Il y a presque deux ans, l’État d’Israël débutait une guerre génocidaire. Depuis, le monde entier a été témoin direct du massacre de la population palestinienne dans la bande de Gaza, des violences extrêmes des colons et du régime d’extrême-droite israélien en Cisjordanie, ainsi que des attaques de ce même régime au Liban, en Syrie et en Iran. La plupart des États sont complices directs ou, au mieux, restent silencieux, permettant au régime de Netanyahu de poursuivre ses crimes contre l’humanité dans une impunité totale.

Les populations, elles, ne restent pas silencieuses. Des étudiants qui occupent leurs universités et travailleur.eus.es qui bloquent le transport d’armes, aux manifestations de masse, en passant par les actions de boycott : la résistance existe et continue. En Belgique, plus de 100 000 personnes sont descendues dans la rue le 15 juin encore pour la dixième grande marche de solidarité avec la Palestine. Selon Le Soir, « près de sept Belges sur dix estiment que la Belgique et l’Europe doivent imposer des sanctions contre Israël comme elles l’ont fait à l’encontre de la Russie » (1)https://www.lesoir.be/680731/article/2025-06-10/grand-barometre-une-large-majorite-de-belges-favorables-des-sanctions-contre. Enfin, ce lundi 23 juin a eu lieu une action de désobéissance civile à grande échelle : plus de mille militant·e·s ont occupé deux sites d’entreprises qui produisent du matériel utilisé par l’armée israélienne. C’était une première. Si un bilan critique reste nécessaire, on peut dire que l’action était somme toute bien réussie. Elle a aussi mis en évidence, une nouvelle fois, la répression féroce (à caractère ouvertement raciste) à laquelle font face les militant·e·s.

États et capitaux à l’appui du génocide

Déjà en 2012, un rapport intitulé «  La paix au rabais : comment l’Union européenne renforce les colonies israéliennes » (2)https://www.fidh.org/fr/regions/maghreb-moyen-orient/israel-palestine/La-Paix-au-Rabais-Comment-l-Union-12342 donnait la couleur de la complicité européenne. Depuis, pas grand-chose n’a changé. Encore très récemment, une investigation journalistique a révélé que 921 projets de recherche en cours qui sont financés par l’Union européenne collaborent avec 231 partenaires israéliens, dont cinq ministères, y compris le ministère israélien de la Défense et des entreprises de défense israéliennes (3)https://www.lecho.be/economie-politique/europe/general/des-fonds-europeens-de-recherche-financent-la-defense-israelienne/10609758.html. Pourtant, les leviers d’actions directs existent. Le premier levier est l’Accord d’association entre l’Union Européenne et Israël, entré en vigueur en 2000, permettant un cadre de libre-échange (notamment pour les secteurs industriels et agricoles). L’UE est actuellement le premier partenaire commercial d’Israël, mais aussi de coopération dans la recherche, l’éducation et le secteur culturel. Par ailleurs, cet accord contient aussi des conditions, telles que l’article 2 qui exige le respect des droits de l’Homme. Or, alors que l’UE reconnaît officiellement que cet article, et donc l’accord, n’a pas été respecté par Israël, les négociations ne sont pas parvenues à aller au-delà du constat. C’était d’ailleurs le 23 juin, en même temps que l’action de Stop Arming Israel, que la potentielle révision de cet accord était à l’ordre du jour du Conseil des ministres des affaires étrangères des Etats Membres. Mais l’UE n’a su que reporter la discussion au mois suivant sans prendre de sanctions. Au mieux, les discussions reprendront en juillet « si la situation ne s’améliore pas » car « notre intention n’est pas de les punir ». Ce déroulement et le contraste entre les institutions et la volonté populaire (4)Actuellement, une pétition a déjà récolté près de 250 000 signatures pour demander la révision de l’accord d’association (https://sign.myvoice-mychoice.org/forms/stop_gaza_genocide_fr). sont illustratifs de l’incapacité de nos institutions à agir à l’encontre de leurs intérêts impérialistes au Moyen Orient.

