Je n’ai pas d’affinités particulières avec le Doktor Vandenbroucke. Son indigeste « état social actif » m’est resté bien longtemps sur l’estomac. Et la fumée dégagée par la crémation de l’argent sale d’Agusta(1)Franck Vandenbroucke accède en 1989 à la présidence du Socialistische Partij (SP), le parti socialiste de la Région flamande. Il succède en 1994 à Willy Claes, nommé secrétaire général de l’OTAN, aux fonctions de vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères. En conséquence, il cède à Louis Tobback la présidence du SP. Il démissionne le 22 mars 1995, à la suite de son implication dans l’affaire Agusta, ayant reconnu avoir en 1991 découvert une somme d’argent noir de six millions de francs belges dans les comptes de son parti, dont il était alors président. Cet argent se trouvait sur un compte de la banque suisse CODEP. Il avait alors décidé de demander à Étienne Mangé de brûler les billets. a irrité mes voies respiratoires.

Il est pourtant indéniable que le ton qu’il a donné à l’orchestre Vivaldi ces dernières semaines, nous change des errements de la Ministre De Block qui le précédait. Je n’irai pas jusqu’à dire que ce gouvernement prendrait enfin les bonnes mesures. Mais quand je vois les longs couteaux du MR (Bouchez et Ducarme qui se battent pour savoir qui va couper la tête à VDB !) s’acharner de telle sorte sur ce « collègue », je me dis que certains changent bien souvent d’avis… Tous les partis des différents gouvernements (dont le MR -Clarinval, Borsus) n’ont-ils pas participé au Comité de Concertation qui a pris la décision de fermer les commerces non-essentiels ?

À quoi devait servir cette mesure ? Diminuer la circulation d’un grand nombre de personnes, en particulier dans les centres commerciaux et les rues piétonnières (où sont concentrées les plus grandes enseignes et les plus grandes surfaces) surtout, et étudier comment mettre en place d’autres formes (un service sur rendez-vous par exemple) pour rouvrir au plus tôt les petites boutiques. C’est une logique qui est défendue depuis des mois par la plupart des scientifiques, rejoints d’ailleurs par les syndicalistes du secteur du commerce au nom de la préservation de la santé du personnel et des clients. Dans le rapport du Celeval du 29 octobre ceci était formulé de la manière suivante : « limiter les contacts en interdisant tout mouvement non essentiel et en fermant ainsi les magasins non essentiels- et/ou en fixant un périmètre de 5 ou 10 kilomètres (comme en France) ».

L’enjeu c’est une possible troisième vague

Dans la progression d’une épidémie, les choses changent très rapidement et on en perd vite le contrôle(2)Exemple : entre le 1er septembre et fin octobre on est passé de 194 cas positifs par jour à 23921 et de 14 nouvelles hospitalisations par jour à 744.. Il s’agit donc d’anticiper. Et de prendre en compte toutes les informations qui permettent de prévoir les développements de la situation.

À cet égard, ces quelques derniers jours sont riches en informations… On a pu observer comment une partie importante des populations frontalières s’est comportée dès la réouverture des magasins côté français, peu de jours avant la Belgique. Et puis il y a eu ces personnes se réunissant en masse, sans se soucier du coronavirus et des mesures sanitaires pour admirer les illuminations sur la Place de Bruxelles et à Bruges.

Et enfin il y a ces informations qui nous viennent du Canada. Voici ce que rapporte la RTBF ce dimanche 29 novembre(3)https://www.rtbf.be/info/societe/detail_flambee-de-cas-au-canada-depuis-thanksgiving-un-exemple-de-l-impact-d-un-noel-comme-d-habitude-en-belgique?id=10641097 :

« Alors qu’il a fallu à cette nation nord-américaine près de trois mois pour passer le cap des 100.000 contaminations, c’est une période de moins d’un mois qui s’écoule pour passer de 200.000 à 300.000 cas de coronavirus recensés sur le territoire canadien. « L’incidence des rassemblements familiaux le jour de l’Action de grâce est une réalité », explique Santiago Perez, infectiologue à l’hôpital de Kingston dans l’Ontario, interrogé par Le Monde. Cette région est l’une des plus touchée par la pandémie. Pour ce médecin, la tenue des célébrations du Thanksgiving made in Canada a eu un impact certain sur l’évolution de l’épidémie dans le pays. « De ce jour, nous avons perdu le contrôle de la pandémie », poursuit-il. Car oui, depuis la date de la fête, la croissance a suivi une courbe exponentielle et n’a, depuis, jamais pointé vers le bas ».

Noël, Noël, voici le rédempteur… (air connu)

Il est évident que les pressions de Bouchez et consorts sur VDB servent surtout à repositionner le MR dans l’opinion publique. Avant le Comité de Concertation, Gloub s’était institué le Saint-Sauveur-de-la-Fête-de-Noël, le voici maintenant Grand-Serviteur-des-Petits-Indépendants. Il veut que le Comité de Concertation revoie sa copie dès le 15 décembre. Mais avec quelles conséquences ? Selon Charlotte Martin, infectiologue au CHU Saint-Pierre, « si jamais il y devait y avoir une troisième vague, le personnel soignant aurait bien du mal à la gérer, vu son état d’épuisement(4)https://www.rtbf.be/info/belgique/detail_nous-craignons-une-troisieme-vague-vers-la-mi-janvier-si-les-mesures-ne-sont-pas-respectees-pour-les-fetes-avertit-charlotte-martin-infectiologue-au-chu-saint-pierre?id=10643244 » L’infectiologue estime que les mesures doivent donc rester strictes, notamment en ce qui concerne les fêtes de fin d’année :

« Nous avons peur des fêtes de fin d’année, parce que, et c’est très logique, les gens ont envie de se rassembler. Maintenant, tout va dépendre de la proportion de population qui va bien respecter les mesures. Plus elles seront respectées, plus nous aurons de chance d’éviter une troisième vague et ainsi de démarrer 2021 sans devoir reconfiner avant l’arrivée du vaccin.(5)Idem »

L’enjeu c’est bien évidemment le risque de déclencher une 3ème vague avant même que la deuxième ne s’épuise…

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