J’ai promis de faire un article sur la projection du film documentaire Libre de Michel Toesca avec Cédric Herrou. Parce que le mardi y’a réunion et que je vais la louper pour aller au cinéma, alors dans un sursaut de morale judéo-marxo-chrétienne je tente une expiation de ma faute par l’écriture.

Cédric-Herrou-Libre

Projection du documentaire « Libre » en présence de Cédric Herrou au cinéma Vendôme à Bruxelles le 2 octobre 2018.

Mardi soir, la salle est comble, je m’installe au deuxième rang, le nez sur l’écran. J’ai envie de râler sur mon inconfort, ma trachéite, mon envie de pisser, puis le film commence et très vite je comprends que je vais bien bien relativiser.

C’est une petite caméra à l’épaule qu’a embarqué Michel, le pote de Cédric. C’est un témoin de ce qui se passe là-bas, dans la vallée de la Roya, à la frontière franco-italienne. Une vallée qui depuis toujours a été le chemin des migrations des femmes et des hommes.

Chaque jour, dès la fonte des neiges, des visages apparaissent sur les collines qui bordent sa petite exploitation agricole. Des visages de femmes, d’enfants et d’hommes qui ont marché et marcheront encore vers un peu mieux si possible. Ce « un peu mieux », c’est ce que fait Cédric Herrou en mettant ses terres a disposition, en conduisant et en accompagnant.

Il n’est pas seul, il y a cette infirmière qui soigne ce genou usé par la marche et les chutes le long des voies de chemins de fer, qui fait entendre les battements de cœur de son bébé a une mère épuisée, qui doit annoncer à un homme qu’on ne peut pas soigner son impact de balle dans la jambe car il faudrait aller a l’hôpital. Cette infirmière qui mélange quelques mot d’arabe, de français et d’anglais pour tenter d’apaiser et soigner. Elle habite la Roya, depuis toujours, elle bosse certainement plus que son corps ne le devrait mais au moment du repos elle va chez Cédric Herrou pour aider encore.

Cédric Herrou décrit son action comme étant totalement politique. Il n’oppose pas la citoyenneté à la politique. La réappropriation du langage me semble importante : la politique n’est pas ce que la professionnalisation de cette fonction en a fait. La politique c’est ce paysan « bac-4 » (comme il se définit) qui se sent responsable de sa vallée et de ce qu’il s’y passe.

C’est cette question qu’il pose à tou.te.s les élu.e.s de la république et à laquelle il n’a jamais de réponse « qu’est ce qu’on fait ? » Qu’est-ce qu’on fait ? Les humains migrent, migreront encore, alors qu’est-ce qu’on fait ?

Cédric Herrou a décidé d’accueillir, d’aider, de faciliter. Ce n’est pas son métier, lui il cultive des olives mais c’est sa vallée et ces femmes, ces enfants et ces hommes sont là, alors il accueille. Il tente de faire respecter l’accueil des mineur.e.s et la prise en compte des demandes d’asile.

Ces droits-là sont bafoués quotidiennement par les autorités qui devraient les organiser.

Alors, pour pallier à ces manquements républicains, Cédric Herrou donne du corps à son indignation, aidé par un groupe de citoyen.ne.s éclairé.e.s, dans tous les aspects de la mise en pratique de cette bouée de sauvetage montagnarde.

On s’organise et on agit !

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