Cette déclaration a été lue par les camarades ayant participé à l’espace des personnes racisées au meeting de clôture des Rencontres Internationales des Jeunes 2019 à Ségovie dans l’État espagnol.

Nous sommes vos camarades de l’espace pour les personnes racisé·e·s. Nous réclamons notre espace et cherchons notre place dans ce camp, dans le monde à l’avant-garde de la révolution. Nous sommes fatigué·e·s, nous sommes en colère, nous sommes racisé·e·s, brun·ne, noir·e, asiatique, sud-américain·e, indigène, colonisé·e, dominé·e. Etc. Mais nous avons de l’espoir. L’espoir qu’on peut partager notre lutte et combattre côte à côte avec vous, nos camarades. Mais maintenant sachez qu’on va vous partager nos commentaires sur ce camp, ses pratiques, théories et analyses sur le racisme, la migration et l’impérialisme.

Il est important de souligner notre soutien à la cause des migrants et notre volonté d’ouvrir les frontières. Cependant, les migrants ne sont pas les seules victimes du racisme. Nous pensons que les débats sur ce camp ont été trop centrés sur la question des migrant·e·s, oubliant ainsi les autres formes de racisme. Par conséquent, nous devons redynamiser notre volonté de lutter contre le racisme institutionnel, le racisme au sein des populations de nos pays et même contre le racisme au sein de nos organisations. Cette lutte n’est pas une lutte que seules les personnes racisé·e·s doivent porter mais une lutte que nous devons tou·te·s, en tant que camarades, mener à l’échelle internationale avec passion.

La quatrième internationale, en tant qu’organisation internationaliste, tire son origine de la division des tendances pro-impérialistes émanant de la deuxième internationale. Et c’est pour ça qu’il est devenu prioritaire d’examiner en permanence la dynamique de l’impérialisme. Alors que nous, dans ce camp, sommes principalement européen·ne·s, cela ne peut être une excuse pour notre eurocentrisme. Nous devrions continuer à analyser l’oppression historique et les mécanismes du racisme dans le capitalisme. L’oppression dans certains pays est un problème historique. Puisque la quatrième internationale éduque des jeunes issus majoritairement des pays impérialistes et colonialistes, il devient encore plus important de prendre conscience de ces faits.

La fondation de l’espace des personnes racisé·e·s a été une étape très importante pour nous en tant qu’organisation marxiste et internationale. Il est toutefois important de continuer à réviser et à améliorer cet espace. Nous pensons que cela n’a pas été une priorité. Il est nécessaire d’avoir plus de sessions pour cet espace. 2 ou 3 ne suffisent certainement pas. Il devrait également y avoir une session pour les personnes racisé·e·s lors de la journée consacrée à l’antiracisme. Enfin, bien que nous ayons heureusement changé de lieu cette fois, nous devons également nous assurer que l’espace des personnes racisé·e·s occupe un emplacement décent dans les années à venir.

Nous essayons de créer une solidarité à travers le monde en tant que personnes racisé·e·s. Nous comprenons entièrement que la condition des personnes racisé·e·s a des formes et des mécanismes différentes et pourrait être différent de ce que la plupart d’entre nous connaissons, en particulier dans les pays du Sud. Mais cette solidarité, dans ce camp, ne devrait pas être uniquement la responsabilité de l’espace. C’est une responsabilité que nous partageons tou·te·s en tant que camarades d’une organisation internationale.

Nous espérons vous revoir l’année prochaine. Mais plus que ça, nous espérons que vous prendrez un moment pour penser à nos mots. Que vous laissiez l’anti-impérialisme et l’antiracisme devenir indispensables à nos luttes et à nos politiques. Que nous réfléchissions au pourquoi nos organisations manquent de personnes racisé·e·s. Puissions-nous nous revoir lors des manifestations, des réunions et aux barricades.

Merci

Traduction de l’anglais par Diewert Seynaeve

Print Friendly, PDF & Email