Nous reproduisons ci-dessous une carte blanche publiée dans le Soir et signée par plus de 50 organisations, dont la Gauche anticapitaliste, et plus 130 personnes. Le texte dénonce l’impact négatif qu’auront les mesures mises en place et annoncées par la coalition Arizona sur les personnes LGBTQIA+ et invite les acteurs de tous les secteurs fragilisés par les mesures gouvernementales à lutter ensemble.
L’Arizona est le gouvernement avec le programme le plus à droite depuis des décennies. Bien qu’il ne s’en prenne pas explicitement aux personnes LGBTQIA+, son projet de destruction des acquis sociaux touchera particulièrement les personnes LGBTQIA+, notamment les plus fragiles de nos communautés.
Nous savons pertinemment que les plus jeunes dans nos communautés sont très vulnérables dès lors qu’il y a rupture familiale et le phénomène de sans-abrisme est particulièrement prégnant. On manque de chiffres en Belgique mais en France, une personne queer sur cinq a déjà été sans domicile, deux fois plus pour les personnes transgenres. Or, le gouvernement Arizona attaque la jeunesse en sabrant dans les allocations d’insertion (désormais limitées à un an) mais elle met aussi en danger la capacité d’accueil des CPAS avec l’exclusion de près de 100.000 personnes sans emploi alors que les personnes transgenres sont surreprésentées dans les statistiques du chômage. Les CPAS n’ont cessé de tirer la sonnette d’alarme mais le manque de moyens sera criant, ce qui forcera ces organismes à refuser du monde. Sans cette aide, les personnes doivent recourir à la solidarité familiale et quand elles sont en situation de rupture familiale, la rue n’est jamais bien loin.
Une pression croissante sur le secteur social et associatif
Cette fragilité est en partie résorbée par les efforts du monde associatif, qui doivent souvent écoper la mer à la petite cuillère. C’est malheureusement aussi une cible privilégiée du gouvernement De Wever qui charcute les dépenses des ASBL en mettant de plus en plus sous pression les travailleurs et les travailleuses du secteur avec la suppression ou la baisse de subventions ainsi que le gel de l’indexation sur certaines d’entre elles. Ces coupes dans les subventions impliquent également la disparition d’emplois pourtant extrêmement utiles socialement ! De plus, le secteur associatif pourrait bien être fragilisé par la baisse de la réduction d’impôts pour les dons aux organisations caritatives, qui dépendent pourtant en partie de ceux-ci.
L’Arizona s’en prend également au statut des réfugié·es dans une série de mesures injustes et dangereuses pour des populations extrêmement vulnérables, notamment en limitant fortement le droit aux recours juridiques, en attaquant l’indépendance des juges et en attentant à la vie privée des demandeur·euses, en fouillant par exemple leur téléphone personnel. Prouver aux yeux du CGRA qu’on est LGBTQIA+ relève souvent d’un parcours du combattant : la Cour européenne des droits humains (CEDH) a déjà estimé que la seule existence d’une loi pénalisant les actes homosexuels ne suffisait pas à prouver l’existence d’une persécution.
Un quatrième pilier de ce macabre dépeçage est la volonté de lutter… contre la lutte face aux discriminations ! Unia, organe public de lutte contre les discriminations, va voir son budget raboté d’un quart à une époque où il y a une véritable résurgence de l’intolérance et de la violence. Ces coupes budgétaires seront évidemment en défaveur des populations les plus discriminées, parmi lesquelles les personnes LGBTQIA+.
Ces mesures impactent directement et gravement les conditions de vie des personnes LGBTQIA+, que ce soit les revenus et l’aide pour les personnes les plus fragiles, leur vie communautaire ou leur droit à ne pas être discriminées.
Un dénigrement de toutes les luttes d’émancipation
Ces mesures ne sont pas anodines, alors que l’Arizona espère surfer sur cette vague réactionnaire internationale pour s’en prendre à l’ensemble des opprimé·es et des exploité·es. Si le gouvernement, au contraire d’autres forces réactionnaires dans le monde, ne cible pas encore directement les personnes LGBTQIA+ dans son projet de régression sociale, il a en son sein de nombreux·ses opposant·es au « wokisme », une invention politico-médiatique qui sert à dénigrer toutes les luttes d’émancipation, qu’elles soient féministes, antiracistes ou LGBTQIA+. Cette idéologie « antiwokiste » favorise aujourd’hui un climat de violence à l’égard de nos communautés, et nous savons qu’en cas de crise profonde, l’Arizona n’hésitera pas à transformer les discours en actes et à faire de nous des boucs émissaires de leurs politiques mortifères. Le danger est réel, et il importe de lutter dès maintenant.
