Du pain et des roses,
Du soin et du rire,
Du temps mort et de la vie,
De l’air, du souffle,
Des rêves,
Des grèves

Depuis octobre 2018, des femmes*(1)Nous utilisons le féminin neutre et nous parlons des femmes* car nous somme convaincues de la nécessité de nous visibiliser en tant que telles face au système hétéropatriarcal. Mais, en même temps, nos identités dépassent les catégories binaires qui nous sont imposées et la multiplicité de nos identités doit pouvoir être respectée dans l’espace de mixité politique choisie. Afin de rappeler cet usage particulier du mot “femmes”, nous y ajoutons donc cette astérisque. de différents horizons sociaux et politiques se rassemblent une fois par mois à Bruxelles pour organiser une grève féministe des femmes* le 8 mars prochain. Les assemblées sont ouvertes à toutes les femmes*, personnes transgenres, intersexes et non-binaires touchées et révoltées par la violence du système patriarcal. Ce système qui opprime les femmes* et les personnes aux identités de genre et aux sexualités non conformes aux normes masculines-hétérosexuelles.

La participation aux assemblées est libre, des activités sont prévues pour les enfants, des traductions sont mises en place en fonction des besoins et les biscuits sont partagés ! Le Collecti.e.f 8 maars, est le nom bilingue de cette structure qui se construit au fil des assemblées dans le but premier d’organiser une grève nationale des femmes* le 8 mars…. et, très probablement, au-delà !

Plusieurs membres de la Gauche anticapitaliste participent activement à la construction de ce mouvement et aux multiples rendez-vous. Dans cet article, nous expliquons pourquoi il nous paraît primordial de participer à la grève le 8 mars mais surtout pourquoi nous estimons qu’il est de la responsabilité d’une organisation anticapitaliste, féministe et révolutionnaire de s’impliquer dans son organisation, dans le respect de l’autonomie et de la démocratie interne du mouvement.

1. Les femmes* en grève, inédit ?

Depuis les débuts du capitalisme, et particulièrement depuis la crise économique des années 70, le travail n’a cessé de se féminiser. Aujourd’hui, les femmes* représentent un peu moins de la moitié des salarié.es (contre +/- 30% dans les années 80). Parallèlement, les conditions de travail se détériorent, les salaires réels diminuent et les temps-partiel imposés se généralisent.

Le salaire des femmes* est toujours structurellement considéré comme un “salaire d’appoint” alors qu’elles sont celles qui travaillent, s’occupent et subviennent aux besoins des personnes autour d’elles. De plus, les femmes* sont poussées vers des métiers de soins aux autres (santé, éducation) et des métiers de service qui demandent une grande flexibilité (nettoyage, distribution). Dans ces conditions, 90% des temps-partiels sont imposés aux femmes* qui ne pourront jamais obtenir la reconnaissance d’une carrière complète alors même qu’elles multiplient quotidiennement les journées de travail. Les femmes* sans-papiers sont majoritaires dans le travail informel (travail domestique, horeca, prostitution) et les femmes* non-blanches (ou racisées) sont les première victimes du travail précaire (temps-partiels, contrats précaires, horaires morcelés, métiers peu valorisés) et des discriminations à l’embauche, y compris dans le service public, qui les empêchent structurellement d’avoir accès à l’emploi.

Mais, ce n’est pas tout… Depuis la crise économique et financière de 2008, les attaques dans les services publics et la sécurité sociale se sont accélérées. Il devient de plus en plus visible que les gouvernements sont au service des patrons, ils culpabilisent la population pendant qu’ils imposent un sauvetage des 1% les plus riches par la classe travailleuse. En même temps que la précarité salariale, les femmes* subissent l’austérité de front : les pensions, les allocations de garantie de revenu, de chômage et les allocations sociales, le ticket modérateur, les crédit-temps sans motif, les congés de maternité raccourcis en cas de maladie, les crèches, les maisons de repos, les transports, les soins de santé,… tout est détricoté, coupé, privatisé et transformé en marchandise à consommer. Les femmes* sont directement touchées par toutes ces mesures mais elles n’ont pas le temps de s’occuper d’elles-mêmes, elles sont forcées de colmater les brèches d’une solidarité cassée à coup de pelleteuse. Elles tombent malades ou saturent mentalement. Leurs absences au travail sont désormais considérées comme de “l’absentéisme” que les employeurs peuvent sanctionner légalement par des licenciements sans indemnité. Là où aucun espace n’est laissé pour la maladie, cela fait longtemps que la détente, les loisirs, les pauses sont des chimères qui ont un prix.

