Nous publions cet article de Patrick Le Moal en guise de contribution au débat.

Le mouvement qui s’exprime aujourd’hui en France dans les manifestations du samedi contre les mesures sanitaires gouvernementales, bien souvent pas seulement contre le passe sanitaire mais aussi et parfois seulement contre la vaccination voire le port du masque, se fait au nom de la défense des libertés, et notamment la liberté individuelle de disposer de son corps.

La liberté n’est pas toujours mobilisée par les mouvements émancipateurs, elle a déjà été l’étendard de mouvements réactionnaires, par exemple celui pour la « liberté de l’enseignement » en 1984. Aux États Unis, Bush a lancé en octobre 2001 la « guerre contre le terrorisme » en envahissant l’Afghanistan sous l’appellation de « Liberté immuable ». On a retrouvé cet étendard dans les mobilisations libertariennes en faveur de Trump, dans les batailles pour la liberté de porter des armes ! Cette « liberté » est aujourd’hui omniprésente à droite, voire même à l’extrême droite. Elle est au centre de la campagne de Marine Le Pen, autour du slogan “Libertés, libertés chéries!”, pour la liberté vaccinale, la liberté des femmes de circuler en jupe ou en robe, la liberté des entreprises et celles des enseignants…

De quelle liberté, de quelles libertés s’agit-il ? Cette conception de la liberté doit-elle être accompagnée ou combattue ? Est-ce que cette volonté de liberté individuelle a une dynamique émancipatrice ou n’est que l’expression dans la rue de la transformation des membres de la classe des exploité·e·s et des opprimé·e·s en individus privés, isolés les un·e·s des autres ?

Quelle est la substance de ce mot ?

Michèle Riot Sarcey écrit à propos de la liberté que « le mot a perdu sa valeur émancipatrice au profit d’une quête individualiste quasiment étrangère à l’esprit des lumières ». En effet « Libéralisme, capitalisme, liberté individuelle et individualisme ont si bien cheminé de concert, au cours de deux derniers siècles, que leurs destins se sont épousés jusqu’à se confondre. Or la liberté non seulement figura au fronton du siècle des lumières, mais elle fut débattue, revendiquée, appropriée, voire apprivoisée par le petit peuple qui, à chaque moment décisif de son histoire a su la retenir. On a oublié qu’elle désignait, au temps de sa renaissance ou de sa rédemption, pour reprendre la terminologie du moment, la capacité d’exister intellectuellement, socialement et politiquement. A chaque étape de l’histoire, la liberté, reconquise par les gens du peuple, hommes et femmes confondus, servit de drapeau, de référence et d’emblème à chacun, afin que tous puissent en disposer… » (1)Michèle Riot Sarcey « Le procès de la liberté », éd. La découverte, 2016, page 77 et page 296.

Tenter de comprendre comment, de la lutte pour une pratique collective de la liberté, on est passé à l’approche individuelle dominante aujourd’hui…

Tenter de comprendre comment, de la lutte pour une pratique collective de la liberté, on est passé à l’approche individuelle dominante aujourd’hui, essayer d’approcher les raisons qui ont amené à ce délitement, mesurer les victoires idéologiques de la bourgeoisie a plus qu’un intérêt historique. Il s’agit de travailler à lever les obstacles pour agir le plus efficacement possible aujourd’hui dans une perspective émancipatrice.

Au delà de la conception individuelle de la Liberté

La Révolution française instaure dans la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen la liberté, un acquis révolutionnaire, mais avec une conception individuelle : « La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui : ainsi, l’exercice des droits naturels de chaque homme n’a de bornes que celles qui assurent aux autres Membres de la Société la jouissance de ces mêmes droits. Ces bornes ne peuvent être déterminées que par la Loi ». (2)Article 4. de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, référence toujours présente dans la constitution actuelle.

