Les catastrophes climatiques qui se multiplient partout sur le globe sont la consĂ©quence d’un rĂ©chauffement de 1,1 Ă  1,2 Â°C « Ă  peine Â» par rapport Ă  l’ùre prĂ©industrielle. De la lecture du rapport spĂ©cial 1,5 Â°C du GIEC(1)GIEC, Rapport spĂ©cial 1,5 °C, https://www.ipcc.ch/sr15/, n’importe quelle lectrice et lecteur raisonnable conclura que tout, absolument tout, doit ĂȘtre mis en Ɠuvre pour que la Terre reste bien en dessous de ce niveau de rĂ©chauffement. Au-delĂ  de celui-ci, les risques augmentent trĂšs rapidement(2)Notamment : le risque de phĂ©nomĂšnes mĂ©tĂ©orologiques extrĂȘmes, le risque de disparition sous la mer des principales villes de la civilisation, et le risque que de vastes zones soient rendues inhabitables par la combinaison de chaleur et d’humiditĂ©.. La possibilitĂ© grandit mĂȘme de voir une cascade de rĂ©troactions positives provoquer le basculement irrĂ©versible de la planĂšte vers un rĂ©gime qui impliquerait, Ă  terme, un niveau des ocĂ©ans supĂ©rieur au niveau actuel de 13 mĂštres, voire de plusieurs dizaines de mĂštres(3)Will STEFFEN et al., « Trajectories of the Earth System in the Anthropocene », PNAS, aoĂ»t 2018Will STEFFEN et al., « Trajectories of the Earth System in the Anthropocene », PNAS, aoĂ»t 2018.. Une dystopie inimaginable
 Ă  coup sĂ»r incompatible avec l’existence de sept milliards d’ĂȘtres humains sur Terre !

Vu le temps perdu depuis le Sommet de la Terre (Rio, 1992) et depuis Paris en 2015, il n’est pas certain que la limite du 1,5 Â°C puisse encore ĂȘtre respectĂ©e (au rythme actuel des Ă©missions, elle sera franchie vers
 2030 !). Ce qui est absolument certain, en revanche, c’est que la course Ă  l’abĂźme ne peut pas ĂȘtre arrĂȘtĂ©e sans sortir du productivisme inhĂ©rent Ă  l’économie de marchĂ©. Comme l’a dit trĂšs justement Greta Thunberg, « la crise climatique et Ă©cologique ne peut tout simplement plus ĂȘtre rĂ©solue dans le cadre des systĂšmes politiques et Ă©conomiques actuels. Ce n’est pas une opinion, simplement une question de mathĂ©matiques Â»(4)https://twitter.com/gretathunberg/status/1274618877247455233?lang=en. La COP26 restant « dans le cadre des systĂšmes Ă©conomiques et politiques actuels Â», le pronostic ne fait aucun doute : pas plus que les prĂ©cĂ©dentes, la confĂ©rence de Glasgow n’arrĂȘtera la catastrophe.

Est-ce Ă  dire qu’on pourrait ignorer ce qui se passera en Écosse ? Non, des questions importantes sont Ă  l’ordre du jour du sommet. Par exemple : Combien de pays rehausseront-ils le niveau de leurs ambitions climatiques(5)Actuellement 17 pays, plus l’Union europĂ©enne, ont rehaussĂ© leurs ambitions. https://www.nytimes.com/article/what-is-cop26-climate-change-summit.html#link-67cd21b3 ? Dans quelle mesure le fossĂ© entre les engagements des pays et ce qui devrait ĂȘtre fait globalement pour sauver le climat se rĂ©duira-t-il(6)Sur la base des « contributions nationalement dĂ©terminĂ©es » (les plans climat des pays), le rĂ©chauffement sera de 2,7 Ă  3,5 °C en 2100.v ? Dans les engagements des grands pollueurs, quelles seront les parts respectives des rĂ©ductions effectives des Ă©missions domestiques, de la « compensation carbone Â» par les puits forestiers, de la capture-sĂ©questration et des investissements soi-disant propres dans les pays du Sud ? Le « nouveau mĂ©canisme de marchĂ© Â» du carbone adoptĂ© en principe par la COP21 sera-t-il concrĂ©tisĂ© et comment(7)Ce « nouveau mĂ©canisme de marchĂ© » doit remplacer et globaliser les divers systĂšmes mis en Ɠuvre auparavant dans le cadre du Protocole de Kyoto. Ses modalitĂ©s dĂ©termineront largement les possibilitĂ©s de contourner les obligations de rĂ©duction des Ă©missions domestiques. Les nĂ©gociations sur ce point ont fait Ă©chouer la COP25. ? Un prix mondial du carbone sera-t-il adoptĂ©, ou les pays riches l’imposeront-ils de fait via une taxe carbone aux frontiĂšres(8)La taxe aux frontiĂšres fait partie de la stratĂ©gie « Fit for 55 » proposĂ©e par la Commission europĂ©enne. ? Ces pays honoreront-ils enfin leur promesse de verser annuellement cent milliards de dollars au Fonds vert pour le climat, afin d’aider le Sud global Ă  relever le dĂ©fi climatique ? Continueront-ils Ă  faire la sourde oreille face aux pays pauvres qui exigent d’ĂȘtre indemnisĂ©s pour les « pertes et dommages Â» croissants que le rĂ©chauffement impose aux peuples ? Etc.

