Il faudrait être sourd pour ne pas entendre la colère populaire qui gronde partout, sur tous les fronts. Mais il faudrait être aveugle pour ne pas voir que les nationalistes, les populistes de droite et les fascistes profitent de l’aubaine, qu’ils s’emploient tous les jours à instrumentaliser ces colères. Voilà pourquoi il est plus que jamais nécessaire pour les partis, organisations, syndicats et mouvements de gauche de transformer cette saine colère en résistance sociale organisée. Et pour nous, la Gauche anticapitaliste, il est primordial de donner à cette résistance sociale une perspective politique clairement anticapitaliste. Il faut aller au-delà du coup de gueule antisystème, du « politiciens tous pourris ! » sous peine de se faire renvoyer dos à dos « populistes de droite et populistes de gauche » comme on nous en rebat les oreilles dans tous les débats télévisés ! Il faut réaffirmer que ce qui est en jeu pour les travailleurs/euses derrière la tragi-comédie et le psychodrame de la formation d’un gouvernement c’est : après les ravages des gouvernements Di Rupo et Michel, à quelle sauce austéritaire vont être mangé.e.s les travailleurs/euses, les chômeurs/euses, les allocataires sociaux, les sans-papiers, les jeunes, les pensionné.e.s, comment le prochain gouvernement va continuer le chantier de démolition de la Sécu et de nos conquis sociaux ? Les revendications de la marche de Colère restent bien en deçà de ce pour quoi nous devons nous battre aujourd’hui, de ce qui est possible et nécessaire de mettre en avant !

Nos propositions pour alimenter le débat

La revendication « la plus pointue » est l’augmentation de la pension minimale à 1500 euros nets, après une carrière professionnelle de 40 ans. Une demande justifiée, mais c’est aussi le minimum. Aujourd’hui, nous avons besoin d’une offensive globale de la part de la gauche, des syndicats et des mouvements sociaux.

Contre toutes les politiques d’austérité qui touchent presque exclusivement les gens ordinaires (c’est-à-dire les salarié.e.s), qu’elles soient fédérales ou régionales. Défendons une politique sociale fondamentalement différente. S’attaquer au déficit budgétaire (qui est passé à 12 milliards sous le gouvernement de droite de Charles Michel !), non pas en rajoutant une couche d’économies dans les services publics, la sécurité sociale, la santé ou l’enseignement, mais en taxant drastiquement les grandes fortunes.

Il faut refinancer la sécurité sociale, en supprimant et en récupérant tous les cadeaux donnés aux patrons ces dernières années ; des investissements massifs dans les services et les équipements publics. Les allocations en cas de chômage, de maladie ou de pension doivent dépasser le seuil de pauvreté, sans limitation dans le temps. Suppression de toutes les mesures d’activation des chômeurs/euses, malades et usagers/ères des CPAS imposées par les gouvernements Di Rupo et Michel ! Réintroduction de la période des allocations pour les jeunes directement après les études. Abolition du statut de cohabitant.e, qui frappe particulièrement les femmes. Un travail humain pour tou.te.s grâce à une réduction drastique du temps de travail sans perte de salaire. Diminuer l’âge de la retraite à 60 ans pour tous et toutes.

Le PTB peut jouer un rôle important, s’il le souhaite, dans cette résistance sociale.

Un front de résistance sociale

La résistance sociale large, multiforme et pluraliste dont nous avons besoin ne peut être construite par le PTB seul. Ni par les dirigeants syndicaux qui ont également leurs propres intérêts bureaucratiques. Nous avons besoin d’un mouvement dans lequel l’ensemble de la gauche, des mouvements sociaux et des syndicats assument leurs responsabilités. Et oui, cela nécessite la construction d’un rapport de force par l’information, l’organisation et la mise en débat des alternatives ! Cette pression doit également être portée sur le PS, le Sp.a et les Verts.

Le PTB ne devrait pas se contenter d’une stratégie qui se résume purement et simplement à gagner de nouveaux membres, à acquérir une « hégémonie politico-culturelle » au sein de la gauche… et atteindre un jour la majorité de 50% + 1 dans les parlements. Une stratégie qui est très similaire à celle de l’ancienne sociale-démocratie (en pleine décomposition), qui tôt ou tard ne peut que conduire à une plus grande adaptation au parlementarisme bourgeois et au choix de la cogestion du système capitaliste en pleine perte de vitesse.

Construire un front de résistance sociale, demande à tous les partis de gauche, de prendre des initiatives communes avec les syndicats, les différents mouvements sociaux et les autres partis politiques de gauche et progressistes, tout en respectant l’autonomie de toutes et tous. Des initiatives pour faire avancer la lutte dans la rue et dans les entreprises, mais aussi dans les conseils communaux et les parlements.

Elle commence par la formation d’un « front de rejet » de gauche contre toutes les politiques d’austérité (qui ont déjà été renforcées par le nouveau gouvernement flamand), dans la rue et dans les parlements, et qui pourrait aboutir à un « soutien externe » à un gouvernement de centre-gauche (minoritaire) au Parlement fédéral (mais aussi en Wallonie et à Bruxelles). Préalablement il faudra formuler des conditions claires pour un tel soutien et ensuite soutenir toutes les mesures progressistes, en s’opposant systématiquement à toute mesure antisociale prise par un tel gouvernement.

