Ce lundi 2 juin, dans l’après-midi, au parc Élisabeth à Ganshoren, un enfant de 11 ans a été percuté et tué par un véhicule de police. Encore un. Encore une fois, un jeune a perdu la vie dans une intervention policière. Encore une fois, renversé par un policier. Et encore une fois, les institutions réagissent avec froideur, relaient une version à charge contre la victime, et les responsables se réfugient derrière des enquêtes complices qui, en général, n’aboutissent à rien.
La mort de cet enfant n’est pas un accident isolé. C’est l’aboutissement d’une violence policière qui s’aggrave depuis des années. On l’a déjà vue à l’œuvre lors de rassemblements pacifiques à la Bourse, même lorsqu’ils accueillent des familles et des enfants. On l’a vue quand des grenades ont été envoyées dans des plaines de jeux. On l’a vue dans les arrestations brutales de mineur.e.s. Toute cette brutalité croissante, banalisée, ne peut mener qu’à l’irréparable.
Et c’est exactement ce qui s’est à nouveau produit ce lundi.
La réaction des autorités et de certains médias ? Accuser la victime. On a pu lire que l’enfant roulait en trottinette… sur le trottoir. Comme si cela justifiait sa mort. Comme si cela devait détourner l’attention du comportement des policiers. On connaît leurs habitudes : vitesses excessives, méthodes de poursuite irresponsables, mise en danger du voisinage. Une fois de plus, l’arme n’était pas une matraque ou un pistolet : c’était un véhicule lancé à pleine vitesse. Dans un parc.
Quand on parle de désarmer la police, on pense bien sûr aux armes à feu. Mais il faut aussi parler des véhicules, des poursuites, de tout ce que les policiers utilisent pour blesser, humilier, parfois tuer. Ce n’est pas la première fois qu’un véhicule de police devient une arme. Il y a moins d’un mois la mort de Christophe Amine tué par un policier qui roulait à toute vitesse sans permis et avec les gyrophares éteint. Mais aussi Sabrina, Ouassim, Adil, Mehdi. Et aujourd’hui, Fabian, un enfant de 11 ans s’ajoute à cette liste bien trop longue. Tous.tes tué.e.s par la police.
Le scénario se répète : les auteurs deviennent victimes. Les policiers sont présentés comme « sous le choc », pendant que la famille est brisée à jamais. Le bourgmestre, lui, se contente de dire qu’il a « une pensée pour ce jeune garçon, né en 2013 », mais aussi « pour les policiers ». Cette fausse équivalence est indigne. Elle fait partie du problème.
Il est temps de regarder la vérité en face : la police tue. Elle est protégée, elle est armée, elle est couverte par une justice de classe et raciste qui, comme on l’a déjà vu dans de nombreuses affaires, acquitte plus souvent qu’elle ne condamne.
Combien d’enfants devront encore mourir pour que cette impunité cesse ? Ne restons pas silencieu.x.ses.
Nos pensées et notre solidarité vont à la famille et aux proches de Fabian, ainsi qu’à toutes les familles qui ont subi ou subissent encore les violences policières.
Un premier rassemblement s’est tenu aujourd’hui et la colère gronde. L’histoire de Fabian n’est pas séparée de celle des autres victimes tuées par la police.
Nous défendons la nécessité de construire un mouvement large et unitaire de lutte contre les violences policières qui rassemble tou.te.s les proches des victimes de violences policières et toutes les organisations et personnes souhaitant mettre fin à cette impunité policière.
Alors que l’Arizona prévoit la création de brigades spécialement consacrées à la répression de la jeunesse des quartiers populaires et la fusion antidémocratique des polices bruxelloises, la Gauche anticapitaliste appelle au désarmement de la police et à la redirection des budgets policiers vers les budgets sociaux et de soins.
Nous n’avons pas besoin de policiers qui roulent à 60km/h dans un parc pour chasser et tuer un enfant qui roule en trottinette. La police n’a rien à faire dans ce type de situation. Une autre approche est indispensable.
Nous défendons également la création d’une véritable commission indépendante de contrôle démocratique et citoyen de la police pour qu’elle rende des comptes, et la tolérance zéro envers les crimes commis par la police ainsi que la dissolution de toutes les brigades incriminées.
Ces revendications s’inscrivent dans la perspective de l’abolition de l’institution policière, créée pour défendre l’ordre capitaliste, raciste et hétéro-patriarcal. Et vouée à disparaître avec celui-ci.