Au niveau belge, sans aucune surprise de la part de l’Arizona et sa politique de droite totalement décomplexée, c’est aussi la complicité avec le gouvernement génocidaire de Netanyahou qui règne. Malgré quelques déclarations comme celles de Maxime Prévot, Ministre des affaires étrangères et donc chef de la diplomatie belge, en faveur de la reconnaissance du génocide et de sanctions contre Israël, force est de constater que rien de concret n’est mis en place. C’est même le contraire, entre le président du MR qui relaie directement la propagande israélienne et le premier ministre N-VA qui met en doute l’application du droit international en étant prêt à ignorer le mandat d’arrêt contre le premier ministre israélien (5)https://www.lesoir.be/666634/article/2025-04-04/bart-de-wever-pas-certain-que-la-belgique-arreterait-binyamin-netanyahou. Ainsi, Israël reste un partenaire économique et culturel important pour la Belgique (6)En 2022, les exportations vers Israël se sont élevées à 2.223,2 millions d’euros (https://www.awex-export.be/fr/marches-et-secteurs/israel/informations-economiques). Au niveau académique, le lien est illustré par les partenariats de différentes universités belges – partenariats dénoncés par les occupations étudiantes pro-palestiniennes..

Alors que le gouvernement affirme qu’un embargo d’armes est d’application en Belgique, les recherches de Stop Arming Israel démontrent que de nombreuses entreprises présentes sur le territoire belge contribuent activement à l’armement du génocide en Palestine. Dernièrement, des composants de F35 destinés à l’État israélien auraient même transité par l’aéroport de Liège, violant directement la Convention de Genève (7)https://www.lesoir.be/684231/article/2025-06-26/composants-de-f-35-vers-israel-le-parquet-de-liege-ouvre-une-enquete-contre. On constate ainsi une véritable passivité complice de façade, qui peine à cacher les intérêts économiques et culturels de la domination israélienne pour les États et le grand capital. Plus de 600 jours après le début du génocide en cours, après le massacre d’au moins 54 000 Palestiniens selon les chiffres officiels (le bilan réel s’élève probablement beaucoup plus haut puisqu’un tres grand nombre personnes sont disparues sous les décombres), alors que la pression populaire n’a jamais été aussi claire malgré la propagande et les violences policières, la désobéissance civile est devenue un devoir face à l’impunité de la complicité des États et du capital occidental.

Stop Arming Israel

Stop Arming Israel Belgium (SAIB) est une initiative citoyenne belge visant l’arrêt de la fourniture d’armes et de composants d’armes à Israël via le territoire belge, en ciblant directement les entreprises responsables. Le mouvement se base sur trois axes stratégiques complémentaires : la désobéissance civile, l’information et le dialogue avec les travailleur·euses des entreprises visées, et les actions décentralisées. L’objectif : rendre la situation trop coûteuse pour les structures complices, et forcer un embargo réel par le rapport de force et l’action directe.

Si les moyens d’actions sont nombreux, le 23 juin avait été fixée comme date pour une action de masse coordonnée, la première du genre pour SAIB. Dix cibles potentielles avaient été identifiées, dix entreprises participant directement à la fabrication et/ou la fourniture de composants et matériel (incluant du matériel logistique) destinés à permettre l’armement israélien et le massacre des Palestiniens. Préparée sur plusieurs mois, l’action était précédée de tractages aux travailleur·euses des entreprises potentiellement ciblées, ainsi que de petites actions au Mont des Arts.

Une action somme toute réussie

C’est ainsi que, dans un élan solidaire et militant, près de 1000 personnes se sont mobilisées le lundi 23 juin au matin pour bloquer et endommager deux sites : OIP Land Systems de la société Elbit à Tournai, et Syensqo, une spin-off de Solvay, basée à Haren, juste à côté de l’Otan.

Elbit est la plus grande entreprise israélienne d’armement. Le site de Tournai produit notamment de l’équipement optique (utilisé dans les viseurs des armes israéliennes) et s’occupe également de la maintenance de tanks. Un des produits meurtriers d’Elbit est le drone Hermes 450, directement responsable de nombreuses morts de Palestiniens. L’entreprise est ainsi directement complice dans le génocide en cours, et a même augmenté ses ventes en Israël lors du génocide. Quant à Syensqo, un spin-off de Solvay dont le siège est à Haren en région bruxelloise, cette entreprise vend des produits (comme la résine composite MTM46) en partie destinés à aider les activités d’Elbit, et donc à la production de drones Hermes 450. Syensqo a démenti en précisant que ses produits ne servent que pour des drones non armés. Ce démenti est lui-même invalidé par plusieurs enquêtes et médias (dont des médias israéliens), qui confirment très clairement l’utilisation meurtrière des drones Hermes 450 (8)Voir par exemple https://www.vrt.be/vrtnws/nl/2025/02/05/bedrijf-gaza-belgie-syensqo/.

