atteignant jusqu’à 25 % dans certains secteurs, réduction de la déductibilité fiscale des dons aux ASBL, etc. Les personnes LGBTI+ dépendent fortement de la vie associative pour socialiser et avoir accès à certains mécanismes de solidarité littéralement vitaux, on comprend bien les effets extrêmement négatifs sur notre communauté de ces attaques.

L’Arizona déteste aussi la lutte contre les discriminations, puisqu’elle coupe un quart des subsides d’UNIA, organe de lutte contre les discriminations : c’est la même logique d’austérité qui est à l’œuvre et qui touche forcément les plus précaires.

Des transphobes au gouvernement

À un mois de la Pride, le ministre de l’intérieur MR Bernard Quintin débarque avec une proposition d’optionnalité de l’enregistrement du genre sur la carte d’identité. Une mesure qui risque de créer deux régimes d’enregistrement qui mettrait les LGBTI+ en danger au sein de pays LGBTI+phobes, et qui est complètement en décalage avec les consultations faites avec le secteur associatif. De son côté, Vooruit surfe également sur le mois des Fiertés en proposant la constitutionnalisation du mariage homosexuel, ce que personne n’avait demandé. Les homos exclu·es du chômage par l’Arizona lui seront probablement reconnaissant·es pour ce bel exercice de pinkwashing ! L’Arizona n’a aucune volonté de se concerter avec qui que ce soit, le monde du travail comme la communauté LGBTI+.

Certains de ces partis contribuent même avec enthousiasme à la dégradation de la santé mentale des personnes LGBTI+, comme la N-VA et le MR qui mettent des personnes clairement LGBTI+phobes à des postes de ministres et défendent leurs sorties haineuses. On n’oubliera pas la promotion du pamphlet transphobe “Transmania” par David Clarinval, vice-premier ministre, qui sera défendu à l’époque par un Georges-Louis Bouchez qui assimilait alors les critiques de son protégé à du nazisme, purement et simplement. Sans parler du Premier Ministre De Wever et de son sbire Francken (qui écrivait en 2007 : « Le mouvement arc-en-ciel a tout gagné (…) Que veulent-ils de plus? »), dont la campagne électorale de 2024 basée sur « l’antiwokisme » contribue clairement à l’aggravation d’un climat déjà dangereux pour les LGBTI+.

Nous l’avons défendu des années durant : la N-VA n’a pas sa place à la Pride et aujourd’hui, le MR a lui aussi clairement franchi certaines lignes rouges de la discrimination LGBTI+phobe, récemment en collaborant sur la question de l’EVRAS avec l’institut Thomas More (financé par le milliardaire français Pierre-Edouard Stérin, architecte du plan PERICLES dont l’objectif est de faire advenir une alliance gouvernementale de la droite et de l’extrême-droite).

Nous ne célébrerons rien avec nos bourreaux ! La Pride DOIT expulser ces partis du cortège.

Solidarité contre l’internationale réactionnaire

L’actualité internationale est plus qu’inquiétante, tant la recrudescence des attaques LGBTI+phobes est forte tout autour du globe : Russie, USA, Hongrie, Géorgie, Afghanistan, Iran, Royaume-Uni, Brésil, … Récemment, la décision de la Cour Suprême britannique, qui fait reposer la définition d’une femme sur la seule biologie (excluant également les femmes intersexes), crée un dangereux précédent dont les transphobes s’empareront pour justifier les exclusions des femmes trans, par exemple des dispositifs de soutien aux femmes, notamment les violences sexistes et sexuelles.

Nous sommes solidaires de nos adelphes partout et seule l’ouverture des frontières permettra de les accueillir dans la dignité sans avoir à violer l’intimité de qui que ce soit pour savoir s’iel est “vraiment” queer. Pour rappel, une personne qui reste au placard dans son pays d’origine est une personne qui ne peut prouver qu’elle est en danger selon le Commissariat général aux réfugiés et aux apatrides (CGRA).