Ces questions feront l’objet de bras de fer acharnĂ©s entre les reprĂ©sentant·es des États, en fonction de leurs intĂ©rĂȘts Ă©conomiques et de leurs rivalitĂ©s gĂ©ostratĂ©giques. Sans oublier que les mobilisations des mouvements sociaux pourraient peser sur le rĂ©sultat, sur certains points et dans une certaine mesure. Par exemple, il est important de mettre des bĂątons dans les roues de la « compensation carbone Â» et, si ce systĂšme pouvait ĂȘtre banni, ce serait une victoire importante pour les peuples. Analyser en dĂ©tail les rĂ©sultats de la COP fournira des enseignements sur l’état du capitalisme et l’acuitĂ© de sa crise systĂ©mique. NĂ©anmoins, il ne faut pas se bercer d’illusions : globalement, le sommet restera « dans le cadre des systĂšmes politiques et Ă©conomiques actuels Â», comme le dit Greta Thunberg. On peut donc ĂȘtre catĂ©gorique : fondamentalement, Glasgow ne rĂ©soudra RIEN.

Augmentation des  renouvelables
 et des Ă©missions

À cette opinion radicale, on objecte parfois que la percĂ©e des renouvelables pourrait offrir une issue Ă  la crise. Cette percĂ©e est en effet rĂ©elle, principalement dans le secteur de la production d’électricitĂ©. Au cours des vingt derniĂšres annĂ©es, la part des renouvelables dans le mix Ă©nergĂ©tique mondial a augmentĂ© de 13,2 % en moyenne annuelle. Le prix du KWh vert est devenu trĂšs avantageux (surtout dans l’éolien on shore et le photovoltaĂŻque). Selon l’AIE (Agence internationale de l’Ă©nergie), sur la prochaine dĂ©cennie, plus de 80 % des investissements dans le secteur Ă©lectrique se feront dans les renouvelables. Mais il est complĂštement faux d’en dĂ©duire que « le processus mondial d’abandon des combustibles fossiles est dĂ©jĂ  bien engagĂ© Â», comme la Commission europĂ©enne l’a Ă©crit rĂ©cemment(9)Commission UE, Communication « Fit for 55 ».. Cette dĂ©claration constitue mĂȘme un mensonge tout Ă  fait grossier. En dix ans, la part des fossiles dans le mix Ă©nergĂ©tique global n’a connu qu’un recul imperceptible – elle est passĂ©e de 80,3 % en 2009 Ă  80,2 % en 2019(10)https://www.reuters.com/business/environment/global-fossil-fuel-use-similar-decade-ago-energy-mix-report-says-2021-06-14/. Sur vingt ans, seule la part du charbon a reculĂ©, mais trĂšs lĂ©gĂšrement (–0,3 % en moyenne annuelle) ; celle du gaz naturel a augmentĂ© de 2,6 % et celle du pĂ©trole de 1,5 % (de 2014 Ă  2019). Il n’y a pas l’ombre du dĂ©but du commencement d’un « processus mondial d’abandon Â» des fossiles ! C’est bien pourquoi les Ă©missions mondiales de CO2 continuent d’augmenter inexorablement (sauf ponctuellement, lors de la crise de 2008 et de la pandĂ©mie de 2020).

Pourquoi y a-t-il Ă  la fois plus de renouvelables et plus d’émissions fossiles ? Parce que les renouvelables ne remplacent pas les fossiles : ils couvrent seulement une part croissante de la consommation Ă©nergĂ©tique globale. Celle-ci continue de gonfler au rythme de l’accumulation du capital (la numĂ©risation croissante et la complexification des chaĂźnes de valeur internationales, notamment, sont deux dynamiques trĂšs Ă©nergivores(11)Pour rappel : les Ă©missions de l’aviation et du transport maritime explosent mais ne sont attribuĂ©es Ă  aucun État.) La politique climatique bourgeoise a donc deux faces, comme Janus. CĂŽtĂ© cour, les gouvernements capitalistes rivalisent de belles dĂ©clarations sur la « transition Ă©nergĂ©tique Â» et la « neutralitĂ© carbone inspirĂ©e par la meilleure science Â». Mais leurs engagements visent plus Ă  favoriser les entreprises qui se ruent sur le marchĂ© des technologies vertes qu’à sauver le climat. C’est pourquoi, cĂŽtĂ© jardin, ces mĂȘmes gouvernements appuient sur le frein de la « transition Â» chaque fois que le maintien de la croissance du PIB le nĂ©cessite. La loi du profit passe donc avant les lois de « la meilleure science Â» physique. C’est ce que les tensions sur l’approvisionnement Ă©nergĂ©tique en Chine ont mis en pleine lumiĂšre.

