Nous étions 1700 personnes(1)https://www.vrt.be/vrtnws/fr/2022/03/25/greve-mondiale-pour-le-climat-1-700-manifestants-a-bruxelles/ à défiler dans les rues de Bruxelles ce vendredi dans le cadre de la grève mondiale #PeopleNotProfit organisée par le collectif Youth for Climate. Malgré un bel enthousiasme de la part des jeunes grévistes, il reste du travail de conscientisation politique à fournir afin de pointer du doigt le productivisme capitaliste comme responsable de la catastrophe climatique et de radicaliser le mouvement. 

Grève mondiale pour climat

Ce vendredi 25 mars, Youth for Climate a répondu à l’appel à la grève mondiale lancé par Fridays for Future, le mouvement climat international dont Greta Thunberg est la représentante emblématique. Le cortège, qui a démarré de la place de l’Albertine et qui s’est rendu à la gare du Midi, était composé en grande majorité de jeunes étudiant·e·s et élèves du secondaire. Le parcours a suivi un tracé lui offrant une faible visibilité, comme c’est trop souvent le cas lors de mobilisations dans la capitale.

En plus de Youth for Climate, un large éventail d’associations belges et internationales engagées dans la lutte écologique et climatique étaient à l’initiative de la manifestation. Parmi celles-ci, on trouve des groupes de pression de la société civile, comme Rise for Climate ou la Coalition Climat, et aussi des collectifs de luttes concrètes de terrain, et plus radicaux, comme Extinction Rebellion, Climaxi, Ineos Will Fall ou Tegengas Dégaze. Le but de cette mobilisation était de pousser les gouvernements à sortir de l’inaction climatique.

Passer de la parole aux actes

Quand on lit l’appel à la manifestation(2)https://fb.me/e/2fwqpowFJ, en tant qu’écosocialiste, on ne peut que se réjouir de la radicalité du ton. Le constat est clairement posé dès l’introduction :

[…] la lutte pour le climat est une lutte de classe et […], depuis des années, la classe dirigeante, principalement à travers les entreprises et les gouvernements du Nord global, a exercé son pouvoir, acquis par le colonialisme, la suprématie blanche et l’exploitation, pour détruire la terre et ses occupants sans remords.[…]

Ils ont délibérément sacrifié les écosystèmes et les peuples du Sud global au nom de leur soi-disant « développement » et de leur éternelle « croissance économique ». Pendant ce temps, la classe ouvrière est utilisée comme des outils pour construire le système même qui les détruit.

Cette intervention aux accents marxistes et anticapitalistes est toutefois en décalage par rapport aux organisations présentes lors de la manifestation, ainsi qu’aux slogans scandés par les organisat·eur·rice·s et leurs revendications.

Si on s’attarde sur les groupes qui ont pris par au cortège, on peut s’étonner d’y trouver Ecolo / Groen, parti se réclamant écologiste et membre de la Vivaldi, la coalition formant le gouvernement belge, tout comme du PS qui était en soutien le long du parcours, qui proposait de donner des explications sur les liens entre le socialisme et l’écologie. Ces partis auraient-ils oublié leur statut, les poussant à manifester contre leur propre inaction gouvernementale ?

On trouvait également plusieurs groupes de pression liés à l’Union Européenne, comme EU Staff for Climate, et Managers for Climate, qu’on ne pourrait pas exactement qualifier d’anticapitalistes ou d’apôtres de la décroissance.

Par ailleurs, en amont de la grève, l’organisation aurait pu mobiliser avec plus de dynamisme afin de créer le mouvement de masse qu’elle souhaitait. En effet, en dehors de la sphère militante à l’affût de ce genre d’événements, la manifestation n’a pas eu une grande visibilité.

Durant la marche, les slogans chantés par les manifestant·e·s les plus fortement lié·e·s à Youth for Climate restaient sur un registre bien connu du mouvement climat jeune et n’étaient pas plus radicaux que d’habitude. Quand nous tentions de lancer des chants plus combatifs, ceux-ci étaient parfois suivis, mais le plus souvent accueillis avec une certaine retenue.

Quand le cortège est arrivé à son terme au pied de la gare du Midi, une scène y était dressée pour des prises de paroles. Celles-ci avaient pour but de motiver les manifestant·e·s, mais manquait de conséquence, en omettant de relier les constats de défaillance aux raisons systémiques qui les ont créées. Une intervention a fait le lien entre la crise énergétique et la guerre que mène Poutine contre l’Ukraine, en mettant en avant le fait que les dépendances en hydrocarbures ne font qu’envenimer les tensions internationales, mettant en avant les interconnexions entre la crise climatique et les enjeux géostratégiques.

Nous avons profité de ce rassemblement pour avoir des discussions avec des manifestant·e·s où nous leur avons présenté en quoi le productivisme capitaliste était la source des destructions de l’environnement. Nous pensons que cette belle énergie fera partie du changement à venir, mais que le mouvement en pratique devra s’aligner avec sa nouvelle ligne politique radicale et anticapitaliste, pour que la jeunesse devienne le moteur du changement qu’elle est amenée à devenir.

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