Dans cette approche des vainqueurs de la Révolution, la liberté de chacun·e n’est vue qu’en opposition avec la liberté de l’autre, comme si l’extension de la liberté de l’un·e (le plus souvent de l’un) est une restriction de la liberté de l’autre. N’existe même pas l’hypothèse que la liberté de l’un·e est en même temps la réalisation de la liberté de l’autre.

Conscients qu’entre ceux qui possèdent tout et celles et ceux qui n’ont rien, la liberté est celle « du renard dans le poulailler », le droit des forts d’écraser les faibles, les révolutionnaires prévoient que cette liberté doit être limitée par la loi. Mais cela ne change rien dès lors que ce sont les possédants qui élaborent ces lois … qui ne font que valider leur domination. Le droit de propriété, le droit d’entreprendre, la concurrence sont des libertés garanties avec ténacité et régularité depuis le décret d’Allarde en 1791, alors que la liberté de lutter collectivement contre les conditions d’exploitation est tout simplement interdite la même année par la Loi Le Chapelier. Les tenants de ces libertés vont maintenir l’esclavage, etc.

Le droit de l’égoïsme… cette liberté individuelle forme la base de la société bourgeoise

Marx analyse de manière pénétrante cette conception de la liberté :

« La liberté est donc le droit de faire tout ce qui ne nuit pas à autrui. Les limites dans lesquelles chacun peut se mouvoir sans nuire à autrui sont marquées par la loi, de même que la limite de deux champs est déterminée par un piquet. Il s’agit de la liberté de l’homme considéré comme monade isolée, repliée sur elle-même … le droit de l’homme, la liberté, ne repose pas sur les relations de l’homme avec l’homme mais plutôt sur la séparation de l’homme d’avec l’homme. C’est le droit de cette séparation, le droit de l’individu limité à lui-même.

L’application pratique du droit de liberté, c’est le droit de propriété privée. Mais en quoi consiste ce dernier droit ?

« Le droit de propriété est celui qui appartient à tout citoyen de jouir et de dispo­ser à son gré de ses biens, de ses revenus, du fruit de son travail et de son industrie. » (Constitution de 1793, art. 16.)

Le droit de propriété est donc le droit de jouir de sa fortune et d’en disposer « à son gré », sans se soucier des autres hommes, indépendamment de la société; c’est le droit de l’égoïsme. C’est cette liberté individuelle, avec son application, qui forme la base de la société bourgeoise. Elle fait voir à chaque homme, dans un autre homme, non pas la réalisation, mais plutôt la limitation de sa liberté. Elle proclame avant tout le droit « de jouir et de disposer à son gré de ses biens, de ses revenus, du fruit de son travail et de son industrie. » (3)Marx (1843), La question juive, éd. UGE, 1968, page 37.

Quand la sûreté prime sur la liberté

D’autant que les constitutions subordonnent la liberté à la sûreté que la société bourgeoise doit garantir au droit de propriété. La constitution de 1791 affirme ainsi que « la liberté ne consiste qu’à pouvoir faire tout ce qui ne nuit ni aux droits d’autrui, ni à la sûreté publique » et « l’inviolabilité des propriétés » La constitution de juin 1793, après avoir défini comme droits naturels et imprescriptibles « l’égalité, la liberté, la sûreté, la propriété. » affirme dans son article 8 que « La sûreté consiste dans la protection accordée par la société à chacun de ses membres pour la conservation de sa personne, de ses droits et de ses propriétés. »

Marx commente : « La sûreté est la notion la plus haute de la société bourgeoise, la notion de police ; toute la société n’existe que pour garantir à chacun de ses membres la conservation de sa personne, de ses droits et de ses propriétés …La notion de sûreté ne suffit pas encore pour que la société bourgeoise s’élève au-dessus de son égoïsme. La sûreté est plutôt l’assurance (Versicherung) de l’égoïsme.