Face à la dégradation des conditions de travail, de la sécurité sociale et des services publics, les femmes* sont toujours présentes dans les luttes mais systématiquement invisibilisées. On parle des travailleurs, on oublie les travailleuses, avec ou sans emploi, avec ou sans papiers, malades ou en bonne santé. Pour certains métiers, l’affront est encore plus fort, la moitié des femmes* salariées travaillent dans le secteur non-marchand et 40% travaillent dans le secteur des services. Lorsque les aides-ménagères, les nettoyeuses, les éducatrices de la petite enfance, les aides-soignantes, les gardiennes d’enfants, les secrétaires, les infirmières, les institutrices, les enseignantes, les sage-femmes*, les caissières…sont en grève, ce sont des grèves de femmes*. Dans un contexte où les femmes* sont systématiquement effacées de l’histoire, cette affirmation ne peut apparaître comme une offense (ou pire, une division de la classe travailleuse) qu’aux personnes qui nous refusent le droit à l’autodétermination. Elles refusent de comprendre que la classe travailleuse ne peut se libérer en reléguant la moitié des personnes qui en fait partie au second plan.

2. S’organiser et se rendre visibles en tant que femmes*, une nécessité !

Les grèves du travail salarié sont des moyens de lutte qui émergent au 19ème siècle là où le système capitaliste est en plein essor et où l’exploitation salariale se généralise. Ces grèves sont souvent représentées par des groupes d’hommes mais les femmes*, souvent migrantes et/ou encore enfants, étaient également actives dans les mobilisations avec leurs propres revendications. Par exemple, les grèves des travailleuses dans les ateliers de production industrielle en 1880 en Allemagne qui s’insurgent contre le harcèlement sexuel des patrons, des contremaîtres…et de leurs collègues. Nous pouvons aussi parler de la “grève du pain et des roses” des travailleuses migrantes dans l’industrie du textile à Lawrence (Etat-Unis) en 1912 contre la réduction de leur salaire. Alors qu’elles n’ont pas droit à une représentation syndicale, plus de 2000 travailleuses tiennent une grève de plus de 2 mois jusqu’à ce qu’elles obtiennent gain de cause. Elles s’organisent en non-mixité et mettent en place un comité de grève, une caisse de grève, des traductions, des garderies et des cantines communautaires. En plus d’être exploitées, les femmes* sont opprimées en tant que telles*, les grèves des femmes* doivent être plus créatives que les grèves classiques pour lutter sur plusieurs niveaux. The Women’s Tax Resistance League est créée en 1909 par des suffragettes anglaises qui font à la fois grève de la reproduction (refusent de porter des enfants), grève des tâches domestiques et grève des obligations civiques telles que le fait de payer des impôts. Leur slogan principal est le suivant : “pas de vote, pas de taxe”. En 1961, en pleine guerre froide, la grève des femmes* pour la paix aux Etat-Unis rassemble plus de 50.000 femmes* dans plus de 60 villes contre la guerre du Vietnam et les essais nucléaires. En 1974, quatre années après la grève pour les droits des femmes* aux Etats-Unis, le mouvement de libération des femmes* en France organise une grève du travail salarié, du travail domestique, des soins aux enfants et des tâches sexuelles pour visibiliser l’oppression patriarcale. Ces dernières années, nous ré-entendons beaucoup parler de la grève des femmes* de 1975 en Islande où plus de 90% des travailleuses se sont mises en grève du travail salarié et domestique et se sont rassemblées pendant une journée pour réclamer des salaires égaux à ceux des hommes.

En Belgique, la grève des femmes* la plus connue est celle des “femmes machines” de la FN Herstal qui rassemble plus de 3000 grévistes pendant plus de 3 mois pour revendiquer un “salaire égal pour un travail égal”, malgré les tentatives syndicales d’étouffement du mouvement. Une grève, peut-être moins connue, mais toute aussi importante est celles des travailleuses de l’entreprise Bekaert-Cockerill en 1982. Pour augmenter leurs profits, les patrons proposent soit le passage à 36 heures pour tou.tes les travailleur.euses, soit le licenciement de 13 personnes, soit le passage à temps-partiel pour les femmes* non-chefs de ménage. Les délégués syndicaux soutiennent la dernière option à laquelle les femmes* s’opposent fermement car il est hors de question de considérer la précarisation des femmes* comme une solution. Finalement, 13 femmes* qui refusaient la solution à temps-partiel ont été licenciées et furent remplacées par 13 ouvriers masculins engagés avec un salaire plus élevé.

