En 2020, elles et ils faisaient partie des “essentiel.le.s” qui ont fait en sorte, au péril de leur santé, que chacun.e puisse s’alimenter. Le 7 mars 2023, la direction du groupe Delhaize a annoncé son intention de transformer ses 128 magasins intégrés en franchisés. Depuis, pour les 9.200 travailleur.ses de ces magasins, c’est la colère qui domine face à une direction inflexible et déterminée dans son projet de démolition sociale. Une colère juste et légitime.

Des patrons et actionnaires voraces et agressifs

Delhaize fait pourtant des bénéfices confortables, rémunère généreusement ses actionnaires et augmente les salaires de ses patrons. Depuis 2016, l’entreprise fait partie du géant Ahold Delhaize, présent en Europe, en Asie, aux USA et actif dans l’e-commerce avec le site « bol.com ». Le groupe a enregistré un revenu de 87 milliards € en 2022 et un bénéfice d’exploitation de 3,73 milliards € la même année, en hausse de 12% par rapport à 2021 ! Une entreprise encensée dans la presse financière car elle remplit les poches des actionnaires. Pareil pour le CEO : Frans Muller a augmenté son salaire de 30% en 2 ans, pour atteindre 6,5 millions € par an, soit 2000 euros de l’heure. Mais l’ogre en veut toujours plus.

Une attaque frontale avec préméditation

La direction du groupe voudrait briser les travailleur.ses et leurs délégations syndicales des magasins intégrés. Le passage à la franchise, c’est travailler plus pour gagner moins. Mais c’est aussi faire exploser la structure vers des plus petits magasins avec moins de travailleur.se.s, où, en cas de changement de commission paritaire, le droit du travail est moins favorable et le droit de construire une délégation syndicale n’existe pas. Delhaize suit et est suivi par la fédération patronale COMEOS : « dans les magasins franchisés, les syndicats n’ont plus de pouvoir ». Atomiser les travailleur.se.s, leur voler une grande partie de leur revenu (on parle de 25% de différence salariale) et en jeter des milliers dehors, voilà le projet.

Tout.e.s les travailleur.ses du groupe sont frappé.e.s. Au siège de Delhaize, dans les fonctions de support, la direction annonce 128 pertes d’emploi. Là encore, la perfidie du patronat est à l’œuvre : le licenciement va s’étaler sur plus de deux mois, permettant au groupe d’échapper au garde-fou de la loi Renault. Pour les ouvriers des dépôts intégrés aussi, une franchisation s’accompagnerait d’une pression supplémentaire à la flexibilité et à la baisse des coûts, donc à la détérioration des conditions de travail et de rémunération. Pour les client.e.s, la franchisation signifiera (encore) la hausse des prix. L’anarchie de la concurrence capitaliste pour le profit maximum, où des enseignes multiplient leurs implantations et tirent les conditions de travail vers le bas, nous rappelle la nécessité à terme de faire de la grande distribution, ce secteur essentiel, un secteur socialisé, par la propriété collective et le contrôle démocratique.

Une bataille majeure pour l’ensemble de la classe travailleuse

La bataille de Delhaize nous concerne tout.e.s. La violence de l’attaque contre des milliers de travailleur.se.s et leurs proches, dans une entreprise avec une longue histoire syndicale, a une signification au-delà de Delhaize : l’ensemble du secteur commerce est visé, après un plan similaire chez Mestdagh tout récemment. Au-delà, il s’agit d’empêcher la précarisation comme modèle généralisé en Belgique et la destruction du contre-pouvoir collectif des travailleur.se.s : la présence syndicale. Cette précarisation concerne, une fois encore, un secteur où beaucoup de femmes (à temps partiel) et de jeunes travaillent. Côté politique, le MR ment… et PS et Ecolo, qui refusent d’affronter réellement l’arbitraire patronal, gesticulent et tentent de formuler de timides propositions de loi (que le Parlement ne validera de toute façon pas). La lutte est notre seule arme fiable.

Le mépris patronal, incarné tant par l’utilisation de gardiens de sécurité lors des réunions avec les délégué.e.s que par les menaces et rumeurs de certains cadres, montre que seule une riposte déterminée et soutenue largement leur fera ravaler leur arrogance. La résistance des travailleur.se.s est exemplaire. Des témoignages de solidarité se multiplient, une pétition a déjà dépassé les 50000 signatures ! C’est la voie qu’il faut suivre, en promouvant au maximum l’action directe et des assemblées larges des grévistes. Pour tenir sur la durée, nous devons tou.te.s, travailleur.se.s du commerce ou d’autres secteurs, pensionné.e.s et étudiant.e.s, soutenir la lutte chez Delhaize, par des motions de soutien, des déclarations concrètes de solidarité sur les piquets (devant les magasins et les dépôts) et dans les assemblées du personnel (dans les magasins ou en dehors), du soutien financier aux travailleur.se.s ou d’autres initiatives !

Un autre futur est possible. Celui-ci passe par :

  • Le retrait immédiat du plan de la direction de Delhaize : non à la franchisation des magasins intégrés !
  • L’harmonisation par le haut des commissions paritaires (intégrés et franchisés) afin de mettre un terme au dumping social et au shopping des patrons
  • La hausse des rémunérations et des cotisations sociales pour le travail étudiant
  • Une extension de la lutte aux ouvriers des dépôts, aux travailleur.ses des magasins franchisés et aux travailleur.ses du commerce en général
  • A terme, gestion des magasins, des dépôts et de l’ensemble du groupe Delhaize par les travailleur.ses eux-mêmes !

Solidarité avec les travailleur.ses de Delhaize ! Uni.e.s jusqu’au retrait ! 


Source image: page Facebook de la CNE commerce (https://www.facebook.com/cnecommerce).

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