La section de Mons de la Gauche anticapitaliste a commencé à diffuser, en novembre dernier, une lettre ouverte adressée à la gauche montoise. Cette lettre a également été envoyée au PTB Mons-Borinage, sans avoir reçu de réponse officielle à ce jour. Nous la reproduisons ci-dessous…

Nous, militant.e.s de la Gauche anticapitaliste, adressons cette lettre ouverte à toutes celles et ceux qui veulent que s’affirme à Mons, lors des élections communales de 2018, une véritable alternative. Aujourd’hui, les partis traditionnels se complaisent dans les « affaires » ou dans la routine. Ils sont tous prêts à s’allier l’un avec l’autre, dans des majorités interchangeables selon le niveau de pouvoir, et finissent par mener des politiques semblables voire identiques. À Mons pas plus qu’aux niveaux de pouvoirs supérieurs ils ne sont capables d’offrir une alternative à un système économique et politique qui impose à toutes et tous l’austérité et la précarité.

Nous nous adressons aux militantes et militants associatifs, syndicaux, progressistes, antiracistes, mais aussi au PTB et à ses affilié.e.s, pour leur proposer de mettre sur pied une liste unitaire représentant toutes ces sensibilités, toute cette diversité. Nous suggérons de procéder à un bilan sérieux de la situation actuelle de la ville à discuter le plus largement possible (impacts des retards dans les grands chantiers sur la vie de la cité et de ses citoyen.ne.s, bilan de Mons 2015…) et d’aborder ensemble quelques pistes de travail :

  1. Du logement pour tou.te.s
  2. Du travail pour tou.te.s
  3. La culture pour tou.te.s
  4. Des transports de qualité pour tou.te.s
  5. La transparence et la démocratie par et pour tou.te.s
  6. Une commune hospitalière

1 Du logement pour tou.te.s

Un constat s’impose, il est de plus en plus difficile de trouver un logement décent à un prix raisonnable dans Mons. Les causes sont multiples mais nous pensons que les autorités communales actuelles font fausse route : les projets de construction qui sont en cours de réalisation ou en projet ne vont pas résoudre ce problème. Trop de « logements de standing », pas assez de « modestes ». Pour la plupart des habitant.e.s qui sont en recherche d’un logement, les prix de location sont inabordables. Ne parlons même pas d’acheter. L’offre de logements sociaux est insuffisante et ne peut donc pas jouer le rôle régulateur sur le prix des maisons qu’elle devrait avoir.

2 Du travail pour tou.te.s

La clé du problème c’est la situation socio-économique de la région, frappée par les vagues successives de restructurations capitalistes. Les attaques en règle contre la branche « chômage » de la Sécurité Sociale ont aussi abouti, à Mons plus que partout ailleurs, à des exclusions à la pelle. Il y a des tonnes de besoins à satisfaire et tant de gens en inactivité ! Les politiques publiques, y compris au plan communal, doivent viser à mettre un maximum de gens au boulot et à combattre la précarité en proposant des contrats normaux. Une des premières mesures à discuter, la réduction du temps de travail pour le bien-être de tou.tes. Et si la Ville montrait l’exemple ?

3 La culture pour tou.te.s

Nous sortons de Mons 2015 où l’argent public (européen ou wallon) a ruisselé par dizaines de millions sur Mons. Et pourtant les institutions culturelles montoises n’ont jamais été en si mauvaise posture : licenciements au Manège (devenu MARS entre temps), fermeture de la Médiathèque, pauvreté de la programmation culturelle… Les citoyen.ne.s montois ont le droit de se poser la question : « Où est passé l’argent ? »

4 Des transports de qualité pour tou.te.s

La Ville doit repenser totalement sa politique de mobilité. En interne, mais également avec le Borinage. La saturation de la circulation aux heures de pointes est patente et aucune solution n’est mise sur la table par les autorités. Pire, les modes de déplacements alternatifs ne sont que rarement pris en considération. L’accès à la gare en vélo est par exemple un véritable parcours du combattant, mais c’est aussi le cas pour beaucoup d’autres endroits de la ville et surtout pour les communes extramuros. L’abandon de la gratuité des bus dans l’intra-muros est incompréhensible, une bonne perception des amendes pour mauvais stationnement (et surtout l’arriéré de celles non-payées) couvrirait largement le coût pour la ville. On peut aussi s’interroger sur certains investissements au moment de Mons 2015 (parkings du Grand Large…).