Aucun des prétendus droits de l’homme ne dépasse donc l’homme égoïste, l’homme en tant que membre de la société bourgeoise, c’est-à-dire un individu séparé de la communauté, replié sur lui-même, uniquement préoccupé de son intérêt personnel et obéissant a son arbitraire privé. L’homme est loin d’y être considéré comme un être générique; tout au contraire, la vie générique elle-même, la société, apparaît comme un cadre extérieur à l’individu, comme une limitation de son indépendance originelle. Le seul lien qui les unisse, c’est la nécessité naturelle, le besoin et l’intérêt privé, la conservation de leurs propriétés et de leur personne égoïste. » (4)Marx (1843), La question juive, éd. UGE, 1968, page 39.

Pas de Liberté sans action commune

Dès que le mouvement ouvrier naît, dans ses premières organisations, associations, mutuelles, syndicats, courants politiques, il défend une conception de la liberté en s’extrayant de cette approche individuelle instaurée par les vainqueurs de la Révolution Française. La liberté est le moteur de l’histoire, de la lutte de classe qui va mobiliser les ouvrier·e·s au cours du XIXème siècle, pas comme un étendard abstrait, mais concrètement comme pouvoir d’exister intellectuellement, politiquement et socialement en agissant ensemble. La liberté, y compris individuelle, ne prend son sens qu’au sein des groupements divers, de la pratique et des actions collectives.

Cette liberté en actes s’épanouit dans les pratiques coopératives qui réunissent des individus égaux, avec l’objectif d’une liberté universelle acquise à l’issue d’un mouvement d’émancipation politique et sociale : pas de liberté sans action commune. Vivre libre signifie garder la maîtrise de son travail, agir dans tous les domaines en toute responsabilité collective. Les droits démocratiques sont des compléments à cette forme centrale de la liberté, qui lui permettent d’exister pleinement mais n’en sont pas la substance.

La bourgeoisie républicaine défend sa conception de la liberté, les garanties contre l’oppression, les libertés démocratiques, les libertés d’expression, de pensée, de réunion, d’organisation, de grève, le droit de vote, mais ces libertés s’arrêtent là où la liberté d’exploiter l’autre en toute impunité reste centrale. De ce fait, dès lors qu’elle défend le droit de propriété, même la bourgeoisie la plus révolutionnaire est très loin de ces processus d’auto-émancipation, de liberté émancipatrice. La liberté instaurée se transforme peu à peu en pratique libérale en se restreignant dans ce cadre.

« Ainsi le mot liberté, accaparé par ses possesseurs libéraux et de moins en moins associé au pouvoir d’agir, va peu à peu s’effacer au profit de celui d’égalité dans les congrès ouvriers. Et du coup se pose plus fortement la question de l’état et du « meilleur » gouvernement des hommes. Face à ses composantes représentatives des seules classes privilégiées, se dessine alors l’alternative d’une représentation ouvrière. Susceptibles d’incarner la classe la plus nombreuse, ses représentants se donneraient le droit ultime de prendre le pouvoir central avant d’organiser les travailleurs. Une vision qui inverses les priorités et place au second plan les pratiques ouvrières acquises par les ouvriers eux-mêmes. » (5)Michèle Riot Sarcey, Le procès de la liberté, éd. La découverte, 2016, page 276.

Le mouvement socialiste combat le fait que tous les individus qui ne disposent d’aucun bien sont exclus de la liberté concrète, et affirme à juste titre qu’il n’y a pas de liberté possible sans égalité entre les êtres humains. Comment obtenir cette égalité ?

Comme l’émancipation, la liberté ne s’octroie pas, elle se conquiert par le mouvement d’émancipation politique et sociale dans lequel la place des exploité·e·s et des opprimé·e·es doit être centrale. Dès lors que les partis estiment que c’est à eux que revient cette responsabilité, que c’est à une avant garde d’instaurer l’égalité indispensable, le processus de libération échappe aux intéressé·e·s.