L’histoire montre que les hommes ne se sont jamais spontanément levés pour combattre les inégalités, le sexisme et les violences à l’encontre des femmes*. Elles doivent combattre sur tous les fronts et elles sont rendues coupables si elles osent dénoncer les violences de collègues ou de camarades. Par ailleurs, nous sommes élevées et éduquées à prendre soin des autres, à être souriantes, à être à l’écoute, à être fragiles et dépendantes et à faire attention à notre apparence. Les stéréotypes sexistes sont de véritables entraves à la libération des femmes*. Pour toutes ces raisons, notre auto-organisation dans un mouvement autonome sans hommes cisgenres(2)Personne dont l’identité de genre correspond au genre assigné à la naissance est impérative, non pas comme une fin mais comme un moyen pour pouvoir construire notre pouvoir d’agir et porter nos propres revendications sans qu’elles soient balayées et jugées comme “non-prioritaires”, “hors de propos” ou “bourgeoises”. Les grèves des femmes* font le lien politique entre la nécessité d’imposer un rapport de forces sur le lieu de travail mais également dans tous les espaces de la vie quotidienne. Les féministes des années 70 ont porté le slogan “le privé est politique” pour montrer que l’oppression et l’exploitation des femmes* s’exerce partout et tout le temps, au travail, dans la rue et à la maison. Dans un contexte où nous sommes de plus en plus isolées les unes des autres car nous n’avons pas l’occasion de sortir la tête de l’eau, les espaces en mixité choisie permettent d’échanger sur nos vécus, de retisser des liens et de prendre conscience de notre force collective. Nous ne comptons pas sur d’autres acteurs sociaux (Etat, patrons ni même des dirigeants du mouvement syndical ou camarades masculins) pour nous défendre, comme le résume le slogan “ne me libère pas, je m’en charge !”. Ce dont nous avons besoin, ce sont des complices de lutte prêts à porter nos revendications, pas d’hommes qui parlent à notre place, ni de donneurs de leçon.

3. Grèves internationales contre le capitalisme, ce système raciste et hétéro-patriarcal

Le lundi 3 octobre 2016 est connu comme le “lundi noir” en Pologne où plusieurs milliers de femmes* font grève et manifestent dans les rues de Varsovie contre la restriction du droit, déjà très limité, à l’avortement. Le 19 octobre, les femmes* argentines emboîtent le pas en réaction au féminicide (un meurtre de femme* parce qu’elle est une femme*) de Lucia Perez. Elles se mettent en arrêt de travail pendant une heure dans tout le pays et font le lien entre les féminicides, les violences économiques, sociales, coloniales et territoriales. En janvier 2017, la Women’s March sur Washington rassemble des milliers de femmes* contre la présidence de Trump et pour les droits des femmes*, des personnes migrantes et des personnes LGBTQI+. Dans la foulée, un appel international à des grèves de femmes* est lancé à l’initiative du mouvement Ni Una Menos et de la Women’s Strike étasunienne. Le 8 mars 2017, des grèves de femmes* ont lieu dans plus de cinquante (!) pays à travers le monde. En Espagne, le 8 mars 2018, plus de 5 millions (!) de grévistes battent le pavé dans un mouvement gigantesque. Les femmes* font la grève du travail domestique, de l’éducation, de la consommation et du travail salarié. Elles rejettent les violences faites aux femmes*, les expulsions, le racisme et l’exploitation économique et veulent mettre le droit de vivre dignement au centre des préoccupations. Ce mouvement féministe international re-politise la grève, il porte la volonté d’un changement radical de système qui n’est possible qu’à travers une lutte internationale. Il renoue avec l’origine historique de la journée internationale des droits des femmes* initiée en 1910 lors du deuxième Congrès de l’internationale des femmes* et avec la grève massive des femmes* russes qui donne le coup d’envoi de la révolution le 8 mars 1917.