Depuis plusieurs mois, un large mouvement prend forme contre l’Arizona : le plan d’action syndical a mis des centaines de milliers de travailleur·euses dans la rue ; la combativité des enseignant·es, des cheminot·es, des travailleur·euses des arts a été exemplaire ; les actions féministes du 8 mars et les mobilisations antiracistes du 23 mars ont été l’occasion de dénoncer le programme sexiste et raciste du gouvernement fédéral. Ces exemples montrent que d’autres voix peuvent se faire entendre face à la droite. Malheureusement la Pride n’est plus suffisamment un espace de revendications et de lutte pour les droits LGBTQIA+, en témoignent les épisodes de répression policière de ces dernières années.
Des revendications indispensables
Nous pensons qu’il est important que nous, personnes LGBTQIA+, prenions part à ce mouvement, en mettant en avant nos propres revendications :
- pour un investissement massif dans le secteur de la santé, qui prenne en compte le vécu et les besoins des personnes LGBTQIA+ ;
- pour un soutien substantiel au secteur associatif qui remplit des missions vitales pour nous ;
- pour le développement de politiques publiques d’EVRAS, respectueuses de toutes les sexualités et les identités ;
- contre l’instrumentalisation de nos droits à des fins racistes.
C’est toujours par la lutte que nos droits ont été conquis : en 1969, les émeutes de Stonewall, qui ont marqué l’acte de naissance des luttes LGBTQIA+ modernes, étaient une révolte contre les intimidations de la police, et c’est ce souffle revendicatif qu’il s’agit de retrouver aujourd’hui.
Notre force c’est l’unité : face aux tentatives de la droite et de l’extrême droite de semer la division, nous avons besoin que toutes les personnes LGBTQIA+ s’investissent au sein du mouvement contre l’Arizona, et se lient aux autres personnes visées par cette guerre sociale. Travailleur·euses, militant·es écologistes, féministes, antiracistes, LGBTQIA+ : nous avons tout à gagner à lutter ensemble, contre le projet réactionnaire de l’Arizona et pour un monde plus démocratique et solidaire.
Signataires
Associations et collectifs :
- Au.pays.de.georges.louis
- CADTM Belgique
- Campagne ROSA (Bruxelles)
- Cercle Queer de Bruxelles
- CGSP-ACOD ALR LRB BRU
- La Coalition-Genre
- Coalition Genre et Migration
- Collages Féministes Étudiant.e.s
- Collages Féministes Mons
- Collectif 8 Mars Namur
- Collectif Bi/Pan Bruxelles
- Collectif des femmes
- Collectif Louvain-la-déTERF
- Commune Colère Mons Borinage
- Commune Colère Namur
- Corps écrits
- Crazy Circle
- Extinction Rébellion Mons Borinage + Centre
- Féministe toi-même !
- Féministes anticapitalistes
- Festival Esperanzah!
- Formation Léon Lesoil
- FULL LOVE MAGAZINE
- Garance ASBL
- Gauche anticapitaliste
- Genre Médias
- Genres Pluriels
- Inverti.e.s
- Jeunes anticapitalistes
- JOC Mons
- Kiekebiche
- L’architecture qui dégenre asbl
- La BARBE LIÈGE
- La fédération des maisons médicales
- La Mutinerie Montoise
- La Voix des Femmes
- Le cargo x
- Le DK
- Le George Collectif A.S.B.L.
- Les Dés Genré•es
- Les queerbee
- Lesbiches!
- Let’s talk about non binary
- Maison Arc-en-Ciel du Brabant wallon asbl
- Mons Antifa
- OXO ASBL
- Parti socialiste de lutte (Bruxelles)
- Plan F ASBL
- Pourquoi devenir féministe
- Prisme – Fédération wallonne LGBTQIA+
- pulp.agency
- Rainbow Refugee Committee
- Show Playback
- TPGB Mons
- Transfem Belgium
- Trans Solidarity Fund Belgium
Signatures individuelles :
- Abos Gomez Celia, Chargée de mission au Centre de Préventions des Violences Conjugales et Familiales
- Acil Hind, Personne civil
- Akkari Mélanie, Humoriste
- Alibert Axelle, Psychologue clinicienne
- Amiri Arthur , Étudiant queer
- André Rogge Catherine, Alliée
- Anselot Pauline
- Antoine Julie, Une personne pour le respect de chacun.e
- Arno Schrooyen
- Bâlon Mélissa
- Barbara De Witte Gysens
- Bartholme Marie-Laure,
- Bernat Naïs, Queer préoccupé
- Bissar May
- Blanchy Jean, Administrateur asbl MAC / ensemble autrement / Verviers
- Boitte Julie, Artiste
- Bouilliez Mathilde, Bibliothécaire