C’est un des drames du XXème siècle que toutes les expériences de pouvoir alternatif au capitalisme aient échoué de ce point de vue. Dans aucun des pays qui ont un temps dépossédé les capitalistes, la liberté en action des producteurs et des productrices n’a été au centre de l’organisation démocratique de la société. Comment expliquer autrement que c’est au nom de la… Liberté qu’a été réintroduit le capitalisme, y compris à une échelle de masse, alors que le combat pour un fonctionnement démocratique de la société, l’appropriation réelle des moyens de production était marginal ou absent ?

La bourgeoisie à l’initiative

C’est d’autant plus grave que le capital n’est pas resté les deux pieds dans le même sabot. La domination bourgeoise est autant politique, institutionnelle, économique qu’idéologique. Le néolibéralisme qui s’est imposé dans le monde et en France à partir des années 1980 instaure un nouveau mode de domination qui a des conséquences dans bien des domaines.

Le mouvement ouvrier, tant les courants réformistes que révolutionnaires ne l’analysent trop souvent qu’au travers de la privatisation généralisée, des formes d’exploitation exacerbées, de la mondialisation de l’économie et la concurrence libre et non faussée, des attaques contre la démocratie, sans prendre en compte à sa juste importance la bataille idéologique que la bourgeoisie a mené sur cette question de la liberté justement.

En jouant des sens différents du concept central de la pensée politique, la liberté, en brandissant des idéaux de dignité humaine et de liberté individuelle, les élites dominantes ont peu à peu imposé leurs idées en prétendant qu’elles sont « universelles ». Leur projet néolibéral est une conception globale de la société qui, si elle n’a réussi à s’imposer qu’autour des années 1970/1980 a été le fuit d’une longue maturation. Lors de l’ouverture du colloque de 1938 dans lequel est apparu le projet néolibéral, un des principaux théoriciens de ce courant, Lippman, refuse de confondre la liberté avec les droits de l’homme, le droit des peuples à l’autodétermination,…. il s’agit d’une « rupture profonde avec ce qui faisait le cœur du concept de liberté qui s’était construit au XVIII° siècle contre l’oppression en liant les droits de la personne, les libertés civiles, la liberté politique et la liberté économique. Le retournement est complet : le concept de liberté ne désigne plus un ensemble de garanties contre l’oppression individuelle et collective, mais un droit d’affirmer un ensemble de valeurs traditionnelles autoproclamées comme équivalent à la civilisation ». (6)Dardot, Gueguen, Laval, Sauvêtre, Le choix de la guerre civile, éd. Lux, 2021, page 200.

Pour les néolibéraux, la concurrence EST la liberté

La présupposition des élites néolibérales du capitalisme actuel est que le marché, la défense de la libre entreprise, de la liberté de consommer, sont les meilleurs outils de satisfaction des besoins humains, que la concurrence comme type de lien entre les individus va de pair avec la liberté, car elle permet à l’individu de s’affirmer comme « un être autonome, libre et responsable de ses actes » (7)Dardot et Laval, La nouvelle raison du monde, page 209., alors que les différentes formes de collectivisme conduisent à la dictature.

Les néolibéraux pensent que la concurrence n’est pas naturelle, qu’elle doit être organisée par une redéfinition du rôle de l’état, la suppression des entraves à la liberté d’entreprendre, à la circulation des marchandises et aux talents individuels. La société néolibérale institutionnalise donc comme norme sociale la concurrence, dite « libre et non faussée » alors qu’elle est scrupuleusement garantie par l’état, ce qui ne fait que renforcer la primauté de la sécurité de la propriété contre la liberté.

La loi ne suffit pas, il faut que les mœurs intègrent ces valeurs, il faut tout faire pour que chacun·e fonctionne comme une petite entreprise. Ils ont organisé de manière réfléchie « l’homme entrepreneurial », cet individu soit disant responsable et autonome, tant dans sa vie personnelle, sa consommation, ses assurances, sa retraite… qu’au travail. Il a fallu pour cela transformer les comportements. C’est pour l’essentiel en mettant en œuvre des techniques, des dispositifs de discipline, de contrainte, qu’ils ont travaillé à obliger les individus à se gouverner eux-mêmes sous la pression de la compétition.