L’Arizona, avec ses politiques anti-migrant·es, va dans la direction inverse en sortant encore plus explicitement le statut de réfugié·e de l’état de droit : la Vivaldi s’était déjà illustrée par son refus à appliquer les décisions de justice concernant ce statut, l’Arizona vient maintenant réduire fortement les recours judiciaires possibles. Limiter le droit d’asile à une époque de montée des guerres, des génocides et du fascisme, c’est être complice de la brutalité qui touchera les personnes LGBTI+ qui seront dans les premières lignes.

En même temps, la Belgique jouit d’une réputation de paradis pour les LGBTI+ : ce n’est vrai qu’en théorie (les “classements” se basent sur la législation, non sur les faits) et en comparant à la situation catastrophique des personnes queers à travers le globe. Derrière les premières places dans les classements internationaux se cachent l’augmentation des discriminations LGBTI+phobes, les hauts taux de suicide et la précarité. Nous ne sommes pas dupes des états qui jouent aux bons élèves avec une stratégie de pinkwashing tout en étant indifférents à notre sort ou au respect des droits humains les plus élémentaires, que ce soit en Belgique, aux Pays-Bas ou en Israël.

Face à une situation aussi catastrophique au plan national et international, une seule solution : s’organiser !

Résistance unie contre l’Arizona

Le mouvement LGBTI+ en Belgique s’illusionne encore trop sur des relais politiques au gouvernement : face à l’Arizona, aucune concertation n’est envisageable et le mouvement LGBTI+ doit former un front de résistance et mobiliser ses militant·es au-delà de la seule entraide matérielle. Nous défendons la nécessité de construire un mouvement LGBTI+ massif, autonome et international, qui s’allie aux autres mouvements sociaux pour imposer un véritable rapport de force, seul à même d’aboutir à la libération de toutes les personnes LGBTI+ ! Notre nombre n’est pas à notre avantage, il est donc nécessaire d’unir les différentes communautés queers derrière une grande bannière sans pour autant chercher à dissimuler les différences entre nous.

Face à l’Arizona, un important mouvement de contestation prend forme depuis plusieurs mois. Si le plan d’action syndical échoue encore à trouver le chemin de la victoire, il est crucial de continuer à l’amplifier, pour dégager le gouvernement De Wever/Bouchez. En s’en prenant à tout le monde, la coalition fédérale ouvre une brèche pour une riposte collective des opprimé·es et des exploité·es. Alors que la droite et l’extrême-droite accélèrent leurs attaques contre les LGBTI+, notre place est au cœur de cette lutte, pour faire valoir nos revendications, et contribuer à la construction d’un front uni des résistances contre la guerre sociale organisée par les capitalistes.

Le retour en force de l’extrême-droite sur le globe doit nous mettre en alerte maximale : face à la N-VA, au MR et au Vlaams Belang, le pire est possible et il faut nous tenir prêt·es face aux attaques présentes et futures. L’Arizona ne cédera rien, sa légitimité démocratique ne repose que sur le mensonge et il faudra lutter jusqu’à sa chute.

Face à ces attaques sociales qui touchent les LGBTI+ de plein fouet, nous défendons :

  • Un logement pour tous·tes ! Réquisition des logements vides, plus de logements sociaux et de refuges;
  • La fin du statut de cohabitant·e qui précarise les personnes LGBTI+, et l’individualisation des droits sociaux;
  • L’égalité pour le don de sang pour les hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes (HSH) : pour l’instant, les HSH doivent être abstinents pendant 4 mois là où les autres n’ont pas cette restriction;
  • Des investissements massifs dans le secteur de la santé et la sécurité sociale, notamment pour rembourser les soins spécifiques des personnes LGBTI+;
  • La reconnaissance immédiate du droit d’asile aux personnes LGBTI+ et la régularisation de toutes les personnes sans-papiers;
  • La fin de la répression policière et de l’instrumentalisation de nos luttes à des fins racistes par la droite et l’extrême-droite;
  • Le développement de politiques publiques d’éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle (EVRAS), non cishétéro-centré, obligatoire à l’école, avec les moyens nécessaires, par divers centres et associations pluriels de promotion des droits sexuels et reproductifs et anti-violences;
  • Un véritable plan d’action syndical, crescendo, discuté de la base au sommet, vers une vraie grève générale au finish, avec pour objectif la chute du gouvernement !