Quand le prix de l’énergie augmente dans l’atelier du monde


On connaĂźt le contexte : la puissance chinoise montante cherche Ă  s’affirmer comme leader gĂ©ostratĂ©gique mondial. Cette ambition est devenue insĂ©parable d’une politique climatique « responsable Â», genre capitalisme vert. C’est pourquoi Xi Jiping, Ă  Davos, a promis que les Ă©missions de son pays commenceraient Ă  baisser avant 2030 ; il a mĂȘme ajoutĂ© un peu plus tard que la Chine ne construirait plus de centrales au charbon Ă  l’étranger. VoilĂ  pour le cĂŽtĂ© cour. CĂŽtĂ© jardin, l’encre des journaux rĂ©percutant ces dĂ©clarations Ă©tait Ă  peine sĂšche que PĂ©kin augmentait de 10 % la production de houille en Mongolie intĂ©rieure ! À l’origine de cette dĂ©cision : la coĂŻncidence des objectifs climatiques « plus ambitieux Â» et la relance post-Covid. Les commandes de marchandises fabriquĂ©es en Chine affluent, provoquant une pĂ©nurie relative d’électricitĂ©. Les exportations russes de combustibles fossiles – de gaz, notamment, qui pĂšsent par ailleurs sur l’Europe – sont insuffisantes pour boucher le trou. Il y a donc une hausse des prix
 qui menace la relance mondiale. La stagflation menace. Du coup, PĂ©kin relance ses mines de charbon.

Le constat de la situation par le Financial Times est limpide : « La Chine, comme d’autres marchĂ©s Ă©nergĂ©tiques confrontĂ©s Ă  des pĂ©nuries, doit effectuer un exercice d’équilibriste : utiliser du charbon pour maintenir l’activitĂ© tout en montrant son engagement envers les objectifs de dĂ©carbonation. À la veille de la COP26, cela semble inconfortable [sic !] mais la rĂ©alitĂ© Ă  court terme est que la Chine et bien d’autres n’ont pas d’autre choix que d’augmenter la consommation de charbon pour rĂ©pondre Ă  la demande d’Ă©lectricitĂ©. Â»(12)Financial Times, 8/10/2021.

On notera que les concurrents Ă©tatsuniens et europĂ©ens se sont bien gardĂ©s de critiquer la dĂ©cision chinoise. Pour une raison Ă©vidente : une flambĂ©e incontrĂŽlĂ©e des prix de l’énergie dans l’atelier du monde capitaliste aurait des consĂ©quences en cascade dans le monde entier. La direction chinoise est trĂšs pragmatique aussi : alors qu’elle avait dĂ©crĂ©tĂ© un embargo sur le charbon australien – pour punir Canberra de ses prises de position sur TaĂŻwan, Hong Kong et d’autres questions – elle ferme les yeux quand les cargos australiens dĂ©barquent leur charbon dans les ports chinois
 MoralitĂ© : ne vous fiez pas aux promesses climatiques des responsables politiques capitalistes, mĂȘme ceux qui se drapent dans l’étendard du « communisme Â». En fin de compte, c’est le Capital qui aura le dernier mot, pas le climat. En RĂ©publique populaire de Chine comme ailleurs.


 on brĂ»le plus de fossiles au nom de la « transition Ă©cologique Â» !

Ces tensions sur le marchĂ© de l’énergie mettent clairement en lumiĂšre les contradictions insolubles de la « transition Ă©nergĂ©tique Â» Ă  la sauce capitaliste. La Chine est en effet le principal fournisseur mondial de panneaux photovoltaĂŻques (fabriquĂ©s en grande partie au Xinjiang, avec du travail forcĂ©). Elle est aussi le principal producteur de ces « terres rares Â» dont l’exploitation et la transformation demandent de grandes quantitĂ©s d’énergie et qui sont indispensables Ă  de nombreuses technologies vertes
 Alors que l’humanitĂ© est au bord du gouffre climatique, la logique capitaliste du profit aboutit donc Ă  cette absurditĂ© Ă©vidente : il faut brĂ»ler plus de charbon, donc Ă©mettre plus de CO2
 pour maintenir les profits
 dont dĂ©pend la transition aux renouvelables !

La Chine Ă©tant « l’atelier du monde Â», le problĂšme est immĂ©diatement mondial. Quelles seront les rĂ©percussions sur la politique climatique d’ensemble ? La COP26 est censĂ©e « rehausser les ambitions Â». Cette dĂ©cision sera peut-ĂȘtre prise sur le papier, pour convaincre les populations que la situation est sous contrĂŽle. Mais il y a loin de la coupe aux lĂšvres. DĂšs maintenant, un rĂ©cent rapport des Nations unies souligne que quinze pays (dont les USA, la NorvĂšge et la Russie) projettent Ă  l’horizon 2030 des productions de combustibles fossiles plus de deux fois supĂ©rieures Ă  la limite compatible avec l’accord de Paris ! Globalement, en 2030, la limite serait dĂ©passĂ©e de 240 % pour le charbon, de 57 % pour le pĂ©trole et de 71 % pour le gaz(13)https://www.nytimes.com/2021/10/20/climate/fossil-fuel-drilling-pledges.html !