- Braun Frédou, Membre de Corps écrits
- Brichaut Clio
- Broquet Dominique, Citoyen
- Brutout Alain, Citoyen du Monde
- Burnay Jonathan, Psychologue
- Cécile Leclère, Travailleuse psychosociale dans le secteur de première ligne
- Celine Decamp, Citoyenne
- Chaumont Esther, Citoyenne bi
- Cheval Florence, Artiste
- Chot Marcie
- Clarey Kily, Artiste
- Claro Mona, Sociologue
- Clerckx Antoine, Assistant social
- Crahay Antoinette
- Dans Célie, Queer associée
- Darah Marie, Personne 2SLgbtqia+
- Dawagne Clémence, Bibliothécaire
- De Blieck Stijn
- De Naeyer Charlotte, Artiste plasticienne
- De Pierpont Noé, Un homme queer concerné
- Deborah Amsens
- Dedryvere Marjorie, Féministe
- Delaite David
- Depireux Yannick, Master
- Destienne Lola, Humoriste
- Diskeuve Basile, Queer
- Dubois Maïté, Madame
- Duby Steffe
- Duvigneaud Naomi, Citoyenne
- Duvillié Guillerme
- Garcia Eva, Femme queer blanche
- Fagniart Ludivine, Membre des queerbee
- Falcicchio Amandine, Citoyenne
- Ferrand Pierre
- Fivet Jeanine
- Fonteneau Bénédicte, Les Identités du Baobab asbl/vzw
- Fournier Anne
- François Marie, Sociologue
- Françoisse Alain, Citoyen Favorable à l’inclusion
- Gabet Severne Roxane, Doctorante en sciences sociales et future enseignante du secondaire
- Garrivier Anouch, Militante queer
- Gaspar Aude, Militante féministe
- Gérain Sibylle, Philosophe
- Gerits Noah
- Germain Cécile, Citoyenne
- Ghojallu-Jacob Naïs
- Godyn Ines
- Gonon Anaëlle, Etudiante
- Guilbert Matthieu, Allié
- Guillet Anne-Sophie, Artiste photographe
- Heloir Alexandra, Alex Wai artiste sexworker
- Henne Zoé, dit Zouz, slameuse/rappeuse
- Herbin Charline, Citoyenne
- Houda
- Istasse Mathilde
- Izquierdo Prieto Nastasja, Citoyenne
- Skwara Juliette, Etre vivant.e
- July Robert, Autrice et traductrice
- Kamal Bouchentouf
- Knorr Aloïse
- Krens Enya
- Lacassagne Benoit
- Lardinois Virginie, Psychologue
- Laura Chaumont, Référente de projet chez Garance ASBL
- Lavenne Simon, Un citoyen engagé
- Léa Revelard, Psychologue
- Lefèbvre Jérôme, Membre du Collectif La Raffage
- Lior Roubaud, Archiviste
- Lits Laura, Sexologue clinicienne à Epicentre ASBL
- Ly Du Uy Yuhan, Etudiant
- Maes Céline, Fonctionnaire à la Cocof
- Maison Sarah, Musicienne
- Maka Zohra, Bi yourself
- Marino Alexsandra, Travailleuse LGBTQIA+
- Menalda Frédéric, Citoyen
- Mernier Lise, Chargée de projets à l’asbl « Corps écrits » et membre de la collective « Féministe toi même! »
- Moujahid Delphine, militante féministe inter-sectionnelle
- Mucedda Massie, Artiste – Blanket la Goulue
- Nanni Amelia, drag artist
- Narbonnet Marie-Clémentine
- Nocturne Baxter, Baxter Nocturne
- Noémie Gmür, Sexologue et thérapeute relationnelle, travaillant à Épicentre
- Nothomb Eugénie
- Ouahib Anyssa, Personne concernée et inquiète !
- Olmos Rocio
- Perdaens Sylvia
- Pier Camille, Artiste pluridisciplinaire
- Pierloot Madeleine, Employée du secteur socio-culturel
- Pierloot Marine
- Pinar Kadir, Membre de l’Assemblée Générale de Çavaria ASBL et la Liga voor Mensenrechten
- Piron Laura, Membre de la Campagne ROSA et du PSL
- Quennehen Marine, Sociologue
- Raoul Les Mécaniques, Dragking bruxellois
- Ribeiro Chloé
- ROBLET Christophe
- Roelants Malika, Militante féministe
- Rolin Jean-Philippe
- Rudodo Céline, Membre de la Collective « La Mutinerie Montoise »
- Saelens Coline, Citoyenne
- Sambi Nzeba Joëlle, Artiste
- Sergent Marine, Humoriste
- Sieuw Benjamin, Citoyen inquiet
- Spazzafumo Tiffany, LGBTQIA+
- Temko Christine, Enseignante
- Tinoco Torrejon, Luis Citoyen
- Van Heddegem Gaëlle, Membre d’Epicentre- Espace de Santé Inclusive
- Vandenhove Christiane, Membre asbl Corps écrits
- Vanderburgh Soura
- Vauquois Laura, Membre de l’ASBL Garance
- Vimont Claire, Accompagnant pédagogique en Education permanente à la Fédération des Centres Pluralistes de Planning Familial
- Virone Carmelo, Ecrivain
- Viveret Gaëtane, Membre de Commune Colère
- Vleminckx Justine, Citoyenne
- Von Arx Chloé, Sexologue
- von Kaatz Delphine, Militante queer
- Walschaerts Léo, Queer et fier de l’être
- Zeilinger Irene, Féministe
- Zeoli Kolya