L’individualisation dans l’organisation du travail

Au travail, chaque salarié devient un « centre de profit individuel », les résultats sont individualisés, les équipes sont autonomes, l’évaluation devient la clef de la nouvelle organisation : chacun doit définir les objectifs à atteindre et les critères sur lesquels il «veut » être jugé. Les contrôles hiérarchiques du nouveau management sont modifiés avec les technologies d’enregistrement, de communication, de surveillance des comportements. Dans une telle organisation, les collectifs de travail deviennent de plus en plus instables, et par une mise en cause systématique de la dimension collective du travail, c’est l’intégrité physique des travailleurs et travailleuses qui est en danger : iels sont responsables de leurs échecs, il n’y a pas de causes sociales aux souffrances, et seule la contrainte exercée sur soi est censée conduire à la réussite : c’est en permanence une violence exercée contre soi même qui est organisée.

La systématisation de la mise en situation de marché

Dans la vie quotidienne, la stratégie des néolibéraux privilégie, glorifie la liberté du choix du consommateur pour les produits, les modes de vie, d’expression et les pratiques culturelles, pour construire « une culture populaire néolibérale de marché prônant une consommation différenciée et une morale individuelle libertarienne ». (8)David Harvey, Brève histoire du néolibéralisme, éd. Les Prairies ordinaires, 2014, page 73.

Cette philosophie de la liberté concerne donc la totalité de l’action humaine en plaçant en permanence l’individu dans une situation de marché qui lui apprend à se conduire rationnellement, libère « l’entrepreneurialité humaine », un régime d’autodiscipline qui manipule les exigences psychiques de désir et de culpabilisation, qui mobilise l’aspiration à la réalisation de soi, dans la vie comme dans l’entreprise. Chaque individu est tenu pour responsable de ses actions et de son bien être, de sa santé, de sa protection sociale, de son éducation, etc … Combien de fois par exemple entend-on qu’il faut que chacun·e soit acteur/trice de sa santé, sache gérer son « capital santé », comme si la santé était une affaire individuelle !

Chacun pour soi, et le marché pour tou·te·s

Dans le capitalisme, les exploité·e·s et les opprimé·e·s ne sont pas libres parce privé·e·s de moyens de production. La « liberté » néo-libérale imposée dans les 40 dernières années ajoute l’idéologie qu’il faut pour se libérer s’exploiter soi-même : celles et ceux d’en bas doivent vouloir être libres de choisir … ce que le système leur impose. Depuis des années cette offensive idéologique mal combattue, tendant à rendre imperceptible ce que les individus ont en commun au-delà de ce qu’ils mettent en commun dans les relations marchandes a réduit la capacité de chacun·e à pouvoir d’agir librement dans tous les domaines en toute responsabilité collective, cette véritable liberté pour laquelle nous devons nous mobiliser.

En effet nous ne pouvons nous satisfaire du constat d’Alain Bihr : « Dans un monde régi par le principe «Chacun pour soi et le marché pour tous», les voix qui tentent de faire entendre que nous sommes tous solidaires au-delà de ce qui nous constitue comme individus, qu’il faut par exemple en situation de pandémie que chacun et chacune se vaccine autant pour les autres que pour lui ou elle-même tout comme les autres se vaccinent autant pour lui ou elle que pour eux-mêmes, que ces voix donc restent malheureusement en partie sans écho. » (9)Alain Bihr, La pandémie Covid-19. Leurs incohérences et les nôtres, Alencontre, 16 août 2021.

Quelle Liberté collective face à la pandémie ?

Sans revenir ici sur l’analyse des raisons de la pandémie actuelle et de la façon dont le système capitaliste concurrentiel et le pouvoir macronien ont démontré leur incapacité à répondre aux défis qui se posent à l’humanité, nous devons avoir en tant que militant·e·s pour l’émancipation sociale et politique une réponse collective sur les moyens d’y répondre à partir des besoins de la population, de l’humanité, pas des profits et des dominants.