InterrogĂ©e par le Financial Times, une experte doute que « les pĂ©nuries de charbon et les augmentations des prix de l’Ă©nergie sont seulement un problĂšme Ă  court terme et cyclique en Chine Â». Selon elle, l’Ă©pisode met plutĂŽt en Ă©vidence « les dĂ©fis structurels Ă  long terme de la transition vers des systĂšmes Ă©nergĂ©tiques plus propres Â». Elle a raison. Le dĂ©fi structurel est le suivant : il n’y a plus de marge de manƓuvre, les Ă©missions doivent diminuer tout de suite, radicalement. Par consĂ©quent, il ne suffit pas de dire abstraitement que les renouvelables pourraient remplacer les fossiles. Il faut dire concrĂštement comment on va compenser le surcroĂźt d’émissions rĂ©sultant du fait qu’il faut bien employer des Ă©nergies fossiles pour fabriquer les convertisseurs d’énergies renouvelables. Techniquement, ce dĂ©fi ne peut ĂȘtre relevĂ© qu’en rĂ©duisant la production et les transports globaux(14)J’ai soulevĂ© ce point dans L’impossible capitalisme vert (La DĂ©couverte, 2010). Comme le dit Vaclav Smil dans Energy and Civilisation, A History (Paperback, 2018), il s’agit d’une « loi fondamentale » : « chaque transition vers une nouvelle forme d’approvisionnement Ă©nergĂ©tique doit ĂȘtre alimentĂ©e par le dĂ©ploiement intensif des Ă©nergies existantes et des principaux moteurs : la transition du bois au charbon a dĂ» ĂȘtre dynamisĂ©e par les muscles humains, la combustion du charbon a alimentĂ© le dĂ©veloppement du pĂ©trole et les cellules solaires photovoltaĂŻques et les Ă©oliennes d’aujourd’hui sont des incarnations des Ă©nergies fossiles nĂ©cessaires pour fondre les mĂ©taux requis, synthĂ©tiser les plastiques nĂ©cessaires et traiter d’autres matĂ©riaux nĂ©cessitant des apports Ă©nergĂ©tiques Ă©levĂ©s. ». Socialement, cette solution technique n’est envisageable Ă  son tour qu’en partageant massivement le travail nĂ©cessaire, le temps et les richesses. On y reviendra en conclusion, mais il est clair que les deux branches – technique et sociale – de la solution sont totalement incompatibles avec la logique capitaliste de la concurrence sur le marchĂ©. C’est dans ce cadre qu’il faut examiner les promesses de « neutralitĂ© carbone Â».

Le vrai visage de la « neutralitĂ© carbone Â» et des « green deals Â»

Depuis que Trump a cĂ©dĂ© la place Ă  Biden, les principaux pollueurs de la planĂšte affichent en effet leur intention de parvenir Ă  « la neutralitĂ© carbone Â» en 2050 (2060 pour la Russie et la Chine) en mettant en Ɠuvre diverses variĂ©tĂ©s de « green deals Â». Mais cette neutralitĂ© carbone est un leurre destinĂ© Ă  endormir les opinions publiques. ThĂ©oriquement, le concept est bĂąti sur l’idĂ©e qu’il est impossible d’éliminer complĂštement toute Ă©mission anthropique de gaz Ă  effet de serre, de sorte qu’un reliquat devra ĂȘtre compensĂ© en retirant du carbone de l’atmosphĂšre. Mais pratiquement, les capitalistes et leurs reprĂ©sentants politiques en concluent qu’ils peuvent envoyer au diable les urgentes rĂ©ductions drastiques des Ă©missions, car, un jour dans le futur, un « deus ex machina Â» technologique retirera de l’atmosphĂšre chaque annĂ©e, non pas un « reliquat Â», mais 5, 10, voire 20 Gt de CO2 (Ă©missions mondiales actuelles : Ă  peu prĂšs 40 Gt). RĂ©sultat : alors que l’Union europĂ©enne et les États-Unis devraient rĂ©duire leurs Ă©missions d’au moins 65 % en 2030 (pour rester sous 1,5 Â°C en respectant leurs responsabilitĂ©s historiques), leurs engagements dans le cadre de la « neutralitĂ© carbone Â» consistent seulement Ă  les « rĂ©duire Â» respectivement de 55 % et de 50 Ă  52 %(15)« RĂ©duire » entre guillemets, car les « green deals » europĂ©en et Ă©tatsunien font largement appel Ă  des mĂ©canismes alternatifs aux rĂ©ductions d’émissions domestiques, tels que les plantations d’arbres et les achats de « crĂ©dits de carbone »..

