Depuis le 23 mai, plus de 400 personnes sans-papiers occupant plusieurs lieux (dont l’ULB et l’église du Béguinage) ont entamé une grève de la faim pour sortir de trop longues années de clandestinité forcée, d’absence de droits et de protection, de violences et de surexploitation. Cette grève a suivi un mouvement d’occupations politiques ayant débuté le 30 janvier et lancé par l’Union des sans-papiers pour la régularisation (USPR).
Leur état de santé, déjà mis à l’épreuve par leur condition, s’aggrave de jour en jour : perte de poids allant jusqu’à 20-30%, crises cardiaques et comas hypoglycémiques. Le désespoir dans lequel certain.e.s se retrouvent les ont poussé à des tentatives de suicide voyant que rien ne bouge du coté du gouvernement malgré plus d’un mois de grève de la faim et plus de 5 moins d’occupation.
Le comité de soutien a également occupé l’Office des Etrangers et le siège du Parti socialiste francophone. Le but était de mettre la pression sur les partis francophones qui sont actuellement dans la coalition Vivaldi pour que ces derniers puissent mettre la régularisation sur la table du gouvernement fédéral De Croo.
Pour rappel
Le gouvernement fédéral n’a toujours pas l’intention de procéder à une nouvelle campagne de régularisation collective, et le secrétaire d’Etat à l’Asile et à la Migration Sammy Mahdi dont les compétences sont, rappelons-le, assez limitées, ne souhaite toujours pas dévier de l’accord gouvernemental, mis en place en 2020. En matière de politique d’asile et de migration, la coalition Vivaldi avait opté pour ce qu’ils appellent “une solution ferme mais humaine” c’est-à-dire une politique d’expulsion. En ce qui concerne la régularisation, pas un mot.
‘’Le gouvernement veillera ainsi à ce que soient mises en place des procédures simples et rapides, un accueil de qualité et une politique de retour humaine et déterminée.’’
Accord de gouvernement, 30 septembre 2020
Sur Twitter, Sammy Mahdi déclarait au début de la grève de la faim :
« Les grévistes de la faim n’ont pas un droit au séjour. La plupart d’entre eux ont reçu un ordre de quitter le territoire il y a des années. Ils ne l’ont pas fait, sont restés ici à travailler au noir pendant des années et réclament maintenant des papiers. Ce n’est pas parce que l’on ne respecte pas les règles pendant 5, 10 ou 20 ans qu’automatiquement on reçoit un droit de séjour. Sinon, on peut supprimer toutes les procédures de séjour. Et des procédures il y en a: asile, immigration étudiante, immigration pour travailler, regroupement familial, etc. Elles sont accompagnées de règles claires. À côté de cela, il y a une régularisation: exceptionnelle, pour raisons humanitaires. Pensez par exemple à une femme de 85 ans qui est en mauvaise santé et n’a pas de famille dans le pays de retour ».
Aucune solution gouvernementale jusqu’à présent
Alors que la situation devient critique pour la santé des personnes sans-papiers, rien de concret ne semble arriver. Des académiques, universitaires, intellectuel.les, soignant.e.s, … se sont exprimé.e.s dans la presse afin d’alerter le gouvernement sur la gravité de la situation. Des rassemblements spontanés ont eu lieu devant l’église du Béguinage pour soutenir les occupant.e.s qui s’étaient enfermé.e.s à l’intérieur en bloquant les portes. Une occupation de soutien a débuté, il y a une semaine, au sein des locaux de l’Université de Gand.
Après plus de 50 jours de grève de la faim, l’heure n’est plus de convaincre un gouvernement qui pratique la politique de l’autruche sur ce problème structurel. Le PS ayant timidement demandé au début du mois de juillet la convocation d’une conférence interministérielle (qui n’a toujours pas eu lieu) et Ecolo ayant décidé de faire preuve de discrétion sur ce dossier n’assument plus leur responsabilité pendant qu’une autre partie du gouvernement rejettent, dans leur communication, la faute de la dégradation de l’état des sans-papiers sur les associations et organisations qui soutiennent la lutte de l’USPR.
Les personnes grévistes de la faim, qui sont toujours déterminées à aller jusqu’au bout, doivent être régularisées immédiatement (principale revendication défendue par l’Union des sans-papiers pour la régularisation) avant que n’aient lieu des conséquences plus graves(1)Allah korusun (que Dieu nous en préserve) .
Il ne peut y avoir de structure raciste et capitaliste qui soit humaine et qui se soucie de la vie et de la santé des sans-papiers. Si des solutions temporaires se mettent en place (comme l’octroi d’un permis de travail d’un an), pourront-elles réellement améliorer la condition des ces personnes grévistes de la faim ? Pendant un court temps oui et cela pourrait sauver la vie des personnes en grève de la faim. Mais rien n’aura changé, nous devrons mener la lutte pour un changement radical de politique. Il ne suffira pas de petites rustines pour avoir bonne conscience.
Nous soutenons la construction d’un rapport de force par une lutte unitaire regroupant les citoyen.ne.s (avec et sans-papiers) des trois parties du pays (Bruxelles, Flandre et Wallonie), les associations, les organsiations politiques non gouvernementales, les universités et étudiant.e.s devenant plus que nécessaire pour la régularisation de tou.te.s les sans-papiers et la liberté de circulation et d’installation.
Notes