Tout au long du mois de juin, des centaines de milliers de personnes ont manifesté, dans des centaines de villes et villages, contre le meurtre de George Floyd assassiné par la police de Minneapolis. Ont aussi eu lieu des marches des Fiertés LGBTQ qui ont soutenu les manifestations contre le racisme. De grandes marches des Fiertés noire se sont déroulées à New York, Los Angeles et dans d’autres villes ; certaines pour les personnes trans noires qui sont souvent victimes de violences policières. De nombreux membres du mouvement LBGTQ ont souligné les origines communes des deux mouvements de défense des droits civiques – des Noirs et des LGBTQ – dans la résistance à la discrimination et aux violences policières.

Retour aux racines du mouvement LGBTQ

Les bannières arc-en-ciel ont flotté cette année au milieu de pancartes contre les budgets de la police. Les marches des Fiertés ont commencé en juin 1970, mais au fil des ans, à mesure que le mouvement LGBTQ gagnait en succès, les entreprises ont commencé à parrainer les marches, qui coopéraient souvent avec la police. Cette année, des porte-parole LGBTQ ont parlé de rompre avec le parrainage d’entreprises et de revenir aux racines d’un mouvement qui a commencé avec une série d’émeutes spontanées contre un raid de la police qui a eu lieu dans la nuit du 28 juin 1969 à New York, au Stonewall Inn, un bar qui accueillait les personnes LGBT.

Alors que les manifestations contre l’injustice raciale ont largement diminué, de nombreux et nombreuses militantEs se sont mobilisés pour le retrait des statues des généraux et des politiciens de la Confédération, qui regroupait les États qui avaient fait sécession pour maintenir l’esclavage pendant la guerre civile. Sous la pression, de nombreuses statues ont été abattues par les gouvernements des État ou les autorités locales, ou alors détruites par des manifestants. En réponse, Trump a signé un décret exécutif pour protéger les monuments, soulignant que ceux qui les détruisent pourraient être condamnés à dix ans de prison.

L’épidémie est toujours là

Tout cela se déroule au milieu de la pandémie et de la crise économique persistantes. Les États-Unis ont subi, au 28 juin, 125 000 décès liés au COVID-19 et des dizaines de millions de personnes sont toujours au chômage. Après trois mois d’un confinement national plus ou moins strict de mars à mai, le président Donald Trump et les gouverneurs républicains de plusieurs États de la « Sun Belt » (ceinture de soleil), arguant que la pandémie était presque terminée, se sont précipités pour rouvrir l’économie, entraînant une résurgence du virus. Le Texas et la Floride et de nombreux comtés de Californie ont été forcés de se confiner à nouveau, tandis que huit autres États ont suspendu leurs réouvertures.

Dans le même temps, Trump a demandé à la Cour suprême d’annuler la Loi sur les soins abordables (ACA), connue sous le nom d’Obamacare, ce qui laisserait 23 millions d’AméricainEs sans assurance maladie. Parce que la plupart des AméricainEs obtiennent leur assurance maladie par le biais de leurs employeurs, la crise économique a déjà privé des millions de personnes de leur couverture maladie et 450 000 se sont retournées vers l’ACA depuis le début de la crise. Alors que l’assurance maladie dans le cadre de  l’Obamacare reste entre les mains du secteur privé et à but lucratif, Trump et les Républicains soutiennent que c’est une première étape vers le contrôle du gouvernement et le socialisme.

Crise économique

Le Cares Act (Coronavirus Aid, Relief, and Economic Security Act), signé le 27 mars, qui accorde aux chômeurs 600 dollars de plus par semaine en prestations de chômage prendra fin le 26 juillet, bien que des dizaines de millions de personnes restent au chômage et que l’économie devrait, selon le Fonds monétaire international, reculer de 8%. Cela laisserait la plupart des chômeurEs avec une allocation moyenne de seulement 378 dollars par semaine, ce qui n’est pas suffisant pour la plupart des travailleurEs. Les Républicains se sont opposés à une prolongation du supplément de prestations chômage au motif qu’il inciterait les travailleurEs à rester à la maison plutôt que de retourner au travail. De nombreux et nombreuses travailleurEs sont en fait forcés de travailler ou craignent d’y retourner au travail tant que la pandémie persiste.

Avec la pandémie et la dépression économique qui se poursuivent, et le mouvement contre le racisme qui a déplacé vers la gauche l’opinion US sur cette question, le soutien à Donald Trump s’est considérablement érodé. Dans six États clés contestés [le rapport de forces entre Démocrates et Républicains y est incertain-NDLR] – le Michigan, le Wisconsin, la Pennsylvanie, la Floride, l’Arizona et la Caroline du Nord – Biden mène désormais avec une avance de 7 à 11 points. Le soutien de Trump s’est érodé parmi les électeurs âgés, parmi ceux qui n’ont pas de diplôme universitaire et, dans certains États, parmi les électeurs blancs. Trump semble donc susceptible de perdre… mais il reste plusieurs mois avant les élections.

Traduction Henri Wilno pour le site du NPA.

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