Un scĂ©nario complĂštement insensĂ© se cache sous cette stratĂ©gie : le scĂ©nario du « dĂ©passement temporaire Â». Il consiste Ă  laisser le mercure filer au-dessus du 1,5 Â°C en pariant que « La Science Â», plus tard, refroidira la Terre Ă  coups de « technologies Ă  Ă©missions nĂ©gatives Â» (TEN)(16)Les TEN retirent du CO2 de l’atmosphĂšre, la gĂ©o-ingĂ©nierie (dĂ©conseillĂ©e jusqu’à prĂ©sent par le GIEC) rejette une fraction du rayonnement solaire vers l’espace, et recours au nuclĂ©aire (« technologie bas carbone », comme on dit maintenant).. Or, 1°) ces TEN n’existent pour la plupart qu’au stade du prototype ou de la dĂ©monstration ; 2°) nous sommes trĂšs prĂšs du point de bascule de la calotte groenlandaise – qui contient assez de glace pour faire monter le niveau des ocĂ©ans de 7 mĂštres(17)Selon le rapport 1,5 °C du GIEC, le point de basculement de la calotte du Groenland se situe entre 1,5 et 2 °C de rĂ©chauffement par rapport Ă  la pĂ©riode prĂ©industrielle. ; 3°) par consĂ©quent, Ă  supposer que les TEN fonctionnent, il est bien possible qu’elles soient dĂ©ployĂ©es aprĂšs qu’un processus massif de dislocation des glaces aura dĂ©jĂ  commencĂ©. Dans ce cas, on ne pourra que constater les dĂ©gĂąts : le dĂ©passement « temporaire Â» aura entraĂźnĂ© un cataclysme permanent


Admettons cependant que le dĂ©passement temporaire reste vraiment trĂšs limitĂ© (cela nĂ©cessiterait de toute maniĂšre des rĂ©ductions d’émissions beaucoup plus sĂ©vĂšres que celles qui sont en discussion). Dans ce cas, on aurait plus de chances d’éviter le cataclysme. Mais Ă  quoi ressemblerait le monde soumis Ă  la stratĂ©gie « croissanciste Â» de la « neutralitĂ© carbone Â» ? On peut s’en faire une idĂ©e Ă  partir des propositions de l’Agence Internationale de l’énergie (AIE)(18)https://www.iea.org/reports/net-zero-by-2050. Elles sont Ă©difiantes. En effet, pour espĂ©rer atteindre le Â« zĂ©ro Ă©missions nettes Â» en 2050 il faudrait, selon l’AIE : deux fois plus de centrales nuclĂ©aires ; accepter qu’un cinquiĂšme de l’énergie mondiale continue Ă  venir de la combustion d’énergie fossile (Ă©mettant 7,6 Gt CO2/an) ; capturer et stocker sous terre, chaque annĂ©e, ces 7,6 Gt de CO2 dans des rĂ©servoirs gĂ©ologiques (mais des fuites de ces rĂ©servoirs, y compris des fuites soudaines et massives, ne peuvent ĂȘtre exclues !) ; consacrer 410 millions d’hectares aux monocultures industrielles de biomasse Ă©nergĂ©tique (cela reprĂ©sente un tiers de la surface agricole en culture permanente !) ; utiliser cette biomasse Ă  la place des fossiles dans les centrales Ă©lectriques et autres installations de combustion (en capturant lĂ  aussi le CO2 Ă©mis pour le stocker sous terre) ; produire de l’hydrogĂšne « bleu Â» Ă  partir du charbon (avec capture du CO2, toujours !) en espĂ©rant que l’électrolyse industrielle de l’eau permettra de produire plus tard de l’hydrogĂšne « vert Â» Ă  prix compĂ©titif ; doubler le nombre de grands barrages ; et
 continuer Ă  tout dĂ©truire â€“ jusque sur la Lune – pour accaparer les Â« terres rares Â» indispensables aux gigantesques investissements Ă  rĂ©aliser dans les « technologies vertes Â». Qui a envie de vivre dans ce monde-lĂ  ?

