Selon Geert Bourgeois, les Flamand.e.s devraient être aussi fier.e.s de leur pays que les Catalan.e.s de la Catalogne. Il est clair que les nationalistes flamand.e.s souffrent du manque d’identité flamande chez leurs sujets. Mais le ministre-président de la Flandre fait de la politique et, pour lui, la fin justifie les moyens. Pour les Catalan.e.s il ne s’agit pas de fierté mais des relations entre leur région et l’État espagnol, un État sorti de la dictature Franquiste qui ne s’est pas débarrassé de ses éléments fascistes dans l’administration, la justice, la police et l’armée. La présence de telles forces réactionnaires dans le Partido Popular de Rajoy n’est pas un secret. Son intervention policière en Catalogne est liée aux traditions nationalistes de droite de l’Espagne : Una y grande ! La Catalogne a dû payer un prix très lourd pour sa résistance contre le fascisme espagnol dans la guerre civile. Elle ne l’a pas oublié. Il ne s’agit pas de fierté catalane, mais de relations économiques, sociales et politiques concrètes avec Madrid. Vu sous cet angle, les relations de la Flandre avec Bruxelles  sont très différentes de celles de la Catalogne avec Madrid.

La solidarité des nationalistes flamands (avec le Vlaams Belang en tête) avec la Catalogne est des plus hypocrites. Les prédécesseur.e.s de nos nationalistes étaient pendant la guerre civile espagnole unanimement derrière le général Franco et son fascisme. Celui-ci était pourtant contre toute forme, aussi restreinte soit-elle, d’autonomie culturelle et politique pour la Catalogne, sans mentionner le pays Basque. Cela n’empêche pas De Winter & C° de se ranger derrière les Basques, Catalan.e.s, Breton.ne.s… pour se donner une image des défenseurs des « petites nationalités opprimées » dont… la Flandre. Ce nationalisme est des plus faciles : les problèmes sociaux n’ont qu’une seule origine : les étranger.e.s, les pouvoirs étrangers, les tyrans qui n’ont pas de liens ethniques avec le peuple (volksvreemd). La NV-A, qui craint pour son projet nationaliste néolibéral au sein de la C.E., reste prudente sur la question : on condamne l’action policière espagnole mais on se tait sur la question de l’indépendance. À la grande colère de certains compagnons de route de ce parti qui fume l’opium de l’indépendance flamande.

Il n’appartient pas au politicien.ne.s flamand.e.s de s’exprimer sur l’indépendance ou tout autre forme d’autonomie de la Catalogne, mais uniquement aux Catalans elleux-mêmes. Se référer à la constitution espagnole pour interdire le référendum catalan est la négation même du droit des peuples à l’autodétermination : un peuple ne peut interdire l’autonomie d’un autre peuple. Un référendum organisé en toute liberté aurait pu jeter une lumière sur les rapports de forces entre Barcelone et Madrid. Il n’est pas sûr que les indépendantistes auraient gagné. En tout cas c’est Madrid qui avait peur du résultat, et cela nous montre la vraie nature de l’État espagnol.

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