Le 13 octobre dernier, le conseil d’administration de l’Université des Femmes annonce par communiqué être forcé de convoquer une assemblée générale le 30 octobre pour voter la dissolution de l’association. C’est un choc ! Nous tenons à exprimer toute notre solidarité envers l’ensemble des travailleuses de l’association, pour certaines en activité depuis plus de 20 ans.

L’Université des Femmes est une petite association historique en Belgique francophone. Basée à Bruxelles, elle est issue du mouvement féministe de la deuxième vague dans les années 70. Elle rassemble un vaste matrimoine des luttes et des recherches féministes. Ces dernières années, nous avions participé à deux présentations de livre co-organisées par l’Université des Femmes et la Formation Léon Lesoil : La conjuration des égo, de Vidal en 2019 et Le genre du capital, de Bessière & Gollac en 2022.

Deux raisons majeures sont avancées dans le communiqué pour expliquer la cause de la dissolution. L’absence de financement structurel et de garanties de subvention malgré les nombreuses démarches entamées auprès des pouvoirs subsidiants et, deuxièmement, la responsabilité juridique engagée des membres du conseil d’administration (CA) depuis le changement de code des sociétés qui impose la « logique du chiffre » et de la gestion d’entreprise aux associations sans but lucratif (asbl). Deux raisons qui constituent, en effet, une véritable menace pour l’ensemble du secteur associatif. 

Secteur très largement féminisé, l’associatif et le non-marchand tirent régulièrement la sonnette d’alarme face aux conditions de travail et à l’impossibilité structurelle de remplir leurs missions de soin, d’aide, d’éducation et d’accompagnement.

Secteur très largement féminisé, l’associatif et le non-marchand tirent régulièrement la sonnette d’alarme face aux conditions de travail et à l’impossibilité structurelle de remplir leurs missions de soin, d’aide, d’éducation et d’accompagnement. Fin septembre, une nouvelle carte blanche a été publiée par la RTBF. (1)L’associatif et le non-marchand : des secteurs malades à cause de ressources insuffisantes 

Les activités des associations ne sont jamais financées à 100% et rarement en fonction des besoins directs. Les subventions arrivent tard alors que les salaires doivent être versés tout de suite. Les logiques des appels à projet et de la concurrence règnent. En conséquence, une charge administrative disproportionnée, des travailleuses sur les rotules, des tâches de direction ou de coordination assumées sans le barème salarial adapté, un grand turnover, un nombre important d’heures supplémentaires et l’explosion des souffrances au travail. 

Pourtant, dans leurs réponses face aux interpellations, les différents niveaux pouvoirs font reposer la responsabilité de la décision en premier lieu sur le CA de l’Université des Femmes. Les réponses des cabinets Linard (Ecolo), Ben Hamou (PS) et Leroy (Ecolo) commencent toutes par : « C’est avec tristesse / étonnement / regret que j’ai appris la décision du CA de l’Université des Femmes d’appeler à la dissolution… » 

Nous refusons de considérer cette situation comme anodine ! 

L’annonce de la perspective de dissolution de l’Université des Femmes se fait dans un contexte d’étranglement social et d’austérité qui touche tant les travailleuses du secteur que le public visé. Le mouvement de la deuxième vague féministe avait vu la constitution d’un large mouvement féministe indépendant et auto-organisé. Nous pensons essentiel que les générations féministes puissent à nouveau se rencontrer dans la lutte et dans la rue ! 

Sachons unir nos forces pour défendre nos vies et un projet de société radicalement différent !

Féministes anticapitalistes et la Gauche anticapitaliste


Photo : Page facebook de l’Université des Femmes

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