Déclaration du Parti Socialiste des Travailleurs d’Algérie, section de la IVème Internationale en Algérie et organisation sœur de la Gauche anticapitaliste.


1.    La pandémie de la COVID 19 a mis à nu la politique de marchandisation de la santé humaine au niveau mondiale en général et en Algérie en particulier. Les politiques libérales du système de santé ont conduit au démantèlement des programmes de santé, basés sur la prévention, et la mise en place d’un système centré sur la santé individuelle, qui rapporte plus. La santé est devenue une marchandise entre les mains des multinationales et du capitalisme mondial à l’image de la gestion des vaccins qui engraissent les multinationales et des politiques de confinement qui protègent les productions des marchandises, non essentielles, au détriment de la santé des travailleurs et de leurs familles.

2.      En Algérie, la faillite actuelle dans la gestion d’une pandémie est le résultat des différentes restructurations/privatisations du système de santé. Ces réformes ont affaibli les établissements de santé public en terme de moyens, d’équipements et de personnel. Elles ont favorisé l’émergence d’un secteur privé parasite, qui échappe à tout contrôle, et ont introduit une santé à deux vitesses : l’une pour les riches et l’autre, sans moyens, pour la population. Aujourd’hui, Le manque d’oxygène dans nos hôpitaux est le résultat de la privatisation des unités de production dont la finalité n’est pas le bien être du citoyen, mais le gain financier.

3.      Les velléités d’une politique souverainiste, adoptée par le pouvoir lors de la première vague de la pandémie, est rapidement abandonné alors qu’arrivaient les vagues suivantes. Rappelé à l’ordre par le FMI et rattrapé par les conséquences de ses choix économiques, le pouvoir en déficit de légitimité a vite retiré les mesures socio-économiques édictées dans un premier temps pour se contenter d’un traitement pénal et une gestion sécuritaire de la crise sanitaire accompagné d’un discours d’autosatisfaction. Malgré l’expérience de la première vague, le pouvoir ne s’est pas préparé et n’a pas anticipé l’éminence d’une catastrophe.

4.      Non seulement aucune préparation n’a été entreprise depuis 2020 mais pire encore aucune prise en charge n’est décidée pour la population affectée et les 500 000 travailleurs qui ont officiellement perdus leurs revenus. Le statut de maladie professionnelle de la covid-19 n’est pas reconnue aux travailleurs alors que des séquelles liées à cette infection peuvent durer longtemps. Pire, l’Etat s’est désengagé au profit de la prédation du privé à l’image de la non prise en charge des frais liés à la pandémie : Radiologie, Bilans, test PCR et les traitements médicaux, qui, à eux seuls représentent plus que le SNMG ; même les remboursements à 50% ont été suspendu le 30 juin par la CNAS (fin de la pandémie ?). La propagande officielle sur la prétendue santé gratuite est battue en brèche par le désengagement de l’état dans le service public de la santé et particulièrement dans la prise en charge des malades covidés.

5.    Cette pandémie a été utilisée pour promulguer des lois liberticides, opérer des arrestations arbitraires des activistes du Hirak… et porter une atteinte sans précédent aux libertés d’opinion. Elle a été mise à profit par des patrons publics et privés pour réduire au chômage des centaines de milliers de travailleurs (secteur du bâtiment, GB, licenciements Numilog, SAMHA BRANDT, …).

6.      L’élan de solidarité de la population pour venir en aide à l’hôpital public est louable. Il témoigne de l’attachement profond au service public et à un système de soin gratuit et de qualité pour tous. Cette dynamique vient pointer du doigt la faillite de l’Etat en matière de santé publique. L’appauvrissement du système de soin mis à nu par les campagnes de collecte d’argent organisées par des associations au profit de malades qui ont besoin d’être transférer à l’étranger vient de révéler son extrême fragilité à l’échelle de masse avec les pénuries d’oxygène qui transforme les hôpitaux en mouroirs. Ces initiatives citoyennes qui peuvent être salutaires dans l’urgence ne doivent pas être exploitées pour accentuer le désengagement de l’Etat en matière de santé publique. Les appels aux « patrons bienfaiteurs » ne font que renforcer le désengagement de l’état et préparent le terrain à une privatisation du service public de la santé.

7.     Le confinement, même s’il permet de rompre la chaine de transmission, n’est humainement acceptable que si les conditions de vie des masses populaires sont garanties (revenu pour tous les confiné(e)s). Une autre politique de gestion est possible, elle est basée sur la gratuité à large échelle des masques et du gel, de la gratuité totale de tous les examens (Scanner, tests…), analyses médicales et médicaments pour encourager le dépistage et encourager la prise en charge précoce des covidé(e)s. La réquisition immédiate des cliniques privées, cabinets de radiologie et des laboratoires au profit de la population est une urgence pour faire face à la catastrophe sanitaire. 

8.   La gestion sécuritaire de la crise sanitaire a pour but le musèlement de nos libertés dans un moment d’aggravations de la misère sociale conséquente des politiques libérales prédatrice du pouvoir et des patrons. Face aux attaques de nos acquis démocratiques et sociaux, le dénigrement des mobilisations et autres protestations, nous répondons que nous ne disposons que de la protestation dans la rue, dans le respect des mesures sanitaires, pour nous défendre !

9.   Nous devons unir nos efforts avec tous ceux qui, à travers le monde, revendiquent le versement du brevet des vaccins dans le domaine public et permettre à l’humanité d’en bénéficier de manière équitable et urgente. Nos vies valent plus que leurs profits !

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