Nous publions ci-dessous la version longue du tract (téléchargeable en version courte bilingue au format PDF en cliquant ici) que nous distribuerons à la manifestation annuelle contre les violences sexistes et sexuelles, ce dimanche 23 novembre à 14h à Bruxelles.
L’Arizona et les gouvernements fédérés mènent une guerre sociale inédite depuis plus de quarante ans. Au nom d’efforts budgétaires soi-disant nécessaires, ils balaient nos droits conquis de grandes luttes. Ils s’attaquent à la sécurité sociale, aux conditions de travail, aux services publics, aux milieux associatifs, … Ils appliquent le programme de l’extrême droite en intensifiant la traque des migrant·es et la répression des contestations, en maintenant le statut quo sur l’accès à l’avortement, en instrumentalisant les luttes féministes à des fins racistes, …
A travers cette vague réactionnaire, l’offensive menée contre les femmes* et les minorités de genre est particulièrement violente. Ce sont les femmes* qui portent l’essentiel du travail reproductif, celui qui est (mal) rémunéré dans des secteurs particulièrement attaqués comme la santé et les soins, l’éducation ou encore les titres services. Mais aussi celui qui s’effectue gratuitement au sein de la cellule familiale hétéronormée et qui est difficilement combinable avec un emploi dans des conditions dignes. Les femmes* sont ainsi majoritaires parmi les populations les plus précaires, méprisées et suspectées d’abuser d’un système qui permet à peine de garder la tête hors de l’eau. Les femmes* sont encore plus fragilisées par le démantèlement des services publics et non-marchands qui peuvent de moins en moins garantir l’accès pour tous⸱tes à la santé, à la culture, à l’éducation. Comment chercher et trouver un emploi quand les places en crèche sont manquantes ? Comment ne pas interrompre sa carrière ou réduire son temps de travail quand un proche dépendant a besoin de soins adaptés dont il ne peut pas bénéficier par ailleurs ? Comment échapper aux violences hétérosexistes lorsque la prévention et la réparation de celles-ci restent aléatoires et sous-financées, essentiellement portées par un secteur associatif à bout de souffle et au cœur de l’offensive austéritaire de l’Arizona et de ses déclinaisons régionales et communautaires ?
Ces gouvernements d’austérité n’ont aucune intention de reculer tant que leurs coalitions sont debout. Les maigres aménagements qu’ils ont concédés jusqu’ici démontrent qu’il n’y a aucune illusion à se faire dans la voie de la concertation. Faire chuter le plus vite possible le gouvernement Arizona et ses variantes régionales et communautaires est une première étape nécessaire pour redonner confiance en notre classe et tirer le frein d’urgence. Il s’agit donc de les affronter avec un mouvement de résistance massif et déterminé, construit par un syndicalisme et un mouvement social combatifs et démocratiques. Mais cela ne suffit pas: les remplacer par des gouvernements de rupture anti-néolibérale est indispensable pour arrêter ce carnage. Ce n’est pas un simple rebattage des cartes avec de nouvelles élections qui fera émerger cette alternative par magie, d’autant plus que l’extrême droite est aux portes du pouvoir au nord du pays. Dans ce sens, il y a quelques semaines, nous avons adressé une lettre ouverte aux syndicalistes et aux mouvements sociaux pour construire ensemble le rapport de force et l’alternative politique dont nous avons besoin. Il est essentiel que toutes les composantes du mouvement social et syndical posent aussi la question du pouvoir en s’attelant à la construction d’une nouvelle perspective politique, avec un programme de mesures urgentes créé par et pour toutes les composantes de la classe travailleuse. En répondant à la fois à la crise écologique, à la crise sociale et à la crise de la démocratie, le mouvement syndical et les mouvements sociaux peuvent fédérer des forces immenses et changer complètement le rapport de forces.
Le mouvement féministe a beaucoup à apporter à la construction de la résistance et de la lutte pour un autre monde, en mettant en avant une culture du prendre soin dans laquelle l’activité sociale est définie à partir des besoins humains et environnementaux, une société qui place le travail reproductif au centre et qui le libère des exigences de l’accumulation capitaliste écocidaire.
Avec plus de 140.000 personnes dans les rues, la grève du 14 octobre dernier a été un énorme succès, fédérant une diversité de manifestant·es et de causes, tous⸱tes uni⸱es contre les politiques racistes et antisociales de la droite et de l’extrême droite. Cela ne doit être qu’un début! Sous la pression de notre mobilisation en octobre, les syndicats appellent à trois jours de grève en front commun fin novembre. Renforçons le mouvement, en participant à la grève ou en soutenant les grévistes des services publics les 24 et 25 novembre et en rejoignant massivement la grève interprofessionnelle du 26 novembre.
C’est le moment d’accentuer la pression contre les gouvernements et de poursuivre un plan d’actions crédible, qui combine mobilisations locales et nationales, sectorielles et interprofessionnelles, tout en développant la diversité et la radicalité des aspirations que la résistance sociale a fait entendre jusqu’ici. Alors, sans plus attendre, préparons aussi la suite, en discutant partout, avec nos collègues, voisin⸱es et ami⸱es, des attaques austéritaires et des alternatives à défendre. Amenons nos syndicats, collectifs et associations à travailler à une convergence des fronts de résistance, pour transformer la révolte qui gronde en énergie de changements sociaux, féministes, écologistes et internationalistes, capable de dégager le plus vite possible les gouvernements réactionnaires !
Pour stopper le carnage :
- Financement massif et structurel des services publics et non-marchands (crèches, santé, éducation, culture, services sociaux, infrastructures d’accueil, homes) ;
- Sécurité financière pour tous·te·s : pensions pour toutes les carrières; allocations garantissant une vie digne pour chacun·e ; fin du statut de cohabitant·e; fin des temps partiels imposés qui nous maintiennent dans la précarité économique ;
- Désinvestissement de la police au profit d’un plan d’investissement massif pour la prévention et la lutte contre les violences sexistes et sexuelles envers les femmes, les minorités de genre et les enfants ;
- Accès réel, libre et gratuit à la contraception et à l’avortement jusqu’à 24 semaines, la dépénalisation de l’IVG et la fin du délai de réflexion ;
- Fin des politiques migratoires racistes et la régularisation de toutes les personnes sans-papiers ;
- Solidarité avec les femmes du monde entier : soutien à la résistance des peuples en lutte (en Afghanistan, Ukraine, Iran, Palestine) contre les agressions impérialistes ;
- Dehors l’Arizona et les gouvernements austéritaires : pour une alliance large des mouvements sociaux et des syndicats, en défense d’une autre société : féministe, solidaire et démocratique.

