Chaque année, le 8 mars, une foule de personnes, d’organisations, d’institutions se revendiquent soudain « féministes ». On pourrait s’en réjouir… si nous n’assistions pas à une série d’impostures dégoulinantes d’hypocrisie et de mauvais goût. Parce qu’on en a marre de cette récupération, nous avons décidé de décerner la palme d’or de l’imposture.

Et nous décernons notre palme d’or à… Coca-Cola, qui ouvrira la cérémonie du « Wo.men@work Award ». Objectif de cette cérémonie : récompenser le/la PDG ayant le plus contribué à l’égalité entre les femmes et les hommes dans son entreprise… Une perle de mauvais goût quand on connaît les pratiques de Coca-Cola, une multinationale qui enchaîne les restructurations pour faire toujours plus de bénéfices (il était question de supprimer une soixantaine de postes sur les 7 sites belges en novembre dernier, alors que l’entreprise venait de faire 84 millions de bénéfices). Sans parler de l’ironie de se proclamer féministe pour la multinationale contre laquelle se sont battues les femmes du Kerala, parce que Coca-Cola y pompait l’eau potable des nappes phréatiques et rejetait ses déchets toxiques sans le moindre souci de l’environnement et de la santé. Ces femmes ont été également victimes d’une répression policière violente sous l’oeil complice de Coca-Cola.

Elle est partout cette année, depuis qu’elle a signé la tribune des 100 pour exprimer sa crainte des « dérives puritanistes » du #Metoo : nous décernons notre palme d’argent à Anne Morelli, qui sous couvert de féminisme remet en question la parole des femmes à peine celle-ci libérée !

Cela aurait pu être une palme d’or… Nous décernons la palme de bronze à Rich meet Beautiful, pour oser utiliser la phrase « Améliorez votre style de vie » dans son slogan « Améliorez votre style de vie, sortez avec un suggar daddy », comme si la qualité de vie des étudiantes était une préoccupation alors qu’il s’agit de les pousser à se prostituer (tout en le banalisant).

Stop au purple washing !

Le purple washing est au féminisme ce que le green washing est à l’écologie : il s’agit de vider le concept pour ne garder que l’apparence du féminisme, à des fins de marketing, ou pour justifier des positions racistes, islamophobes, et/ou machistes. Pour faire bref, c’est la transformation d’une journée de lutte pour les droits des femmes en une « fête de la femme » du même style que la fête des mères, vidée de toute revendication et de tout contenu politique. Ne nous laissons pas berner par ces impostures !

Être féministe, c’est lutter contre toutes les formes d’inégalités !

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