Un grand succès

La manifestation pour la démission de Theo Francken et contre la politique d’expulsion du gouvernement, samedi 13 janvier, a mobilisé 8000 personnes. Cela fait de cette manifestation une des plus importantes qui ait jamais eu lieu ces dernières années sur la question de l’asile. Ce fut une manifestation vivante, combative et plurielle, portant un message on ne peut plus clair : Francken dehors et stop à la politique d’expulsions. Un succès fantastique qui constitue assurément une base pour aller de l’avant.

Le grand succès de la manifestation, qui a pourtant été mise sur pied très rapidement, est dû en premier lieu à la capacité d’initiative et à la force de mobilisation de l’auto-organisation des personnes sans papiers, au large mouvement de solidarité des citoyen.ne.s (principalement) bruxellois.e.s qui accueillent des candidat.e.s réfugié.e.s et les soutiennent et à certaines organisations de gauche et de la gauche radicale qui ont mobilisé au bon moment contre la politique de Francken et du gouvernement. Les Jeunes anticapitalistes (l’organisation de jeunes de la Gauche anticapitaliste) ont participé à fond à cette mobilisation et apporté leur énergie pour organiser les actions, élargir l’initiative vers un maximum d’organisations politiques et humanitaires et travaillé au succès de la manifestation. L’initiative a ensuite reçu aussi le soutien de secteurs de la CSC et de la FGTB à Bruxelles et en Wallonie et d’une partie du monde associatif francophone. Au total, près de 50 organisations ont soutenu et signé l’appel à la manifestation.

L’auto-organisation des collectifs de sans-papiers, la bonne collaboration ainsi qu’un travail unitaire au sein de la plateforme d’organisations ont été des éléments cruciaux dans le succès de la manifestation. La Gauche anticapitaliste et les Jeunes anticapitalistes étaient bien présent.e.s ce 13 janvier avec un groupe très visible et très animé. Un engagement que nous poursuivrons certainement à l’avenir.

Faible participation de Flandre

Il y a pourtant quelques points négatifs qu’il faut reconnaître pour élargir le mouvement afin de déboucher sur une mobilisation nationale large contre Francken et pour une autre politique d’asile. La manifestation de samedi était avant tout francophone, les organisations flamandes ayant été mises au courant fort tard. La FGTB nationale appela in extremis à participer à la manifestation, mais n’a quasiment pas mobilisé en Flandre. La CSC flamande a observé le silence complet.

A quoi cela est-il dû ? Le climat politique beaucoup plus droitier joue un rôle, mais n’explique pas tout. L’absence de formes d’auto-organisation combative et visible des personnes sans-papiers en Flandre fait que la pression en faveur de l’engagement actif des partis de gauche et du monde associatif flamand pour une autre politique d’asile est moindre.

La mobilisation en Flandre n’est pas aidée par le choix conscient de certaines organisations de mettre de côté les dites “questions difficiles” qui “divisent les gens”, comme le racisme et la politique d’asile. Cela joue sans aucun doute un rôle dans les syndicats où le racisme est malheureusement bien présent et prospère auprès de nombreux membres et où la sympathie pour Francken et pour la NVA est beaucoup trop forte.

Le PTB aussi était mal à l’aise avec la manifestation et la demande de démission de Francken. Marco Van Hees a fait une bonne intervention au parlement sur la question des réfugié.e.s du Soudan. Une poignée de militant.e.s du PTB sont depuis des années actifs dans la solidarité avec les réfugié.e.s, mais cela ne s’est pas traduit en une vraie mobilisation pour la démission de Theo Francken ni pour la manifestation du 13 janvier. Leur groupe était bien modeste pour un parti qui compte 10.000 membres. Le succès de la manifestation a d’ailleurs été très peu commenté, minimisé (leur estimation du nombre de participant.e.s était plus faible que l’estimation de la police) et même souvent ignoré par les responsables du PTB sur les réseaux sociaux. Le PTB peut sans aucun doute jouer un rôle plus actif dans la lutte des personnes sans-papiers et des demandeu.r.se.s d’asile.

Des mouvements comme Hart boven Hard (contrairement à Tout autre chose, côté francophone) et la plupart des initiatives locales de solidarité avec les réfugié.e.s étaient absents également à l’exception de Solidarity For All.

Comment continuer ?

Pour construire un vrai mouvement national, il faut maintenant impliquer toutes les organisations et les collectifs, de Bruxelles mais aussi de Wallonie (à Liège et Mons notamment des plateformes actives et bien implantées existent) et de Flandre (où beaucoup de choses bougent aussi sur le plan local autour de l’asile). Nous sommes pleinement confiants dans le fait que cela réussira à l’avenir.

Fin janvier, la plateforme qui a organisé la manifestation du 13 janvier organise une réunion de bilan dans le but de déboucher sur un front large contre la politique d’asile et d’expulsion de Francken et du gouvernement Michel. Une opportunité d’aller au-delà de la demande de démission de Francken et de parvenir à une plateforme de revendications sur les expulsions, les centres fermés et l’ensemble de la politique de la forteresse Europe.

Nous espérons que de nombreuses organisations et collectifs flamands et francophones s’y joindront également. Le SAP y travaille et la Gauche anticapitaliste continuera également !

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