Dernier film de l’afro-américain Spike Lee, BlacKkKlansmannous transporte dans les USA des années 70…

Le film suit avec beaucoup d’humour les tribulations d’un policier noir chargé d’infiltrer une cellule du KKK. Les racistes blancs y sont ridiculisés dans de nombreuses scènes comme seul le réalisateur de Do the Right thing sait le faire. Le protagoniste, incarné à l’écran par John David Washington, gagne finalement le respect de la plupart de ses collègues blancs. Cerise sur le gâteau, il séduit une militante des Black Panthers, en lui démontrant que la police parvient à la protéger des attaques racistes. Un film «antiraciste mainstream» qui laisse planer un gros malaise.

Comme l’a très bien écrit le rappeur Boots Riley dans ces «quelques pensées sur #BlacKkKlansman» partagées sur Twitter, Spike Lee «fabrique une histoire afin de montrer que les policiers noirs et leurs homologues blancs sont des alliés dans la lutte contre le racisme ce qui est pour le moins décevant pour le dire modérément»; en particulier au moment où les militant·e·s de Black Lives Matter sont l’objet de violences et d’attaques ciblées. Selon Boots Riley toujours, Spike Lee aurait même reçu 200000 de dollars de la police new-yorkaise pour promouvoir les relations entre les forces de l’ordre et les minorités raciales.

Une relation plus que problématique dès lors qu’on sait que la police américaine a abattu 987 personnes en 2017, dont 22% étaient des hommes noirs, alors qu’ils ne représentent que 6% de la population américaine. Comme l’analysait notre camarade Leïla Sahal(1)solidaritéSnº325 : https://www.solidarites.ch/journal/d/article/8587/Lausanne-Contre-les-violences-policieres-et-le-racisme-d-Etat«ces décès récurrents, touchant une même population et dus à l’action des forces de l’ordre, symbolisent cruellement ce que vivent les personnes noires: profilage racial, délit de faciès, violences policières, humiliation, dénigrement, insultes, et dans le pire des cas, la mort. Toutes ces stigmatisations ont un nom: le racisme d’Etat.» Et ce n’est pas avec une union sacrée entre des militant·e·s noir·e·s et la police qu’on le combattra.

Article publié sur le site de solidaritéS.

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