Voici le texte du tract qui sera distribué ce 25 novembre à l’occasion de la manifestation contre les violences faites aux femmes.

Les violences faites aux femmes concernent tant le harcèlement sexiste et sexuel, les humiliations, les insultes, les coups, les attouchements, les viols et les féminicides. Ces violences sont liées entre elles, nous soumettent et nous dévalorisent. Nos corps et nos désirs sont marchandisés, médicalisés et soumis à l’injonction de plaire aux hommes. Dans la vie de la majorité d’entre nous, la violence est banalisée et se retrouve un peu partout et tout le temps : dans la famille, entre ami·e·s, dans les relations sexuelles et affectives, à l’école, au travail, dans l’espace public, etc. En Belgique, une femme sur trois a déjà subi des violences physiques ou sexuelles dans sa vie. Pour une sur quatre, ces violences étaient le fait d’un (ancien)partenaire.

À qui profite ce système ?

Les violences servent à maintenir les inégalités d’accès à une vie dans laquelle on pourrait toutes prendre du plaisir, prendre des décisions, tisser du lien, s’informer, se soigner, se sentir en sécurité, avoir de quoi se nourrir et se loger. Cette société, capitaliste, raciste et patriarcale, est basée sur les relations de pouvoir ; elle a besoin des violences pour maintenir le pouvoir des hommes sur les femmes, des patrons sur les travilleurs/euses, mais aussi le pouvoir des blancs sur les personnes racisées, des pays du “nord” sur ceux du “sud”. Dans ce contexte, les femmes, et plus encore les femmes précaires et racisées, sont plus exposées aux violences.

Dans un système axé sur la course au profit, la société exploite et détruit la planète comme elle exploite et détruit la vie. La terre et l’eau, aussi bien que la santé, l’éducation, la mobilité, le ménage sont privatisés et transformés en marchandises. Ce sont les femmes qui en font les plus grands frais : à elles les tâches ménagères, les soins aux autres, les bas salaires, les temps partiels imposés et la précarité. C’est pourquoi, les violences faites aux femmes sont l’affaire de toutes ET de tous. Nous exigeons des hommes qu’ils se responsabilisent et qu’ils se positionnent dans leurs relations, leurs interactions et dans la lutte contre les violences et le maintien du système !

Nos genres font désordre

Les violences envers les femmes lesbiennes et bisexuelles ou envers les personnes transgenres, intersexes et non-binaires sont étroitement liées à l’oppression de l’ensemble des femmes puisque ces violences ont pour objectif de corriger et de détruire toutes identités ou désirs s’écartant de la “norme” et menaçant la famille traditionnelle composée d’un papa, d’une maman et des enfants.

À nous la rue !

Face aux violences, on encourage les femmes à porter plainte mais 89% des plaintes pour violences conjugales et 96% des plaintes pour viol n’aboutissent à aucune condamnation.  Des textes et des lois sur les violences faites aux femmes existent mais ne sont pas respectés, ou ne tiennent pas compte de la réalité des femmes concernées (à titre d’exemple, la médiation et la garde alternée des enfants restent privilégiées lors d’une séparation malgré les violences conjugales, ce qui maintient les femmes en danger). La Belgique a signé la Convention d’Istanbul, qui vise à prévenir et lutter contre toutes les formes de violence à l’égard des femmes et contre la violence domestique, en 2016. Elle contient des obligations que la Belgique est tenue de mettre en application, mais très peu d’obligations sont réellement appliquées : les faibles moyens sont principalement investis dans les services de protection et de soutien, qui interviennent après que la violence ait eu lieu. La prévention, tout ce qui permettrait d’empêcher la violence, est systématiquement évacuée. A nous la rue, pour se renforcer et combattre ensemble les violences !

Ni una menos, de Buenos Aires à Bruxelles !

Partout dans le monde, que ce soit à travers Ni una menos en Amérique latine, Non una di meno en Italie, ou encore #Metoo, les femmes se sont mobilisées en masse contre les violences machistes. En 2017, plus d’une cinquantaine pays ont répondu à l’appel à une grève internationale des femmes le 8 mars. En Belgique, nous
soutenons la préparation d’une grève féministe nationale des femmes, personnes trans, intersexes et non-binaires. Rendez-vous aux Assemblées Générales en vue du 8 mars 2019 !

Nous exigeons (entre autres !) :

  • L’application de la Convention d’Istanbul pour la création de politiques qui tiennent compte de l’oppression et des violences que vivent les femmes
  • Des services publics gratuits et de qualité : soins, crèches, écoles et transports
  • Des salaires, des allocations sociales et des pensions qui permettent d’assurer une réelle sécurité financière de toutes.
  • La régularisation de toutes les femmes sans papier et un accès inconditionnel à l’aide matérielle, aux formations, aux permis de travail et à l’aide médicale
  • Une politique d’éducation et de prévention, qui responsabilise les hommes dans leurs relations, leurs interactions et dans la lutte contre les violences
  • Solidarité avec tous les mouvements féministes du monde entier !
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