Alors que le secteur de la chimie s’apprête à se mettre en grève ce vendredi 5 décembre, nous publions ci-dessous deux chroniques rédigées par l’un de nos camarades, mobilisé devant l’entreprise TotalEnergies à Feluy lors du rassemblement national des délégués de la chimie le 21 novembre dernier et du piquet de l’entreprise lors de la grève intersectorielle du 26 novembre.
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Feluy, le 21 novembre.
Les délégations du secteur chimie se sont donnés rendez-vous à la sortie des camions de l’entreprise TotalEnergies-Petrochemicals à Feluy. Un site de production de plastique d’une capacité de production dépassant le million de tonnes par an. L’entreprise est intégrée au groupe Pétrolier Total, dont les bénéfices mondiaux pour 2024 se montent à 15,2 milliards d’euros nets. Ses « résultats » pour cette année-ci s’annoncent en hausse. Pour l’industrie chimique belge, ce sont 25 milliards d’euros bruts qui ont été distribués aux actionnaires.
Les délégations, venus en front commun, ont rappelé dans les deux langues aux barons de la chimie que la richesse qu’ils accaparent, ce ne sont pas eux qui la créent, mais les seuls travailleurs.
Dans le cahier de revendication déposé par les syndicats pour la convention collective 2025-2026, les travailleurs revendiquent des augmentations salariales pour rattraper le coût de la vie (une situation aggravé par les tripatouillages de l’index de l’Arizona), la prise en compte des métiers lourds (comme dans le cas pour des postés et les travailleurs de nuit), l’améliorations des conditions de fin de carrière à partir de 55 ans (comme en France) et l’amélioration générale des conditions de travail (sécurité, hygiène, durabilité de l’emploi, conditions des petits cadres…).
Permanents et militants de terrain se sont succédés à la tribune pour témoigner en néerlandais et en français de la pénibilité du travail en pause, des conditions d’hygiène, mais aussi de la précarisation croissante de l’emploi avec le prolongement des CTDD ou le recours de plus en plus fréquent à des travailleurs intérimaires ne bénéficiant pas des conditions de travail du secteur.
« Essenscia », la fédération des patrons n’a eu qu’une réponse aux revendications syndicales: inacceptable !
Dès lors, la seule voie possible pour les travailleurs est une grève nationale en front commun au finish et, là où c’est possible, avec occupation des lieux de travail et comités de grèves élus par des assemblées ouvertes à tous les travailleurs.
Les prises de parole à Feluy avaient un ton résolu. La solidarité entre Flamands et Wallons, et entre syndicalistes de différentes couleurs, était palpable. Des applaudissements nourris ont salué les intervenants. La bonne humeur était partout, autour de la baraque à frites et des verres dans les tentes syndicales.
Rendez-vous était pris pour la grève générale du 26 novembre, tous solidaires contre les patrons et leurs hommes de main de « l’Arizona ».
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Feluy, le 26 novembre.
Après le rassemblement national du 21, l’entreprise TotalEnergies-Chemicals était en grève contre le gouvernement Arizona. La production état presque à l’arrêt. Sur les quatre unités de l’usine – les Polypropylènes 2 et 3, le Polyéthylène et le Polystyrène Expansé – seule cette dernière débitait encore un produit de mauvbaise qualité. À part les équipes de sécurité, la production, le laboratoire, la maintenance et l’administration étaient à l’arrêt.
Aux travailleuses et travailleurs de l’usine se sont joints celles et ceux du centre de recherche voisin, TotalEnergie-Research.
De solides piquets tenus par les délégations syndicales FGTB et CNE de l’usine et de la recherche barraient tout passage. Une longue ligne de camions chargés de granulés de plastique était à l’arrêt. Pas mal de délégations d’autres entreprises du zoning sont passés pour manifester leur solidarité. Sur place, vareuses et drapeaux rouges et verts étaient mêlés.
Pour la plupart des militantes et militants présents, il était clair que les mesures gouvernementales et le rejet patronal du cahier de revendications de la chimie n’était qu’une seule et même chose. Pour les jeunes militants dont c’était la première grève, une leçon politique qu’ils ne seront pas près d’oublier.
L’ambiance entre militants était fraternelle. La CNE avait commandé un cochon de lait et la FGTB cuisait des brochettes de poulet sur son barbeuc. L’approvisionnement en baguettes faisait des allers et retours de l’un à l’autre. La bière aussi.
Mais il faudra beaucoup plus qu’un jour de grève pour faire reculer les patrons et le gouvernement à leurs ordres.
Rendez-vous le 5 décembre pour une nouvelle grève sectorielle chimie ?
Photo : Grève intersectorielle du 26 novembre 2026 à Feluy. Crédit : Gauche anticapitaliste / CC BY-NC-SA 4.0
