Le virus continue sa funeste progression. La crise du Covid-19 ne mérite pas même un semblant de démocratie. Le parlement est mis en stand-by, les différentes familles politiques préférant se coaguler autour des restes du gouvernement droite-droite, le sortir de sa minorité et lui accorder « les pouvoirs spéciaux ».

Avait-on besoin de ce tour de vis ? Jeudi (12) lors de l’annonce de mesures par la Mme Wilmès, toutes les forces politiques qui apportent aujourd’hui l’appoint, étaient autour de la table à travers les responsables régionaux. C’est ensemble qu’ils ont pris des décisions qui épargnaient totalement des secteurs entiers, des centaines de milliers de travailleurs/euses qui ont été ainsi totalement négligés par ce fameux Conseil National de Sécurité.

Les travailleurs/euses et leurs syndicats s’en mêlent

Ce n’est pas le discours lénifiant de sa Majesté (le lundi 16) qui a poussé les mêmes « responsables » du CNS à durcir quelque peu les mesures pour les entreprises non-vitales, et à, dans le même temps, imposer un « ultra-confinement » à la population. Les travailleurs/euses et leurs délégué.e.s et permanents syndicaux se sont mouillé le maillot pour redonner un sens aux mots solidarité et responsabilité. Ce sont les travailleurs/euses de plusieurs grandes entreprises (notamment Audi, Volvo, Décathlon, CNH, Leonidas, Neuhaus, Daf Trucks, Brico, Bombardier, Nexans, Safran Aero, Sonaca, Arcelor Mital (Gand), Prayon) qui en débrayant ou menaçant de le faire ont conduit le CNS et le « tout nouveau » gouvernement à durcir quelque peu le ton vis-à-vis des entreprises. On ne parle pas d’obligation de stopper les productions inutiles mais d’aménagements (télétravail et distanciation sociale « quand c’est possible » et amendes peu précises). Actuellement 30.000 entreprises ont demandé à pouvoir organiser du chômage temporaire pour 250.000 travailleurs. Les montants d’indemnisation ont été augmentés de 65 à 70% du salaire. Insuffisant !

Mais en gros les réactions des organisations syndicales et leur communication ont été un peu tardives, assez tâtonnantes et dispersées. Marie Hélène Ska, Secrétaire générale de la CSC déclare (17 mars) « C’est dans ces moments de tension que l’on évalue la solidité de nos institutions. Le gouvernement fédéral a pris des mesures difficiles pour limiter la propagation de l’épidémie. Il est du devoir de tous de les respecter. Il s’agit d’un acte de solidarité car c’est ensemble que nous traverserons cette épreuve. »

Il faut attendre ce 18 mars pour avoir un communiqué de la FGTB fédérale qui exige « l’adoption de mesures extraordinaires visant à protéger la santé et la sécurité des travailleurs. Il est également impératif que des mesures extraordinaires soient adoptées afin de garantir au maximum le revenu des travailleurs. Pour la FGTB, il est hors de question que les travailleurs soient « les oubliés » de cette crise et qu’à la crise sanitaire s’ajoute une crise sociale ».

La FGTB fait plusieurs propositions pour garantir les revenus des travailleurs/euses(1)Lire : fgtb.be/-/la-fgtb-exige-des-mesures-complementaires-afin-de-proteger-au-mieux-les-travailleurs-durant-la-crise-du-corona-virus :

« …Les allocations doivent correspondre à la perte réelle de salaire en relevant le plafond salarial pour le calcul de l’allocation, en augmentant les compléments de salaire versés par les employeurs, que ces périodes soient prises en compte pour le calcul des pécules de vacances et autres avantages complémentaires, et qu’on évite que les extras ne soient annulés par l’impôt.

Elargir l’accès au chômage temporaire (entre autres : pour les travailleurs intérimaires, suppression des conditions d’application pour le chômage temporaire pour causes économiques) et de garantir un paiement rapide des allocations (entre autres : poursuite du paiement du salaire pour les contractuels des services publics et compensation par après). L’adoption de mesures d’accompagnement telles que : le report du paiement des prêts hypothécaires (les entreprises bénéficiant d’ores et déjà d’un droit à un plan de paiement amiable des cotisations sociales auprès de l’ONSS), les femmes enceintes devant rester à la maison pendant les 6 semaines de repos prénatal facultatif ne devraient pas perdre leur repos postnatal, l’adoption de formules plus souples pour les congés parentaux, etc… ».

Mais à côté de ces mesures précises l’approche « politique » de la FGTB est plus problématique. Au lendemain de l’accord politique accordant la confiance à un gouvernement de pouvoirs spéciaux, Robert Verteneuil écrivait « j’en appelle à la SOLIDARITÉ et à l’UNION de toute la société. Hommes et femmes politiques, employeurs, syndicats, médecins, infirmiers et infirmières, professeurs, nous devons mettre toute notre énergie pour contrer ce virus. Dans le même temps, je salue la décision des partis politiques de s’unir pour lutter le plus efficacement possible contre ce fléau ».

« Maintenant nous soignons, après nous réglerons nos comptes. »(2)Page de convergence du personnel des soins de santé en lutte pour de meilleures conditions de travail et des soins de qualité pour toutes et tous ! http://www.lasanteenlutte.org/

Heureusement certains syndicalistes ne croient pas à cette pseudo « union sacrée » et estiment par exemple, telle Françoise Bernard Secrétaire Générale SETCa Liège-Huy-Waremme, « qu’il est clair pour nous qu’il y aura un avant et un après cette crise. Et qu’une fois la situation rétablie, il faudra clairement changer de cap et reconstruire une société réellement basée sur la solidarité et le progrès social. Les fossoyeurs de nos services collectifs, les actionnaires qui se sont faits des fortunes sur le dos de privatisation, devront rendre des comptes. »(3) Lire : http://www.setcaliege.be/fr/lie/news/ITTZGIDL1WG

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