Politiques de marché, désastre social et écologique assuré

L’AIE a un plan, d’autres ont des plans
 mais il n’est pas question de planification ! Tabou ! NĂ©olibĂ©ralisme oblige, le marchĂ© est censĂ© coordonner la « transition Â» Ă  la « neutralitĂ© carbone Â» par des taxes, des incitants et une gĂ©nĂ©ralisation du systĂšme des droits d’émission Ă©changeables. L’Union europĂ©enne est en premiĂšre ligne avec son plan « Fit for 55 Â». PionniĂšre dans la mise en Ɠuvre des droits de polluer au niveau de ses grands secteurs industriels, l’Union les Ă©tendra aux domaines de la construction, de l’agriculture et de la mobilitĂ©. Il en rĂ©sultera pour les consommateurs des hausses de prix d’autant plus importantes que leur logement sera mal isolĂ© ou que leur vĂ©hicule sera plus polluant. Les revenus modestes seront donc pĂ©nalisĂ©s. Les Ă©conomies du Sud seront pĂ©nalisĂ©es Ă©galement – et leurs populations Ă  travers elles – par le truchement de la « compensation carbone Â» et de la taxe carbone aux frontiĂšres(19)On attire trop peu l’attention sur ce fait : la taxe aux frontiĂšres imposera aux pays du Sud global le prix du carbone pratiquĂ© dans les pays du Nord. Par consĂ©quent, elle contrevient au principe des responsabilitĂ©s et des capacitĂ©s diffĂ©renciĂ©es, gravĂ© dans la Convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques.. Et tout ça pour un plan qui (Ă  moins de tricher), n’atteindra mĂȘme pas son objectif insuffisant, inaccessible par des mĂ©canismes de marchĂ©.

RĂ©duire les Ă©missions de 52 ou de 55 %, c’est mieux que rien, dira-t-on. Sans doute mais, contrairement Ă  ce qu’affirment mĂȘme certains spĂ©cialistes(20)Par exemple, François Gemenne (professeur Ă  l’universitĂ© de LiĂšge et Ă  Sciences Po, interview au Soir, 18 juillet 2021) et Jean-Pascal van Ypersele (ex-vice-prĂ©sident du GIEC, professeur Ă  l’UniversitĂ© catholique de Louvain, interview Ă  la RTBF) : https://www.rtbf.be/info/societe/detail_ des-inondations-extremes-le-giec-les-annoncait-en-1990-rappelle-jean-pascal- van-ypersele?id=10804972)., des plans comme « Fit for 55 Â» ne vont pas « dans la bonne direction Â». Climatiquement, ils ne nous mettent pas sur le chemin Ă  suivre pour rester sous 1,5 Â°C de rĂ©chauffement : il y a un Ă©cart significatif entre le chemin vers 55 % et le chemin vers 65 % de rĂ©duction en 2030, et cet Ă©cart ne pourra pas ĂȘtre rattrapĂ© par la suite, car le CO2 correspondant Ă  cet Ă©cart se sera accumulĂ© dans l’atmosphĂšre. Socialement, des plans comme « Fit for 55 Â» ne vont pas dans la bonne direction non plus car ils impliquent une accentuation des mĂ©canismes coloniaux de domination, de la marchandisation de la nature et des politiques nĂ©olibĂ©rales sur le dos des classes populaires. Or, nous n’avons plus le temps de faire la moindre erreur. Pour « aller dans la bonne direction Â», il faut mettre le cap sur le bon objectif dĂšs le premier pas.

Oui, c’est une simple question de maths

Revenons sur la citation de Greta Thunberg au dĂ©but de cet article. La jeune activiste suĂ©doise a parfaitement raison d’invoquer « une simple question de maths Â». Les donnĂ©es chiffrĂ©es de l’équation climatique sont en effet parfaitement claires : 1°) rester en dessous de 1,5 Â°C nĂ©cessite une diminution des Ă©missions mondiales nettes de CO2 de 59 % d’ici 2 030 et de 100 % d’ici 2050(21)GIEC, rapport 1,5 °C. Les « Ă©missions nettes » sont obtenues en dĂ©duisant des Ă©missions de CO2 les augmentations des absorptions par les forĂȘts et par les sols, pour peu que ces augmentations soient provoquĂ©es dĂ©libĂ©rĂ©ment. 59 % est un objectif global. En tenant compte des responsabilitĂ©s diffĂ©rentes du Nord et du Sud, les pays dĂ©veloppĂ©s devraient rĂ©duire leurs Ă©missions beaucoup plus drastiquement (pour l’UE : de 65 % au moins) d’ici 2030, et atteindre le « zĂ©ro Ă©missions nettes » bien avant 2050. ; 2°) 80,2 % de ces Ă©missions sont dues Ă  la combustion des combustibles fossiles ; 3°) ceux-ci couvraient encore en 2019 84,3 % des besoins Ă©nergĂ©tiques de l’humanitĂ© (on sait depuis des annĂ©es que 9/10 des rĂ©serves devraient rester dans le sous-sol, mais l’exploitation et la prospection continuent comme si de rien n’était !) ; 4°) les infrastructures fossiles (mines, pipelines, raffineries, terminaux gaziers, centrales Ă©lectriques, etc) – dont la construction ne faiblit pas, ou Ă  peine ! – sont des Ă©quipements lourds, dans lesquels le capital s’investit pour une quarantaine d’annĂ©es ; 5°) la valeur du systĂšme Ă©nergĂ©tique fossile est Ă©valuĂ©e Ă  1/5 du PIB mondial mais, amorti ou pas, ce systĂšme doit ĂȘtre mis Ă  la casse, car les renouvelables en requiĂšrent un autre.