D’un point de vue d’atteinte des cibles et d’attention médiatique, on peut dire que les actions étaient une réelle réussite. Malgré quelques arrestations de quelques militants sur Bruxelles dès 8h du matin avant leur arrivée sur site, la majorité des participant·e·s, soit plus de 1000 personnes, ont pu rejoindre leur site d’action, tant à Tournai qu’à Bruxelles. Le groupe de Tournai, le plus petit et le plus exposé aux risques, a pu s’introduire à l’intérieur des infrastructures d’OIP vers 5h du matin. Il n’aura fallu que 15 minutes au groupe pour réaliser ce qui représente 1 millions d’euros en dégâts (tanks, matériel de bureau…), d’après Elbit, avant de prendre la fuite. Les groupes visant Syensqo n’ont également eu aucun mal à installer un blocage rapide et total de toutes les entrées de l’entreprise. Une barricade a vite été dressée avec des vélos, et du matériel trouvé sur place (barrières), des chaînes, des colsons et des armlocks (9)Un armlock est une sorte de tuyau à l’intérieure duquel deux militant·e·s se tiennent les bras, permettant ainsi de renforcer le blockage (en rendant notamment compliqué pour les policiers de les séparer).. Le site se trouvant à côté d’une école, les activistes ont coopéré avec les surveillants de l’école pour sécuriser le passage. Élèves et professeurs ont pu se rendre à l’école pour leur matinée d’examen, certains élèves se joignant même aux slogans et adressant des signes de soutien à l’action.

Une fois les activistes sur place, la police n’a pas tardé à intervenir brutalement. Tournai s’est transformée en décor de courses-poursuite. A travers champs, rues, et forêts, tous les moyens policiers ont été mobilisés : hélicoptère, voitures banalisées, policiers en civil, attirails anti-émeutes. Mais le plus choquant est la sortie de leurs armes de service pour menacer certains activistes et les forcer à s’arrêter. Si certaines arrestations se sont faites dans le calme, de nombreux·ses activistes se sont aussi directement fait·e·s menacé·e·s et insulté·e·s violemment. A Bruxelles, la police est arrivée avec autopompe, policiers en armure, et même quelques éléments de brigade canine. Elle a alors entrepris d’arrêter tous les activistes, sans aucune forme de négociation.

Au total, plusieurs centaines d’arrestations administratives et quelques arrestations judiciaires ont eu lieu au terme de cette journée d’action. En sous-effectif clair pour traiter toutes ces arrestations, la police n’a pu mener que des fouilles rudimentaires, une prise de photo, et une détention plus ou moins longue. Cela ne l’a pas empêché de violer de nombreux droits des activistes, tels que la privation d’eau, de protection du soleil, de soins et d’accès aux toilettes pendant plusieurs heures. Elle a saisi également drapeaux, keffiehs, gilets jaunes,… et même les mégaphones. Si l’anonymisation et donc la protection des activistes a pu être préservée en grande majorité, la police a utilisé la fausse menace d’une arrestation judiciaire pour obtenir des données d’identité. Malgré la position non-violente des activistes à Bruxelles, plusieurs arrestations ont été violentes : camarades tirés par le cou, prise de poignet, plaquage au sol avec le genou, ou encore coups de matraque. Plusieurs activistes ont dû aller aux urgences après la détention pour être soigné·e·s, et au moins une personne aurait été hospitalisée (10)https://www.lesoir.be/683363/article/2025-06-23/lentreprise-syensqo-visee-par-une-action-de-desobeissance-civile-pour-protester.

S’armer contre la répression

Ces récits rendent compte de la répression policière clairement plus élevée que lors d’autres actions de désobéissance civile (comme les actions de Code Rouge), de violences policières évidentes, d’un dépassement global des forces de police face à l’ambition massive des arrestations, et des conditions de détention clairement illégales. C’est une observation qui se trouve confirmée : le mouvement pour la Palestine subit plus de répression et de violence que les autres mouvements sociaux de la part de l’Etat et de son bras armé.

En effet, le nombre d’actes illégaux et violents ne se comptent plus. Pour n’en nommer que quelques-uns :

– Utilisation disproportionnée de la force pour disperser une manifestation en face de l’ambassade d’Israël le 29 mai 2024, violence dénoncée par la ligue des droits humains

– La violente répression policière, avec la complicité de l’ULB, de la manifestation étudiante bruxelloise du 3 juin 2024 en contestation de la participation d’Eli Barnavi, ancien ambassadeur d’Israël

– Utilisation répétée de la nasse, considérée comme dangereuse et utilisée sans base légale claire

– Utilisation quasiment systématique de gaz lacrymogène en dehors des limites légales de leur utilisation