Dans la plupart des cas, les femmes* sont forcées de prendre un jour de congé pour pouvoir participer aux grèves car l’activité syndicale est affaiblie, rare voire interdite dans de nombreux pays. Mais cela ne les empêche pas d’avoir un impact sur la production économique, entravée par la quantité de “vacancières”. Par ailleurs, la force de ces grèves réside dans leur capacité à faire vivre un mouvement autonome des femmes* qui discutent stratégie politique et qui se radicalisent dans la rue. Ceci est d’autant plus nécessaire qu’il est devenu très compliqué de s’organiser politiquement sur son lieu de travail justement parce qu’il est de plus en plus difficile d’avoir un emploi et d’avoir un contrat de longue durée. De nombreuses femmes*, notamment parmis les gilets jaunes, témoignent de leur envie de frapper plus fort, “d’arrêter la machine” et de ne pas se contenter de rassemblements les jours de weekend. Mais, la radicalité et la convergence des mobilisations est loin d’être donnée, elles se construisent et doivent s’imposer par la construction du mouvement et les débats collectifs en son sein. Il est fondamental de combattre un féminisme réformiste, blanc et bourgeois, dominant dans les médias et les institutions qui combat le sexisme à coup de quotas dans la hiérarchie étatique et capitaliste, et de cheffes d’entreprises millionnaires comme chez Proximus. Il est tout aussi indispensable de faire des ponts et des liens entre l’exploitation capitaliste, l’oppression raciste, l’oppression sexiste, l’oppression des personnes trans et intersexes, l’oppression des personnes malades ou non-valides et la destruction écologique. Ces liens ne se font pas par une superposition de revendications mais par leur connexion permanente. Le but final n’est pas de rassembler écologistes, anti-racistes, féministes, etc. mais de faire que le mouvement ouvrier comprenne qu’il est anticapitaliste de combattre radicalement le racisme et le sexisme, que le mouvement féministe comprenne qu’il est féministe de combattre radicalement le capitalisme et le validisme, etc. Les victoires de luttes massives et auto-organisées dans un secteur fragilisent aussi l’ordre capitaliste dominant, ouvrent des brèches et renforcent l’ensemble du mouvement social et la confiance de la classe travailleuse dans ses propres forces. Le mouvement Black Lives Matter initié par trois femmes* aux Etats-unis en 2013 contre le racisme systémique et l’assassinat de personnes noires (majoritairement des hommes et des personnes trans) a eu un impact sur la radicalisation du mouvement féministe étatsunien, qui a à son tour favorisé le retour de la grève comme arme politique et économique des travailleur.se.s dans tout le pays (récemment encore avec les hôtesses de l’air et les enseignant.e.s). Les meurtres de la militante écologiste hondurienne Berta Caceres en 2016 et de la militante brésilienne du PSOL Marielle Franco, montrent que les femmes* sont des actrices déterminantes non seulement des mouvements féministes et LGBTQIA+ mais aussi des mouvements écologistes, paysans, antiracistes et anticapitalistes…y compris au prix de leur vie. Elles sont dans nos mémoires lorsqu’on lutte et qu’on combat.

4. Et en Belgique ?

Ce 8 mars 2019, la Belgique rejoint le mouvement international avec une première grève nationale féministe des femmes*. Les revendications portent tant sur les pensions que sur l’égalité salariale, la gratuité et la qualité des services publics, la socialisation et le partage des tâches domestiques, une éducation non sexiste, le développement de l’autodéfense féministe, l’accès gratuit et sans restriction à l’IVG(3)Interruption Volontaire de Grossesse, l’écoute et l’accueil de femmes* victimes de violences, la régularisation de toutes les personnes sans papiers, le démantèlement des centres fermés, la transition écologique, l’arrêt de la participation directe ou indirecte de la Belgique à des interventions militaires, la reconnaissance de l’histoire coloniale belge, la liberté d’aimer qui nous voulons, de bouger, de créer et de nous amuser comme nous le sentons.

Comme dans de nombreux pays européens, l’actualité belge est marquée par le pouvoir politique de la droite libérale raciste. La chute du gouvernement n’est pas le résultat d’une mobilisation sociale massive qui aurait été tout à fait nécessaire depuis la formation du gouvernement en 2014 mais autour de la signature du Pacte de l’ONU sur les migrations. Le résultat s’en est aussitôt fait ressentir avec la renaissance d’une extrême-droite de rue et un rassemblement de plus de 5000 d’entre eux à Bruxelles le 16 décembre dernier. Nous savons pertinemment bien que les personnes migrantes ; et/ou non-blanches ; et/ou musulmanes ou juives ; et/ou femmes* ; et/ou trans ; et/ou non-hétérosexuelles ; et/ou syndicalistes ou militant.es de gauche radicale sont directement ciblées par l’extrême droite. Une re-mobilisation antifasciste, particulièrement en Flandre, est indispensable avant les élections fédérales et européennes qui auront lieu le 26 mai.