DĂšs lors, sachant que trois milliards d’ĂȘtres humains manquent de l’essentiel et que les 10 % les plus riches de la population Ă©mettent plus de 50 % du CO2 global, la « simple question de maths Â» dĂ©bouche sur une sĂ©rie d’implications stratĂ©giques successives :

  • rester sous 1,5 Â°C en laissant les fossiles sous terre, en changeant de systĂšme Ă©nergĂ©tique et en consacrant plus d’énergie Ă  satisfaire les droits lĂ©gitimes des dĂ©muni·es est rigoureusement incompatible avec la poursuite de l’accumulation capitaliste ;– la catastrophe ne peut ĂȘtre stoppĂ©e que par un double mouvement planifiĂ©, qui rĂ©duit la production globale et la rĂ©oriente au service des besoins humains rĂ©els, dĂ©mocratiquement dĂ©terminĂ©s, dans le respect des limites naturelles ;
  • ce double mouvement passe forcĂ©ment par la suppression des productions inutiles ou nuisibles, des transports superflus, et par l’expropriation des monopoles de l’énergie, de la finance et de l’agrobusiness ;
  • les capitalistes ne veulent Ă©videmment pas de cette conclusion : selon eux, il est criminel de dĂ©truire du capital, mĂȘme pour Ă©viter un cataclysme humain et Ă©cologique monstrueux ;
  • l’alternative est dĂšs lors dramatiquement simple : soit une rĂ©volution permettra Ă  l’humanitĂ© de liquider le capitalisme pour se rĂ©approprier les conditions de production de son existence, soit le capitalisme liquidera des millions d’innocent·es pour continuer sa course barbare sur une planĂšte mutilĂ©e, et peut-ĂȘtre invivable.

Ces implications stratĂ©giques ne signifient pas qu’on pourrait se contenter de rĂ©pĂ©ter « une seule solution, la rĂ©volution Â». Elles signifient qu’il n’y a rien Ă  attendre des gouvernements nĂ©olibĂ©raux, de leurs COP, de leur systĂšme et de ses « lois Â». Cela fait plus de trente ans que les responsables prĂ©tendent avoir compris la menace Ă©cologique, mais ils n’ont quasiment rien fait. Ou plutĂŽt si, ils ont fait beaucoup : leur politique d’austĂ©ritĂ©, de privatisations, de dĂ©rĂ©gulation, d’aide Ă  la maximisation des profits des multinationales et de soutien Ă  l’agrobusiness a morcelĂ© les consciences, rongĂ© les solidaritĂ©s, ruinĂ© la biodiversitĂ© et dĂ©figurĂ© les Ă©cosystĂšmes, tout en nous poussant au bord du gouffre climatique. Ces politiciens ne sont rien d’autre que des gestionnaires au service de la logique de mort du capital. Il est vain d’espĂ©rer les convaincre d’une autre politique : ils ne peuvent au mieux que reculer face Ă  des rapports de forces. Construisons ces rapports de forces !

L’espoir est dans les luttes

Une alternative est nĂ©cessaire, donc un programme de revendications. Il n’existe pas clĂ© sur porte, Ă  nous de l’élaborer pas Ă  pas, Ă  partir du mouvement rĂ©el. Pour ce faire, nous ne devons pas partir du niveau de conscience des classes populaires mais nous focaliser en premier lieu sur le besoin d’une rĂ©ponse globale cohĂ©rente Ă  la situation objective diagnostiquĂ©e par la physique du climat. En bref : il faut un plan pour rester sous 1,5 Â°C de rĂ©chauffement en laissant les fossiles dans le sol, sans dĂ©passement temporaire, sans compensation carbone et sans compensation de biodiversitĂ© ; un plan qui exclut les technologies dangereuses comme la BECCS (captage et stockage du carbone) et le nuclĂ©aire ; un plan qui dĂ©veloppe la dĂ©mocratie, propage la paix, respecte la justice sociale et climatique (principe des responsabilitĂ©s et des capacitĂ©s diffĂ©renciĂ©es) ; un plan qui renforce le secteur public et fait payer le 1 % ; un plan pour produire moins, transporter moins et partager plus – le travail, les richesses et les ressources. Ce plan doit supprimer les productions inutiles et nuisibles tout en assurant la reconversion collective des travailleuses et travailleurs dans des activitĂ©s utiles, sans perte de salaire ; il doit notamment nous sortir de l’agrobusiness et de l’industrie de la viande, organiser le passage Ă  l’agroĂ©cologie. C’est Ă©videmment d’un plan anticapitaliste qu’il s’agit. Mais sa force est d’ĂȘtre vital, au sens littĂ©ral du terme : il est indispensable au sauvetage de la vie.