– Forte répression des rassemblements pro-palestiniens quotidiens à la Bourse

– Violences disproportionnées lors de la manifestation du 10 juin 2025 en soutien à la Freedom Flotilla, suivies d’une réelle traque pendant toute la soirée et des violences policières dans Bruxelles

– Arrestations massives lors de l’action Stop Arming Israel, sans précédent, y compris lors d’autres actions de désobéissance civile de masse (Code Rouge)

Cette violence a indéniablement un caractère raciste. Non seulement les réfugiés palestiniens sont des cibles privilégiées de la police, mais la cause palestinienne mobilise toutes les couches de la population belge, y compris énormément parmi les personnes racisées (mais aussi féministes radicales, LGBTQIA+, antifascistes, gauche radicale, etc. qui sont aussi fort ciblées par les violences policières). La confiscation des signes religieux (tels que les foulards) lors des arrestations de Stop Arming Israel est une ligne de plus à la longue liste des preuves du racisme systémique policier, déjà entachée de morts toujours trop nombreux, tel·le·s que Mehdi, Sourour ou encore Fabian plus récemment.

En tant que organisation politique engagée dans les mobilisations et actions en soutien à la Palestine, il nous faut donc aussi systématiquement aborder la question des violences policières comme outil de répression. Cette répression plus intense, ainsi que sa banalisation et son impunité, est certainement le signe d’une certaine fascisation mais aussi d’une fébrilité de l’Etat face à l’évidence du génocide et l’ampleur des mobilisations. En Belgique, le programme du gouvernement Arizona prévoit de formaliser et de renforcer davantage ce cadre répressif via la loi et les budgets (11)Voir par exemple notre article précédent pour plus de détails : https://www.gaucheanticapitaliste.org/vers-la-chute-de-larizona-construire-lalternative-dans-et-par-les-luttes/. Qu’on soit syndicaliste, activiste ou simplement citoyen·ne en colère, il s’agira de s’y préparer collectivement.

Un bilan critique

Avec la Gauche Anticapitaliste, nous exprimons notre soutien aux actions, et notre solidarité avec les participant·e·s qui ont subi des violences policières directes ou indirectes. L’importance de cette journée d’actions est double pour nous. Premièrement, face à la radicalité de la violence en cours, la radicalité de la riposte trouve toute sa justification : on ne peut obéir aux lois, si cette légalité implique l’acceptation de la violation directe de tous les droits humains fondamentaux. La justice que l’on défend n’est pas celle du capital et des régimes impérialistes, mais celle de la solidarité avec tous les peuples opprimés et exploités. C’est exactement ce message que l’on peut exprimer à travers des actions de désobéissance civile, dépassant les habituelles manifestations légales.

Deuxièmement, prendre pour cible une entreprise qui a des liens avec l’armement d’Israël permet non seulement de mettre en évidence le soutien économique – par les capitaux privés – aux guerres et aux politiques coloniales, mais aussi de dialoguer avec les travailleur·euse·s de ces entreprises. Clairement, tisser des liens avec les employé.e.s de Syensqo, Thales (composantes de drones), SABCA (pièces pour F-16 et autres avions militaires utilisés par Israël) , Caterpillar (machines d’ingénierie lourde), Challenge (fret de colis non-standards, notamment des armes), ou Safran (composantes des avions de guerre) n’est pas évident. D’où l’importance des tractages organisés par Stop Arming Israel devant ces entreprises en amont et lors de l’action. Si l’accueil n’a pas toujours été très chaleureux, certain.e.s ont néanmoins exprimé leur compréhension voire leur soutien à l’action. Au moins le message a pu passer : il ne s’agit aucunement de s’attaquer au personnel, mais au contraire de les informer sur les liens – non toujours connus – de leur entreprise avec la guerre en Palestine, et de stimuler ainsi une opposition interne dans l’entreprise et une solidarité par en bas.

Néanmoins, il est important de faire un bilan nuancé de l’action. Stop Arming Israel formule le but de l’action comme suit :

L’action entend rendre effectif l’embargo militaire visant Israël décrété par la Belgique en 2009, et exiger des sanctions à l’encontre d’Israël, notamment l’annulation de l’accord d’association UE-Israël (12)https://stop-arming-israel-belgium.com/communique-de-presse-1-000-activistes-bloquent-et-desarment-des-entreprises-complices-du-genocide-en-belgique/.