Des investissements sont nécessaires dans l’aménagement des voiries, notamment pour la création de voies spécifiques pour les transports en commun et pour les vélos, comme cela se fait dans beaucoup de grandes villes à travers le monde. Il est temps de penser la Ville autrement que sur le quatuor commerce/bagnole/parking/béton. Cette politique du « tout à la bagnole » a aussi un impact sur l’environnement et sur notre santé. La présence dans l’air de particules fines provenant des gaz d’échappement constitue, à moyen terme, un véritable problème de santé publique. On veut vivre en ville, habiter en ville, créer en ville, respirer en ville !

5 La transparence et la démocratie par et pour tou.te.s

La Ville de Mons n’échappe pas à la règle : on est dans le brouillard en ce qui concerne les mandats attribués aux élu.e.s et sur ce qu’ils leur rapportent. On sait seulement que c’est un modèle avec lequel on s’assure des élu.e.s dociles dont on n’entend que très rarement la voix dans les instances communales. On peut d’ailleurs se poser la question : pourquoi ces mandats ne peuvent-ils être exercés par de simples citoyen.ne.s, désigné.e.s par des élections transparentes, contrôlables par leurs mandants et révocables à tout moment ? La démocratie ne se limite pas à aller voter tous les six ans et ensuite à la fermer pendant toute la législature. Nous voulons que les citoyen.ne.s aient leur mot à dire à travers des mécanismes de participation populaire : La démocratie c’est toute l’année, dans sa ville, dans son quartier, dans sa rue…

6 Une commune hospitalière

La ville doit appartenir à toutes celles et ceux qui y vivent. Elle doit combattre toutes les formes de rejets et de discriminations, contre les chômeurs/euses, les sans-abris, les migrant.e.s, les personnes handicapées… Des efforts importants sont aussi à faire dans ce domaine, ne serait-ce que pour assurer aux plus fragiles le respect des droits humains fondamentaux.

Cette liste de thèmes n’est évidemment pas exhaustive. Nous souhaitons en discuter sur un pied d’égalité avec toutes celles et ceux qui pensent pouvoir apporter leur pierre à l’édifice ; et voir comment nous pourrions avancer ensemble pour élaborer une alternative crédible, à la hauteur des enjeux actuels.

Les sondages créditent déjà le PTB d’un très bon score. Nous pensons que la constitution d’une alternative telle qu’esquissée ci-dessus ne peut se faire que dans la diversité. Il ne s’agit pas ici de construire la Gauche anticapitaliste ou de construire le PTB ou quelque autre organisation. Il s’agit de construire un projet de société alternatif au niveau de notre commune. Nous espérons que le PTB sera en capacité de s’ouvrir au dialogue et aux personnes qui militent sur des terrains qui lui sont proches afin de faire gagner la gauche de gauche.

Nous rappelons que c’est l’initiative d’élargir ses listes à la Gauche d’Ouverture (PTB-GO, notamment avec la LCR devenue aujourd’hui la Gauche anticapitaliste) qui lui a permis un premier décollage aux élections législatives et régionales de mai 2014. Fermer la porte une deuxième fois serait dommageable pour toute la gauche et décevant au vu des espoirs que le PTB suscite chez une partie importante des classes populaires. Pour notre part, nous restons totalement convaincu.e.s de la nécessité de l’unité dans la diversité…

Mons le 6 novembre 2017

La section montoise de la Gauche anticapitaliste

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