Inutile de se voiler la face : nous sommes loin d’un tel plan aujourd’hui. Il faudra beaucoup de dĂ©termination, de patience et de courage pour convaincre, en remontant la pente des dĂ©faites subies par notre camp social. Les obstacles Ă  surmonter sont terriblement nombreux. Dans une telle situation, le pĂ©ril d’une dĂ©sespĂ©rance de masse ne peut ĂȘtre Ă©cartĂ©. Mais la sidĂ©ration mĂ©lancolique ne rĂ©sout rien. Comme disait Gramsci, on ne peut prĂ©voir que la lutte, pas son issue. N’oublions pas les leçons terribles du 20e siĂšcle : sous le capitalisme, le pire est toujours possible. Il faut donc le rĂ©pĂ©ter sans cesse : seule la lutte collective peut inverser la tendance et il n’est jamais trop tard pour lutter. Certes, ce qui est perdu est perdu, les espĂšces disparues ne reviendront pas. Mais, si loin qu’on s’enfonce dans la catastrophe, la lutte pourra toujours rouvrir le chemin de l’espĂ©rance.

Pour combattre, nous devons ĂȘtre conscients non seulement des terribles dangers mais aussi de ce qui peut renforcer l’alternative. Paradoxalement, l’ampleur mĂȘme du danger peut nous renforcer, Ă  condition d’y voir la possibilitĂ© du changement rĂ©volutionnaire nĂ©cessaire. La crise de lĂ©gitimitĂ© vertigineuse du systĂšme et de ses reprĂ©sentants nous renforce : nous n’avons pas Ă  respecter ces gens qui ont laissĂ© la catastrophe Ă©cologique grandir sans rien faire, alors qu’ils Ă©taient informĂ©s. Les diagnostics de la science du changement climatique nous renforcent : ils plaident objectivement en faveur d’un plan du type de celui qui est esquissĂ© ci-dessus. La mobilisation croissante de la jeunesse internationale nous renforce : elle se dresse contre la destruction du monde dans lequel elle devra vivre demain. La nouvelle vague fĂ©ministe nous renforce : son combat contre les violences diffuse une culture du prendre-soin, aux antipodes de la chosification des ĂȘtres. La rĂ©sistance admirable des peuples indigĂšnes nous renforce : leur vision du monde peut nous aider Ă  inventer d’autres relations avec la nature. Les combats des paysans nous renforcent : en disant non Ă  l’agrobusiness ils concrĂ©tisent tous les jours des modes de production alternatifs.

Nous pouvons gagner le combat Ă©thique, et soulever des montagnes. Il s’agit d’articuler, de faire converger les luttes contre toutes les exploitations et toutes les oppressions et de faire circuler les savoirs qui vont avec. Cette confluence est dĂ©cisive. Elle seule peut mettre en branle un mouvement tellement massif qu’il permettra d’entrevoir Ă  nouveau la possibilitĂ© concrĂšte d’un changement de sociĂ©tĂ© profond, Ă  la fois Ă©cologique, social, fĂ©ministe et Ă©thique. Dans le contexte ultra-dĂ©fensif actuel, une puissante lame de fond sociĂ©tale sera sans doute indispensable pour que le monde du travail et ses organisations rompent le compromis productiviste avec la croissance capitaliste. En tout cas, cette rupture est un enjeu majeur : on ne gagnera pas la bataille pour la Terre et la Vie si les productrices et les producteurs ne se soulĂšvent pas contre le productivisme. Il s’agit de prĂ©parer ce soulĂšvement. Par des discours et des revendications qui allient le rouge et le vert (notamment la rĂ©duction massive du temps de travail sans perte de salaire), mais cela ne suffit pas : il faut multiplier les initiatives concrĂštes de rapprochement, de mise en rĂ©seau entre gauches syndicales, Ă©cologiques, fĂ©ministes, paysannes, indigĂšnes, au niveau mondial.

Dans ce contexte, une attention particuliĂšre doit ĂȘtre attachĂ©e aux luttes de territoires contre les mĂ©gaprojets productivistes, destructeurs de la nature et des gens. C’est lĂ  que le social et l’environnemental sont mis trĂšs concrĂštement au dĂ©fi de surmonter les barriĂšres que le capital dresse entre eux. Naomi Klein, dans son livre sur la crise climatique, a proposĂ© de dĂ©signer ces luttes par le terme gĂ©nĂ©ral de Blockadia(22)Naomi Klein, This Changes Everything. Capitalism vs the Climate, A. Knopf, 2014.. C’est dans le creuset de cette « Blockadia Ă©cologique », et dans sa convergence avec une « Blockadia sociale Â», du type Gilets jaunes, qu’émergera une alternative au rouleau compresseur du Capital : un projet Ă©cosocialiste pour vivre bien sur cette Terre, la laver des souillures du capital, et nous avec.


Écrit pour le site IVe Internationale (dont la Gauche anticapitaliste est la section belge), cette contribution reprend des extraits de l’introduction Ă  l’ouvrage Luttes Ă©cologiques et sociales dans le monde. Le rouge s’allie au vert, sous la direction de Daniel Tanuro et Michael Löwy, Textuel (Ă  paraĂźtre fin octobre 2021).

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