En même temps, depuis le mois de janvier, le pays est secoué par les grèves massives (des dizaines de milliers !) de lycéen.nes et d’étudiant.es pour le climat. Cette mobilisation incroyable impose la question écologique avec le slogan “pas de climat, pas de futur”. Elle est aussi une démonstration de force du pouvoir des grèves étudiantes. Enfin, plusieurs rassemblements et actions de gilets jaunes contre la hausse des taxes sur le carburant et plus largement contre la vie chère ont eu lieu à différents endroits du pays depuis le 16 novembre dernier. En ce début d’année, les syndicats se réveillent enfin et une grève générale aura lieu le 13 février pour réclamer une réelle augmentation des salaires. La grève féministe des femmes* s’inscrit dans le paysage de toutes ces mobilisations. Son organisation en commissions, avec des groupes de mobilisation et des assemblées générales mensuelles, faire revivre le mouvement féministe autonome. Ce mouvement permet de renforcer les forces anti-capitalistes car ses revendications sont incompatibles avec une logique de croissance économique et de profit. En plus, la grève des femmes* donne une nouvelle dimension à la grève, puisqu’elle stoppe à la fois le travail productif et le travail reproductif, ce travail nécessaire pour que les travailleur.se.s soient “opérationnel.le.s” au quotidien pour produire de la valeur pour le capitalisme. Arrêt du travail, auto-organisation, perspective d’une autre société : le potentiel radical de ce mouvement est évident. Il vient donner un souffle nouveau à un mouvement syndical actuellement dans une impasse stratégique. L’activité de nombreuses participantes du Collecti.e.f du 8 maars a déjà permi que plusieurs centrales syndicales déposent un préavis de grève comme la CNE (hôpitaux, petite enfance, nettoyage, maisons de repos), la Centrale Générale de la FGTB (nettoyage, titres-services, maisons de repos) et la CGSP-Bruxelles (services publics, enseignement, hôpitaux publics, transports, crèches). L’ensemble de la CSC (syndicat chrétien, tous secteurs confondus) couvrira également la grève mais ne déposera pas de préavis. Pour que les préavis se multiplient et se matérialisent par de réelles mobilisations de toutes les femmes* avec ou sans emploi, avec ou sans papiers, malades ou en bonne santé, sans pétards, sans sexisme, sans mains aux fesses, sans musique assourdissante mais avec des revendications radicales, des slogans, des chansons, des actions directes, des occupations de l’espace et des assemblées, la construction d’un mouvement autonome des femmes* est indispensable.

Les revendications générales du Collecti.e.f 8 maars, ne se réaliseront pas en un jour. C’est pourquoi, l’objectif principal de cette première grève féministe des femmes* est de nous permettre de sortir de notre isolement, de dénoncer toutes les violences que nous subissons, d’assurer notre auto-défense et de rendre visible tout le travail que nous réalisons au quotidien et qui dépasse largement le travail salarié. C’est le sens du slogan “si les femmes* s’arrêtent, le monde s’arrête !” et les femmes* comptent bien s’arrêter.

5. Comment s’organiser pour le 8 mars ?

La Gauche anticapitaliste appelle toutes ses membres et sympathisantes à participer aux actions menées le 8 mars ! “En solidarité, chacune avec ses possibilités, son vécu, ses revendications et ses désirs, faisons du 8 mars 2019 une journée intense de lutte et de libération !” :

  • Prends connaissance des revendications globales du Collecti.e.f 8 maars et des différentes façons de faire grève. Consulte l’agenda des différentes actions.
  • Parles-en à tes collègues, tes camarades et tes amies. Décidez ensemble de comment vous voulez vous organiser. Imprimez et distribuez les tracts du Collecti.e.f.
  • Participe à l’assemblée générale (grandes assemblées ouvertes aux femmes*) du Collecti.e.f, le 17 février à 13h30 à la Tentation (rue de Laeken 28 Lakenstraat, 1000 Bruxelles)
  • De la façon la plus classique ou la plus créative, pour 1 heure ou pour toute la journée, fais grève le 8 mars ! La grève dure 24h et l’objectif est qu’il y ait différentes actions et activités prévues dans différentes villes du pays (notamment à Liège, Tournai, Gand, Anvers, Huy, Bruxelles) pour permettre aux femmes* de se rassembler et d’être visibles. À Bruxelles, deux actions clés sont déjà prévues : occuper l’espace public et faire du bruit (14h) et manifester (17h). Si rien ne se passe dans ta ville, c’est peut-être l’occasion d’organiser un rendez-vous !
  • D’ici là, tu peux rejoindre le rendez-vous pour la tournée féministe des piquets de grève à vélo le 13 février ! Rendez-vous à 9h place Horta.
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