Quand Magnette dit que, comme condition à la participation du PS à un gouvernement, il veut un audit du tax shift, prenons-le au mot et laissons-le sortir du bois ! Pourquoi ne pas proposer aux différents services d’études du PS, du Sp.a, des Verts, des syndicats et des mouvements sociaux tels que le CADTM, Attac, Financité, le MRAX, Vie féminine, Garance, etc. de commencer à travailler sur ce sujet avec le PTB ?

Radicalement pour plus de démocratie

Réduire de moitié les salaires des député.e.s et des ministres, ainsi que supprimer nombre de leurs privilèges, est une bonne chose, mais totalement insuffisante. Nous devons défendre une démocratie radicale : la révocation et la limitation du nombre de mandats de tou.te.s les élu.e.s.

Abolition de la monarchie non démocratique, non élue et coûteuse : pour une république démocratique avec une « présidence » collective. La démocratie participative à tous les niveaux possibles. Pleins droits politiques, économiques, culturels et sociaux pour tou.te.s celles/ceux qui vivent dans notre pays. Et n’oublions pas qu’en tant que marxistes, communistes ou socialistes révolutionnaires, nous ne défendons pas un État capitaliste « qui fonctionne mieux », mais son abolition !

La démocratie commence par nous-mêmes

Afin de pouvoir lutter pleinement pour plus de droits démocratiques et sociaux, nos propres organisations de gauche, les mouvements sociaux et le mouvement ouvrier lui-même doivent appliquer la démocratie la plus large possible dans leurs rangs. Il faut faire de la place pour le débat entre tou.te.s les membres et militant.e.s, il faut que tous et toutes soient impliqué.e.s dans toutes les prises de décisions. Tou.te.s les membres doivent pouvoir contribuer activement à la décision et la mise en place des stratégies d’action dans leur syndicat, leur parti politique ou leur mouvement associatif.

Le cordon sanitaire, question de bon sens

En Flandre, le cordon sanitaire contre l’extrême droite est de plus en plus sous pression. La N-VA se montre disposée à gouverner avec le Vlaams Belang à l’avenir. Il existe déjà de plus en plus de coopération locale avec le VB. La préservation du Cordon sanitaire est un acte élémentaire d’autodéfense démocratique. Nous ne pouvons pas compter sur les partis de droite pour maintenir cela de manière cohérente, la gauche et le mouvement ouvrier doivent prendre les devants et augmenter la pression.

Bloquer l’extrémisme de droite

Cependant, le cordon sanitaire ne suffit pas à bloquer réellement l’extrême droite. Il est nécessaire de mettre en place une politique sociale et culturelle de grande envergure qui s’attaque à la base sociale de la croissance de l’extrême droite et du racisme : investissements massifs dans les services publics et sociaux, le logement et la rénovation écologique urbaine, l’éducation, la santé, la culture, la prévention des violences faites aux femmes, les transports publics. Une politique qui offre des emplois et des salaires décents pour tou.te.s.

Bloquer l’extrême droite, c’est aussi oser lutter clairement et sans détours contre le racisme, la xénophobie, l’islamophobie, l’antisémitisme, la négrophobie et la rromanophobie,…

La lutte pour la pleine égalité des droits et de traitement pour tou.te.s les migrant.e.s, réfugié.e.s (qu’elles/ils soient « politiques » ou « économiques ») et les citoyen.ne.s d’ascendance étrangère. Arrêt immédiat de toutes les expulsions, suppression des centres fermés. Oui à l’ouverture des frontières en Belgique et en Europe ! Nous sommes suffisamment riches pour pouvoir faire une place à tou.te.s celleux qui sont dans le besoin.

Sauvons la Terre, optons pour l’écosocialisme

Le grand problème de notre politique climatique n’est pas qu’il y ait trop de ministres qui y travaillent. Et s’il y avait un super ministre pour le climat, et s’il était climato-sceptique comme la N-VA, ou une star du CD&V qui défend les intérêts de l’agrobusiness qui empoisonne notre alimentation ? Si nous voulons une politique climatique vraiment efficace et socialement juste, nous devrons l’imposer nous-mêmes avec des mobilisations massives.

Une véritable politique climatique ne peut se limiter à des mesures isolées (par exemple, plus de transports publics et gratuits), mais doit oser intervenir globalement dans tous les domaines de l’économie capitaliste : plan public de conversion massive vers les énergies renouvelables, transports publics contre le « tout-à-la-voiture », abolition des productions inutiles et nuisibles (à commencer par l’industrie de l’armement et la publicité), investissements publics massifs dans l’isolation des logements, etc. Nous devons constamment partir des besoins des « 99% » et de ce qui est nécessaire pour maintenir le réchauffement climatique sous les 1,5°C en laissant les réserves fossiles dans le sol ; pour faire face aux conséquences inévitables et pour sauver ce qui peut encore l’être de l’environnement et de la biodiversité.

Le capitalisme ne peut pas et ne veut pas le faire, tout au plus peut-il prendre des mesures capitalistes « vertes », qui feront peser le fardeau sur les épaules des pauvres et des travailleurs/euses (ici et dans le Sud) et qui sont totalement insuffisantes. C’est pourquoi nous devons opter pour l’écosocialisme, dans lequel les gens décident elles/eux-mêmes de ce qui est produit, où et comment, dans le respect de la Terre, de l’environnement et des êtres humains.

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