Pour élaborer cette réponse, il faut tenir compte de « la dimension essentiellement collective de la santé, qui en fait un bien public dépendant d’abord de l’état physiologique de l’ensemble de la population, lui-même fonction des écosystèmes dans lesquels elle vit, de l’hygiène publique des espaces qu’elle occupe, de ses conditions de vie (travail, logement, loisirs, etc.), de son accès au système social de soins, du progrès des connaissances et des pratiques médicales résultant de politiques de recherche, etc. Si bien qu’en définitive l’état de santé de chacun et chacune dépend d’abord de celui de tous et de toutes les autres avant de dépendre de ses décisions propres. Ce que la situation de pandémie dans laquelle nous vivons depuis dix-huit mois illustre d’ailleurs tous les jours. » (10)ibid.

Vivre et agir ensemble sans contraintes !

Face à cette nécessité, retrouver la liberté de vivre avec des contacts normaux entre individus est l’objectif primordial, central. Pour y arriver, il n’y a qu’une réponse collective.

En effet, toute l’histoire du traitement de ce type d’épidémie, tous les spécialistes et praticiens de la médecine en lesquels nous pouvons avoir confiance, non liés aux trusts pharmaceutiques, confirment que pour combattre un tel virus, limiter les risques de création de nouveaux variants encore plus dangereux que les actuels, il faut au maximum limiter la circulation du virus sur la planète toute entière. Seuls les vaccins permettent cela, de manière imparfaite, surtout en système concurrentiel, surtout avec les politiques sécuritaires qui cherchent à s’imposer, mais il n’y a aucune autre mesure équivalente en terme d’efficacité. Rien qui permet d’écarter 98 % de la mortalité, 90 % des hospitalisations, de réduire la possibilité d’être infecté·e et donc de porter le virus, et de diviser par 10 le risque de transmission lorsqu’on est quand même porteur, porteuse du virus.

Redonner vie à la solidarité, à l’action collective, à l’auto organisation, et partant à la liberté en action, c’est agir pour obliger à une autre politique des vaccins, leur généralisation et leur production en masse pour une vaccination de l’ensemble de la planète, pour aider les plus démunis et les plus réticents à se faire vacciner, en s’organisant à la base, et décider tou·te·s ensemble de soumettre nos besoins et désirs individuels à une cause plus générale, la disparition de cette pandémie par la fin des brevets, les transferts de technologie, la réquisition des entreprises pharmaceutiques.

C’est à partir de cet objectif primordial qu’il faut combattre les politiques de contrôle social mise en place par le gouvernement. Sans défendre l’obligation vaccinale qui n’aurait que des effets négatifs, nous devons combattre politiquement la revendication de liberté individuelle qui est contraire aux besoins de celles et ceux d’en bas sur la planète. En quoi la liberté de se vacciner ou pas résout le problème de la pandémie ? Que penser de la liberté d’être 10 fois plus contaminant que les autres ? Ce qu’on peut penser de celui qui est porteur du sida et qui ne prévient pas ses partenaires sexuels…

Oui il faut être celles et ceux qui cherchent à convaincre que malgré Macron et sa politique, notre intérêt, nos besoins, c’est la vaccination, en mobilisant nos organisations pour aider les plus démuni·e·s et les plus réticent·e·s à se faire vacciner, en s’organisant partout par en bas pour cela, pour imposer qu’elle se fasse au plus près de celles et ceux qui en ont besoin, et pour imposer la levée des brevets pour vacciner toute la planète, tout cela en luttant contre le passe sanitaire, toutes les mesures liberticides du gouvernement qui sont contradictoires avec cette liberté que nous défendons. Cela nous oblige donc à combattre politiquement celles et ceux, qui croyant être opposé·e·s au système en revendiquant ces libertés individuelles, ne font qu’exprimer ce que veulent les possédants : que chacun soit individuellement librement responsable de sa santé dans la concurrence libre et non faussée.

Le 26 septembre 2021

Photo : Dominique Botte

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