Le 1er mai, la commune de Bruxelles, soutenue dans ses efforts par le journal télévisé du service public, nous a donné un spectacle préparé et annoncé de longue date : Comme promis par le bourgmestre Close, les médias bienveillants étaient convoqués à rapporter les péripéties d’une gigantesque provocation policière contre le rassemblement festif de 2000 jeunes contrevenant le dispositif de prévention du coronavirus. Contrairement aux commentaires de la RTBF, ses propres images ne laissaient aucune ambiguïté.

La police avait mis en place un dispositif militaire offensif rappelant Waterloo 1815. Les jeunes se dispersant pour se déplacer et se retrouver, le stratego a duré suffisamment pour qu’enfin, dans la soirée, apparaissent les échauffourées attendues avec enfin des bagarreurs, non policiers. Le même jour, plusieurs communes de Bruxelles, de Liège et d’autres villes ont vu des manifestations contestataires plutôt massives qui n’ont donné lieu qu’à quelques relevés d’identités. Aussi, l’événement du bois fut-il un exercice médiatico-militaire piloté par M. Close, bourgmestre de Bruxelles. Celui qui couvre depuis des années les infiltrés fascisants de sa police, celui qui dénonce publiquement comme “casseurs” des militant.e.s politiques jamais jugé.e.s et contre lesquels aucune plainte n’a jamais été introduite en justice, celui qui participe lourdement au renforcement global des violences et excès de pouvoir des polices, au renforcement des répressions arbitraires administratives, à la négation de plus en plus assumée des droits citoyens.

Ceci dit, la mobilisation des jeunes fêtard.e.s du bois de La Cambre participe d’un phénomène qui prend une ampleur très inquiétante. La pandémie que nous traversons pour un temps encore indéterminé mérite le plus grand sérieux. La limite de débordement des hôpitaux a été atteinte au cours de cette pandémie. En Europe c’est par centaines de milliers qu’elle a déjà tué. Pour y résister, la maîtriser, et peut-être dépasser un jour les mesures de précautions, la vaccination massive et les autres mesures sont incontournables. 

Cependant, pour rassembler le concours du plus grand nombre à leur application, rien ne pourra mieux faire que la solidarité et la mobilisation démocratique. Le phénomène de rejet des mesures, tout compréhensible qu’il soit, repose principalement sur la faiblesse de la conscience collective. Il s’agit de préférer l’amitié festive à la solidarité. En cela la manière d’organiser la lutte contre la pandémie porte une sérieuse responsabilité. Depuis 15 mois les gouvernements élargis en Conseil de Sécurité disposent de consignes impératives de prévention sanitaire, de confinement et d’une grande panoplie de limitations des libertés civiles. Ces dispositions sont prises avec l’assistance experte des meilleures compétences scientifiques, encore que plus d’une fois ce sont des expert.e.s qui furent utilisés dans les médias pour légitimer les tergiversations de l’autorité.

Ceci dit, nos brillantes autorités n’ont pas manqué d’hésitations et de fautes qui n’ont pas pu cacher les déficiences du système de santé après les années de coupes sombres . De surcroît les mesures ont frappé durement et systématiquement des catégories sociales sans défense comme les artistes, les cafetiers, les restaurateurs/rices, les jeunes en prenant les plus grandes précautions pour préserver les intérêts des grandes entreprises en dépit de la répartition réelle des risques de contagion. Une constante tout au long de ce régime d’exception : 15 mois de déni de démocratie qui semble se faire hors contexte légal, sans participation parlementaire, sans aucune forme de consultation populaire, notamment dans les écoles et les universités. Au lieu de cela, des performances répressives qui rappellent des temps sombres.

Depuis le début de la pandémie, la répression a fortement augmenté. Elle vise principalement les quartiers populaires et les personnes racisées en allant parfois jusqu’à l’acharnement menant à la mort (on pense notamment à Adil, tué par la police le 10 avril 2020). Dans l’autre camp social, celui des riches et des patrons : peu de sanctions pour les entreprises qui ne respectaient pas les mesures sanitaires. La répression a également visé les mouvements sociaux :

  • Seules les manifestations statiques étaient autorisées.
  • À Bruxelles, il n’était quasiment plus permis de manifester ailleurs que dans le quartier de la Gare Centrale.
  • Plusieurs manifestations ont été durement réprimées : Manifestation Black Lives Matter, La Santé en Lutte ou celle contre la justice de classe et raciste.

Nous condamnons la répression et la violence policière de plus en plus systématiques ainsi que les pouvoirs publics (gouvernement, communes, …) qui couvrent les abus, violences, le racisme, le sexisme, la LGTB-phobie de la police afin qu’elle serve ses intérêts.

Cela ne doit pas non plus nous aveugler et nous faire manquer de nuance. Le collectif l’abîme, qui a récupéré le concept de La Boum, reste un mouvement dangereux. En surfant sur une frustration (parfois légitime) de la jeunesse qui n’en pouvait plus de ces mesures injustes, il a organisé des fêtes au mépris de la santé de tou.te.s et assume même ses collaborations avec des militants d’extrême droite(1)Notamment Frédéric Baugniet, militant raciste et fasciste au nom de “la liberté de penser”. Parmi leurs partenaires, on retrouve des organisations complotistes, confusionnistes, anti-vaccins, anti-masques… Leur mouvement ne souhaite donc pas défendre un programme social pour notre santé et nos libertés mais un programme libertarien à la limite du darwinisme social.

En tant qu’anticapitalistes et antifascistes, nous combattons toute tentative des extrêmes droites de créer la confusion dans les mouvements sociaux en prenant une posture de révolte alors qu’elle défend un programme ultra-libéral et raciste.

Cela passe également par la construction d’alternatives à ce système :

  • Une prise en charge démocratique par la population et les mouvements sociaux des mesures indispensables à prendre face à la pandémie en prenant soin de notre santé mentale et en privilégiant notre vie sociale au détriment des profits des entreprises !
  • Abolition des brevets sur les vaccins et les médicaments !
  • Pour une solidarité internationale dans la production du vaccin, débarrassée des logiques marchandes !
  • Refinancement et mise sous contrôle 100% public du secteur des soins et du secteur pharmaceutique !
  • Accès universel et gratuit à la santé sans discrimination ou restriction !
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