La chaîne humaine « Justice pour Mawda » à Gand a rassemblé, samedi dernier, environ 450 personnes. Ce fut une belle action, pacifique et très visible. Une longue chaîne de solidarité s’est déployée de Sint-Jacobs, en passant par l’hôtel de ville jusqu’à la Sint-Baafsplein. Sur la place Sint-Baaf, nous avons conclu par une impressionnante minute de silence pour Mawda et les autres victimes de la politique d’expulsion et une série de discours.

La participation a été un réel succès malgré la petite semaine de mobilisation. L’initiative de la chaîne a été prise par Solidair Gent (un groupe d’action contre la politique d’expulsion et le racisme, qui a été mis en place il y a quelques mois) et par FEL (Féministe et de Gauche). Nous avons très rapidement reçu le soutien d’une trentaine d’organisations de Gand et d’ailleurs. Des membres et sympathisants du PAS ont également été impliqués dans l’initiative dès le départ.

Cette action a été mise en place contre l’étape gantoise de la tournée de campagne de la N-VA où Théo Francken, Jan Jambon et Geert Bourgeois étaient accueillis par leurs partisans locaux. Après les différentes protestations contre les meetings de Francken à Gand, Louvain, Bruxelles, … ce fut une des actions les plus importantes en Flandre contre la politique d’expulsion, les discours raciste et la politique de la N-VA .

Avec la chaîne humaine, nous voulions exprimer non seulement notre compassion pour Mawda et ses parents, envers et contre toutes les informations contradictoires répandues dans certains media, mais aussi marquer notre dégoût des éruptions de haine et de racisme qui expriment leur soutien, de façon de plus en plus décomplexée dans une certaine « opinion publique »-et pas seulement en Flandre- aux discours De Wever et Francken rendant les parents de l’enfant responsable de son décès. Nous voulions également exprimer clairement notre horreur de la politique d’expulsion raciste de Francken, Jambon et de leur gouvernement de droite.

Nous en avons profité pour formuler des revendications claires :

  • La vérité sur ce qui s’est passé le 18 mai doit être prouvée par une enquête véritablement indépendante.
  • Les centres fermés doivent disparaître et les expulsions forcées arrêtées.
  • Une régularisation de tous les sans-papiers.
  • La violence et la haine raciste doivent être poursuivies pénalement, d’autant plus si elles proviennent de la police ou du gouvernement.
  • Nous avons également demandé que les dirigeants politiques responsables de cette politique d’expulsion meurtrière, Jambon et Francken, assument leur responsabilité en démissionnant.

Bonne coopération

Le succès de la chaîne humaine était principalement dû à la participation de nombreux citoyens impliqués, compatissants et concernés. Mais aussi grâce à la bonne collaboration et mobilisation de diverses organisations qui ont soutenu l’appel à l’action(1)Plateforme Afrin Solidarité, l’ALS (étudiants de gauche actifs), Ashley Vandekerckhove (activiste Piss-Off), Baharak Bachar (président de l’association Action Pipi), Réseau d’aide belge, campagne Rosa, Diem25 Gand, imprimerie coopérative De Wrikker, un cœur pour les réfugiés, Ernest Mandel Fonds, FEL (féministe et de gauche), Forum pour la paix de Gand lHand in Hand / Gand pour les réfugiés, Hart boven Hard Gand, Comité démocratique et Inclusif Gand, In-Gant vzw, LSP (Parti socialiste de lutte), Masereelfonds, Nav Bel (Fédération des associations kurdes en Belgique), SAP (section flamande de la Gauche anticapitaliste), Solidair Gent, Solidaire Tienen, Solidarity for all, Turnhout solidaire, Victoria Deluxe, Vonk/Révolution, Vrede vzw, V-SB (Mouvement socialiste flamand), Chorale de chant du monde Karibu, réfugiés Gent. Merci également aux personnes venues de Tirlemont, d’Anvers, de Turnhout et Flandre Occidentale.