Il est clair qu’une action de désobéissance civile, même avec un nombre de participant·e·s inédit, ne permettra pas d’imposer un embargo militaire. Sans un soutien populaire plus large, et une volonté de la part des travailleur·euse·s des différentes entreprises impliquées de faire des arrêts de travail pour rendre effectif l’embargo, une action ponctuelle reste principalement symbolique. Ce qui n’empêche pas d’envoyer un message fort par ailleurs. (13)Notons aussi que Stop Arming Israel ne considère pas la désobéissance civile comme tactique unique à appliquer : « Nous croyons que le changement social provient d’une large gamme de tactiques combinées, allant de manifestations de masse à des actions surprises préparées par de plus petits groupes. » (https://stop-arming-israel-belgium.com/

Surtout, une des grosses critiques de l’action dans les médias a été le choix de la cible à Tournai. Selon Freddy Versluys, du conseil d’administration de OIP, l’équipement endommagé aurait été destiné à l’Ukraine, et l’action aurait retardé la livraison de véhicules d’un mois (14)https://odessa-journal.com/activists-destroy-1-million-in-ukraine-aid-mistakenly-believing-it-was-for-israel. Si c’est le cas, le choix de la cible peut être effectivement vu comme problématique. En effet, si la dénonciation de l’implication de OIP dans la guerre en Palestine en tant que filiale de Elbit reste légitime (15)Selon les militants, Elbit fournit 85% des drones et la plupart des équipements militaires terrestres utilisés par l’armée israélienne. (https://www.rtbf.be/article/belgique-des-activistes-de-stop-arming-israel-bloquent-deux-entreprises-jugees-complices-d-israel-11566008, la dégradation de matériel destiné à être utilisé par les Ukrainien·ne·s, dans leur défense légitime contre l’invasion russe et les pratiques génocidaires du régime de Poutine, ne peut être justifiée. Les effets d’une telle action vont à l’encontre d’une solidarité concrète avec tous les peuples en lutte contre l’impérialisme. La grande question reste dans quelle mesure l’affirmation de Versluys est exacte, et si c’est exact, dans quelle mesure Stop Arming Israel était ou aurait pu être au courant de la destination du matériel endommagé. Ce qui est sûr, c’est que les patrons de OIP tout comme la droite ont été les premiers à saisir cet enjeu pour calomnier tous les activistes, (16)C’est le cas de Freddy Versluys, qui a appelé les activistes des « partisans de Hamas »  (https://www.newarab.com/news/1000-belgian-activists-blockade-israeli-linked-arms-companies); mais aussi de Theo Francken, ministre de défense de la N-VA  , qui a de son côté dénoncé la violence d’une « milice d’extrême gauche » (https://www.sudinfo.be/id1010489/article/2025-06-23/une-milice-dextreme-gauche-le-ministre-de-la-defense-theo-francken-reagit).. alors que Stop Arming Israel a omis de publier en réponse une réaction claire de solidarité avec la résistance armée ukrainienne (17)Stop Arming Israel Belgium (SAIB) a pointé l’instrumentalisation de la guerre en Ukraine par Francken et Versluys: “OIP is 100% controlled by Elbit, Israel’s largest private arms company. Every euro goes to fund a group up to its neck in genocide in Gaza and apartheid in the occupied territories […] We can support the Ukrainian people without collaborating in the genocide of the Palestinian people. » Si cette réponse est correcte en soi, elle ne permet pas de justifier la dégradation de matériel qui serait destiné immédiatement à l’Ukraine, si l’on veut garder une perspective internationaliste cohérente.. L’internationalisme ne peut se limiter à une posture morale : une stratégie internationaliste dans le contexte actuel implique un soutien concret à la résistance ukrainienne, permettant d’affaiblir Poutine et par extension toutes les forces réactionnaires au niveau international. Y compris le régime de Netanyahu.

La lutte continue : par en bas, internationaliste

La répression n’a pas pu empêcher la victoire de Stop Arming Israel, et n’entache en rien la légitimité et la nécessité de cette action face au génocide et la complicité des institutions et entreprises visées. Il n’y a donc pas d’appel au découragement, mais, au contraire, à la continuation des efforts pour mettre fin à la situation. D’autres victoires nous attendent. Mur par mur, pierre par pierre, seule une forte organisation sur la durée, nationale et internationale, combinant différentes tactiques, nous permettra de faire tomber ce système impérialiste génocidaire. La solidarité par en bas et la convergence des luttes sont nos boussoles pour se battre contre les impérialismes et les gouvernements réactionnaires partout dans le monde. Tout comme un régime autoritaire ne peut être notre allié pour en combattre un autre, les actions sont à construire dans une solidarité internationale, soutenant et rassemblant tous les peuples en lutte. Ou comme le dit correctement le slogan : De l’Ukraine à la Palestine, l’occupation est un crime !


Source photo : site de Stop Arming Israël Belgium

Notes[+]