Le 21 septembre 2018, le militant gay Zak Kostopoulos alias Zackie Oh sur la scène drag a été tué par l’action conjointe de flics et de boutiquiers fascistes. Il avait 33 ans.

Zak, un peu avant 15h, essaie d’entrer dans une boulangerie, un homme l’en empêche. Quelques minutes plus tard, des images le montrent en train de se faire tabasser après être entré dans une bijouterie. Il est ensuite frappé par des policiers, déjà menotté, à terre et en sang alors que l’homme l’ayant empêché d’entrer dans la boulangerie est toujours sur les lieux, quasiment côte à côte avec la police(1)Une reconstitution de la scène est disponible ici : https://www.youtube.com/watch?v=gdS7FniO_44.

Il est déclaré mort à son arrivée aux urgences.

La police, comme toujours, cherche à se laver les mains de toute responsabilité quand un·e citoyen·ne meurt après son intervention. Ils prennent donc grand soin de NE PAS circonscrire la scène du crime, laissant au propriétaire (l’un des accusés) une heure pour faire disparaître les éventuels éléments compromettants. Ainsi, le propriétaire, ayant normalement l’obligation d’équiper sa boutique de caméras de surveillance, déclarera n’avoir aucun matériel vidéo dans sa bijouterie.

La police peut aussi compter sur la complicité des procureur·e·s pour couvrir ses crimes : pendant plusieurs semaines, le procureur chargé de l’enquête jugera un certain nombre de vidéos amateures de l’agression comme superflues et ne les intégrera au dossier qu’après deux semaines et une pression continue des proches de Zak et de la communauté LGBTQI+ mobilisé·e·s pour exiger justice. Il ne cherchera pas non plus à recueillir des témoignages de personnes extérieures à la scène de crime.

Le procureur, au lieu de plaider le meurtre, préfèrera accuser les auteurs de blessures graves. Les policiers n’ont toujours pas été inculpés bien sûr, leurs gestes étant tout à fait appropriés selon le porte-parole du syndicat de la police athénienne. Qu’on se rassure pour nos valeureux gardiens de la paix : au cas où le procureur décide de faire son travail, ils sont défendus par l’actuel ministre de la santé, Nikos Plevris ! Quand on sait ce qui est arrivé à Mawda Shawri et à son meurtrier, on ne s’étonnera pas que la justice grecque se complaise dans les mêmes contrefaçons.

L’un des accusés échafaude alors rapidement une thèse mensongère pour mettre l’opinion publique de son côté. Ce militant d’extrême-droite du “Front patriotique” au poétique pseudonyme de “Snake” (ça ne s’invente pas) transformera sur les réseaux sociaux (puis relayé dans les grands médias) ce meurtre homophobe en un braquage commis par un toxicomane : l’analyse médico-légale ne trouvera aucune trace de drogues dans l’organisme de Zak.

Zak Kostopoulos est un activiste connu pour avoir lutté contre l’homophobie et la sérophobie(2)la discrimination à l’encontre des personnes séropositives en assumant son statut séropositif à la face du monde. Il était alors président de la Communauté Homosexuelle et Lesbienne de Grèce (OLKE). Il s’est également battu pour les droits des personnes travailleuses du sexe et les personnes migrantes.

Pour défendre ces combats, il s’était présenté à l’élection municipale d’Athènes pour un projet radicalement social et démocratique avec une visée qui dépasse le simple moment de l’élection pour se construire dans la durée.

Zak résumait sa candidature comme suit : “ Le changement ne se produit pas simplement en jetant un bulletin de vote dans l’urne, ni en s’abstenant et en laissant ainsi la place à la perpétuation de la même situation. Elle exige la participation constante et active de chacun d’entre nous à tout ce qui nous concerne. Participer, s’exprimer, être entendu mais aussi écouter.”

Il incarnait jusqu’au bout des faux ongles le combat Queer : un combat de toutes les personnes marginalisées contre une société qui préfère tuer et circonscrire celleux qui sortent de la norme plutôt que de respecter ses propres lois.

Son meurtre a eu l’effet d’un électrochoc pour les luttes LGBTQI+ à Athènes : la marche féministe du 8 mars s’est rendue au lieu du meurtre de Zak et de nombreuses marches de nuit ont eu lieu pour exiger justice et faire résonner ses combats, toujours d’actualité.

Pour honorer ces combats et soutenir les camarades grec·que·s, la Gauche anticapitaliste sera donc présente ce mercredi 20 octobre à 17h, devant l’ambassade grecque (Rue des Petits Carmes 10, 1000 Bruxelles) avec Initiative Solidarité, Action Logement BXL et Friends of Zak/Zackie in Belgium(3)Vous pouvez accèder au lien de l’évènement Facebook en cliquant sur la première image ci-dessous !

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One year without justice, one year of struggle: Zackie lives, fight the nazis
https://flic.kr/p/2jyQkYd
We are all Zak
https://flic.kr/p/2joqgYC

Sources :

https://www.mediapart.fr/journal/international/241118/en-grece-des-policiers-impliques-dans-la-mort-d-un-activiste-lgbt

https://www.artforum.com/video/gevi-dimitrakopoulou-this-is-right-zak-life-and-after-2020-84579?fbclid=IwAR1DugXl6k8p-1hsPSUkF7ZdPyo8qxx-RkW0x8GYagI9lmbzi9zP8iynZyw

https://en.wikipedia.org/wiki/Zak_Kostopoulos

https://zintv.org/agenda/justice-for-zak-long-live-zackie-oh/

https://www.youtube.com/watch?v=gdS7FniO_44

https://avmag.gr/46202/zak-kostopoulos-na-simmetechoume-na-imaste-orati-ke-orates/

Crédit Image mise en avant: aesthetics of crisis, url:https://flic.kr/p/2iV4fKy , sur Flickr.

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