Nous sommes heureux de constater que tant les vieilles organisations qui se sont solidarisées depuis longtemps avec les réfugiés et les sans-papiers que les initiatives plus récentes se sont retrouvées ensemble dans la rue. Le renfort de divers mouvements progressistes et de groupes politiques de gauche était aussi bienvenu. Une mention spéciale doit être faite au soutien de l’IN-Gent (asbl communale qui organise aussi bien l’accueil des Primo-arrivants que les Politiques d’intégration). Ils ont été publiquement attaqués par des sympathisants de la N-VA dans les jours précédant la chaîne humaine. Le représentant de la N-VA au conseil d’administration de IN-Gent, un fan de Francken, s’est retiré du conseil avec beaucoup de fracas médiatique. Bon débarras.

Nous avons vu beaucoup de syndicalistes sur la chaîne humaine, même si l’ACV et l’ABVV n’avaient malheureusement pas souscrit à l’appel. Différentes personnes à l’intérieur de l’ABVV et l’ACOD (CGSP) avaient quand même mobilisé. Il y avait aussi quelques membres du PVDA (PTB) et de son groupe d’étudiants COMAC. Pourtant, il est regrettable que les deux organisations n’aient pas approuvé la plateforme, prétendument parce qu’elles ne pouvaient pas soutenir l’ouverture des frontières (qui pourtant, ne figurait pas dans le texte de la plate-forme).

Espoir

Le succès de l’événement ainsi que la bonne entente entre les organisateurs est inspirant pour l’avenir. Contrairement à ce que prétend la droite (et que beaucoup croient malheureusement trop vite à Bruxelles et en Wallonie) il y a aussi un large courant de solidarité avec les réfugiés et les sans-papiers en Flandre. Si le racisme quotidien est aussi répandu, c’est que la N-VA, le Vlaams Belang et beaucoup de médias le stimulent de manière très active. Une figure comme Francken construit sa carrière politique sur les braises du racisme.

Pour beaucoup de citoyens antiracistes actifs et engagés, il semble donc que l’on soit constamment obligé de ramer contre le courant. Des actions telles que la chaîne humaine montrent clairement que nous ne sommes pas seuls et que nous pouvons, ensemble, réellement peser sur l’agenda politique et médiatique. Le coup de gueule de Francken, qui a qualifié la symbolique des vêtements pour enfants de «grotesque», montre que nous avons touché chez lui une corde sensible et que sa position est moins intouchable qu’il le laisse croire.

Rester mobilisés

Le défi est maintenant de continuer à construire en Flandre, dans les prochains jours, semaines et mois, un large mouvement de solidarité avec les réfugiés et les migrants. Les occasions de se mobiliser ne manquent pas.

A Gand, une motion communale (similaire aux actions pour des Communes hospitalières en Communauté française) sera proposée dans les semaines à venir par des citoyens au conseil communal contre la loi de Francken, Jambon et Geens souhaitant rendre la violation domiciliaire possible dans le cadre de la chasse aux sans-papiers. Nous devons récolter 2500 signatures de résidents gantois inquiets de plus de 16 ans.

A Alost, un « cortège pour le réfugié inconnu » sera organisé le samedi 9 juin par les branches locales des Jeunes Socialiste, du LSP et du PVDA lors du passage du bus de la N-VA avec Theo Francken et Ben Weyts. À Bruxelles, une importante manifestation nationale aura lieu le dimanche 10 juin pour la régularisation des sans-papiers. Toutes ces actions méritent un large soutien. Nous voulons contribuer à cela avec le SAP(Gauche anticapitaliste).

Enfin, il reste crucial de maintenir la pression dans la période à venir pour obtenir la vérité et la justice pour Mawda. Les coupables doivent être punis, c’est-à-dire que les ministres politiquement responsables doivent démissionner !

Traduit du flamand par Hamel Puissant.

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Notes[+]