J’ai entendu parler pour la première fois de Christiane lors de son combat exemplaire contre la fermeture des  galeries Anspach de Woluwe début des années 1990, elle était alors  déléguée syndicale. Elle y a mené une magnifique lutte contre les patrons pour défendre les droits des travailleuses et travailleurs. Plus encore, elle n’a pas hésité à s’affronter aussi à l’appareil syndical de l’époque, le SETCA, qui prônait un marché  de dupes : une baisse de salaire des travailleurs contre une cogestion.

C’est à la suite de ce combat que j’ai rencontré Christiane quand elle a rejoint la Gauche anticapitaliste de la section de Charleroi-Le Centre.

J’ai eu l’énorme privilège de militer à ses côtés notamment avec André Henri, compagnon de route, ouvrier verrier à  Glaverbel Gilly, militant syndical qui nous a quittés il y a bientôt 2 ans (1)André Henry, syndicaliste de combat, nous a quittés.

Croiser le chemin de Christiane, d’André, laisse des traces indélébiles, à tout jamais.

Christiane a été très active dans de nombreux combats, celui des sans abris, celui pour le droit des chômeurs, notamment lors des marches européennes contre le chômage, la précarité, l’exclusion, contre le contrôle abusif des chômeurs.

Elle a également, en tant que militante FGTB, constitué avec d’autres une plateforme rassemblant diverses associations, des militants CSC et FGTB, une plateforme dont elle avait  trouvé le nom: « Chômeurs actifs ».

Elle a été très longtemps une militante active au sein du groupe des Travailleuses Sans Emploi de la FGTB à Charleroi, dans le groupe des Pensionnés et Prépensionnés de la Centrale Générale.

Plus récemment, elle s’était engagée dans la constitution et le combat du comité de luttes pour la défense des sans papiers à Charleroi, contre l’installation du centre fermé de Jumet.

Christiane a été de tous les combats, une fervente militante durant toute sa vie contre le sexisme, contre le capitalisme.

Christiane, c’était une femme de conviction, sans concession, sans compromission.

Christiane était une militante qui n’avait pas sa langue en poche. Quand elle prenait la parole dans toutes les assemblées où elle  se trouvait, parce que oui on savait qu’elle allait prendre la parole, pas pour faire du bla bla ou de langue de bois, non, elle avait des paroles justes, percutantes, mobilisatrices, tout le monde l’écoutait avec attention.

Christiane pourrait être définie comme un des poèmes qu’elle aimait beaucoup et qu’elle avait cité dans une de ses publications, un poème de Lounès Matoub, chanteur algérien assassiné, un poème qui fait écho à ses convictions: 

Tant que dans mes orbites, mes yeux verront le jour, je serai à jamais aux côtés des victimes. Ni les dangers ni la mort ne m’en éloigneront. Je mènerai la lutte, à l’est comme à l’ouest, peu importe la langue de celui qui m’appelle.

Christiane était une indignée, comme on voudrait en voir par millions, partout, ici et ailleurs.

Que ses combats anticapitalistes, féministes puissent en inspirer beaucoup, que tous les jours soient des journées d’action comme celle d’aujourd’hui, jour de grève, pour qu’enfin et le plus vite possible renaisse un monde nouveau sans injustice sociale.

J’ai eu beaucoup de chance d’avoir croisé Christiane dans ma vie, elle m’a beaucoup inspiré. C’était une femme solaire, souriante, amoureuse de la vie, de la justice  sociale, des fleurs, de la fête, de HK et les Saltimbanques, de l’Italie, de Naples.

Christiane : on s’était promis d’aller visiter Naples à nous deux quand tu irais mieux. Promis, j’irai avec toi, dans mon cœur, je marcherai sur tes traces et j’irai boire un bon spritz sur  une terrasse ensoleillée, en pensant fort à toi, à tes combats. Ciao ciao Christiana!

Alba, le 25 juin 2025